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Corse : un réseau de proxénétisme devant la justice

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Cinq personnes jugées ce 22 avril par le tribunal judiciaire d'Ajaccio pour un réseau de proxénétisme aggravé à Porto-Vecchio entre 2018 et 2019. Des appartements étaient mis à disposition de prostituées venant du continent et proposant leurs services sur des plateformes de sites d’annonces.

Cinq personnes comparaissent pour un réseau de proxénétisme à Porto-Vecchio Cinq personnes comparaissent pour un réseau de proxénétisme à Porto-Vecchio
Cinq personnes comparaissent pour un réseau de proxénétisme à Porto-Vecchio © Radio France - Paul Ortoli

Russes, originaires d'Amérique Latine, africaines ou européennes.

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Elles étaient environ 30 à 50 sur un réseau de 380 femmes de toutes nationalités, vendant leur corps de manière itinérante. L'un des points de chute de ces femmes était Porto-Vecchio. Et l'organisateur de ce réseau local est, selon l'accusation, Nicolas Vabre, un homme de 52 ans.

L'affaire avait éclaté au grand jour de manière incidente avec une écoute téléphonique captée dans une enquête pour trafic de drogue dans la cité du sel en 2019. Rapidement, les policiers braquent leur projecteur sur cet homme déjà condamné par la justice pour extorsion et suivent de près le manège qui aura duré au total 18 mois.

"Agent immobilier, pas proxénète"

Nicolas Vabre va chercher les femmes à l'aéroport de Figari, les loge dans six appartements, protège "ses filles". Il encaisse les loyers quand ce sont ses logements, mais prend  au passage une commission de 20% quand il sous loue chez les autres. Jamais il ne perçoit toutefois d'argent sur leurs prestations. Il note le tout scrupuleusement dans un registre comptable saisi par la police qui l'arrête avec quatre autres personnes en 2019. "J'étais leur bailleur, je passais du temps avec elles, je les amenais à la plage", se défend Nicolas Vabre, crâne rasé, physique trapu et lunettes fines. Il refuse d'endosser le costume du maquereau. "Je ne suis pas proxénète, je suis agent immobilier" se justifie-t-il.

Cette petite entreprise lui a rapporté 125 000 euros par an. Lui évoque des gains cinq fois inférieurs pour ces locations. Il est également poursuivi pour blanchiment.

Jusqu'à 3 ans de prison requis

Le parquet n'a pas ménagé ses réquisitions, rappelant que dans ce dossier. "Les intérêts financiers sont passés avant les intérêts humains", a regretté la procureure Maxence Pontrucher. Soulevant que le spectre de cette délinquance est désormais une*" prostitution itinérante et logée*" à 90 %, peu enracinée dans la  rue.
Elle a requis des peines allant de l'amende à de la prison ferme.
Le ministère public a demandé 3 ans de prison dont 2 avec sursis et 50 000 euros d'amende contre Nicolas Vabre, 3 ans d'emprisonnement avec sursis contre Harold Duminil. Des peines d'amende ont été exigées par le parquet contre les co-loueurs : 5000 euros à l'encontre de Delphine Vabre et Jean-Yves Castelli; mais la confiscation de l'appartement de Jean-François Terrazzoni a été requise.

La partie civile, représentée par Me Johana Giovanni, au nom de l'équipe d'action contre le proxénétisme a rappelé que ces femmes étaient "avant tout des victimes."

En défense, les robes noires se sont succédé en relativisant les faits, plaidant tantôt la clémence du tribunal, tantôt la relaxe. Me Julia Tiberi, conseil de Jean-Yves Castelli a ainsi rappelé le caractère non défini de la notion de proxénétisme dans le droit. Mais les plaidoiries se sont aussi attachées à la personnalité de prévenus qui n'ont pas la tête de l'emploi. Me Marie-Hélène Casanova Servas soulève que sa cliente, Delphine Vabre est active dans une association. Me Romain Giraud signale que son client Harold Duminil, toxicomane, était "perdu" et qu'il s'est adonné à cette activité parce qu'il "avait besoin d'argent". In fine, portant la voix de Jean-François Terrazzoni, Me Antoine Vinier Orsetti a plaidé la relaxe pour cet homme dont il faut "redorer le blase et le blason", ce chef d'entreprise disposant de plusieurs appartements qui ne savait pas que l'un d'entre eux était loué à des prostituées. Quant à Nicolas Vabre, le pénaliste a brossé le portrait d'un homme qui n'est pas un proxénète, mais celui d'un loueur tombé amoureux "d'une de ses filles" qui voulait contracter un mariage blanc. Loin de l'image d'Epinal du souteneur de Pigalle...

La peine maximale encourue pour proxénétisme est de dix ans d'emprisonnement et de 1,5 million d'euros d'amende. Le tribunal a mis son jugement en délibéré en date du 21 mai à 13 h 30.

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