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Trésor de Lava :prison avec sursis requise contre les deux "fripons"

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Le ministère public, ce 30 janvier devant le tribunal de Marseille, a requis des peines de prison avec sursis et des amendes contre Félix Biancamaria et Jean-Michel Richaud, poursuivis pour le recel d'un plat en or antique provenant du trésor de Lava. Le tribunal rendra sa décision le 27 mars à 8h30

Le plat issu du trésor de Lava date de 273 de notre ère. Il a été saisi par la police en 2010 Le plat issu du trésor de Lava date de 273 de notre ère. Il a été saisi par la police en 2010
Le plat issu du trésor de Lava date de 273 de notre ère. Il a été saisi par la police en 2010 © Radio France - Drassm

Deux ans de prison et 150 000 euros d’amende ont été requis contre Félix Biancamaria, lors du procès du trésor de Lava ce mardi 30 janvier devant le tribunal correctionnel de Marseille pour "recel et détention de bien culturel maritime". Dix mois d’emprisonnement avec sursis et 15 000 euros d’amende ont été demandés par le procureur Michel Sastre, à l’encontre de Jean-Michel Richaud, l’intermédiaire, selon la police, dans la revente du vestige.

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Cerise sur le gâteau, le parquet a également ajouté une amende douanière solidaire pour les deux prévenus de 800 000 euros, soit la valeur de cette pièce unique datant du IIIe siècle, survivante de la pêche miraculeuse de la crique de Lava. Cette amende douanière n'est pas toutefois recevable car elle n'est pas été présentée de manière contradictoire lors des débats et n'est pas enracinée dans une constitution de partie civile de la douane.

Le ministère public ne ne s’est pas noyé dans la nature même du trésor marin antique, reprenant le mot de l’abbé Grégoire visant les pilleurs des trésors nationaux lors de la Révolution : « Nous sommes en face de fripons, non pas de pirates ou de bandits de grand chemin ». Dans cette affaire, le fil rouge, selon lui, c’est l’appât du gain. « Ils ont pillé, dilapidé des biens qui auraient pu faire la fierté de leur île, », poursuit-il.

"Ce n'est pas une belle histoire, mais un cauchemar"

Comment trancher entre les différentes versions livrées par Félix Biancamaria qui a tantôt découvert le trésor en 1985 lors d’une oursinade avec son frère, Ange Biancamaria et feu Marc Cotoni puis levé le rocher avec le cric d'un char d'assaut AMX-30, tantôt reçu le plat en héritage; tantôt, enfin, trouvé le plat en or sous terre ? « C’est une fable, ce trésor n’est pas une belle histoire, c’est un cauchemar », s’indigne le représentant du parquet,  reconnaissant toutefois la longueur de l’instruction : 14 longues années en raison des commissions rogatoires à l’étranger pour récupérer d’autres pièces en Allemagne, en Autriche, en Belgique ou en Italie.

La défense a plaidé la relaxe pour Jean-Michel Richaud L'un de ses conseils, Me Jean-Charles Vincensini a offert avec beaucoup d'esprit au tribunal une comparaison avec André Malraux, condamné lui aussi pour avoir pillé le site d’Angkor au Cambodge en 1924. A sa suite, Me Marc Maroselll a fait le portrait de son client : "un "flambeur, d'un joueur invétéré, soldant les biens de sa famille pour se refaire et croyant en la "martingale".

"Un flambeur, un inconséquent, pas un mauvais bougre"

Avec la vente du plat de Lava, Jean-Michel Richaud, 68 ans, aurait pu toucher une belle commission et se "refaire"« Oui, il est inconséquent, mais ce n’est pas un mauvais bougre, il est sympathique », enchaine subtilement l’avocat, « Il a 68 ans, mais dans sa tête il a plutôt 18 ans, et c’est le max ». S’étonnant aussi que son client qui n’a pas même tenu le plat en or dans ses mains, a été mis en examen, alors que deux hommes au moins, Paul Mattei et Paul Canarelli ont reconnu l’avoir eu, mais n’ont pas été poursuivis.

Les avocates de Félix Biancamaria, parfois agressives, ont plutôt volé dans les plumes du tribunal. Me Anna-Maria Sollacaro a fustigé une instruction interminable mais aussi des réquisitions déloyales. Son client a été arrêté en gare de TGV de Roissy le 21 octobre 2010 car il essayait de vendre ce plat en Belgique. Mais selon le conseil, ce trésor appartient bien à son inventeur, pas à l'Etat. Me Sollacaro a envoyé au tribunal un argument plus lourd que le rocher qui abritait le plat en or antique : "En droit, on ne pas à la fois être voleur d'un bien et être son receleur".

Une découverte terrestre

Me Amale Kenbib a exploré les méandres de la loi pour détricoter les "manipulations" du département de recherches archéologiques subaquatiques et sous marines: "C'est un trésor terrestre et non pas marin qui ne rentre pas sous le coup de la loi de 1989". Dans la salle, des avocats de la partie civile attendent aussi que l'on rende des pièces de monnaie à des collectionneurs qui les avaient acheté de bonne fois.

L'audience qui a duré deux jours n'a pas permis de lever le voile sur l'un des plus grands trésors antiques, évalué à 100 millions d'euros, composé de 1400 pièces et du plat auquel il manque toujours son médaillon où est gravé le nom de celui qui l'a fait fondre : l'empereur Gallien.

Le tribunal a mis le jugement en délibéré en date du 27 mars 2024 à 8h30.

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