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A l'hôpital de Quimper, "on tient au jour le jour"

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A la moitié de l'été, l'heure est au premier bilan dans les hôpitaux bretons. Avec la loi Rist, qui plafonne les salaires des médecins intérimaires, beaucoup avaient des inquiétudes pour remplir les plannings cet été. A Quimper, pas de fermeture, mais des situations tendues.

A la mi-été, la situation à l'hôpital de Quimper est encore tendue A la mi-été, la situation à l'hôpital de Quimper est encore tendue
A la mi-été, la situation à l'hôpital de Quimper est encore tendue © Radio France - Jean-Michel Le Ray

Dans les hôpitaux bretons, l'été est toujours à part. "Il y a des personnels de santé qui partent en vacances, et c'est normal. Puis nous avons beaucoup de touristes, notamment sur le littoral. Donc la tension vient du fait qu'on a un peu moins de ressources soignantes et plus de demandes de soin", dresse Malik Lahoucine, directeur général adjoint de l'Agence régionale de santé en Bretagne.

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Aucune fermeture de lit...

C'était l'une des principales occupations, et la réponse est plutôt positive. "Par rapport à l'année dernière, où l'on a subi des fermetures de lits intempestives au courant de l'été, pour l'instant, l'hôpital garantit des ouvertures de lits. Il n'y a aucun service qui ferme" admet Loïc Le Houarneur, secrétaire général CGT du Centre hospitalier de Quimper.

Un constat partagé par Malik Lahoucine. "On voit qu'il y a un peu moins de fermetures de lits parce qu'on a un peu plus de professionnels paramédicaux qui sont rendez vous."

... mais moins d'urgentistes

Mais la situation ne rassure pas pour autant Loïc Le Houarneur. "On manque de médecins urgentistes. Sur les sept qui devraient être présents, on en a quatre." Un manque de médecin qui chamboule tout un système. Car s'il manque des urgentistes, c'est le SMUR (structures mobiles d'urgence et de réanimation) qui en pâtit. "Ça veut dire qu'on met un médecin urgentiste aux urgences et qu'on n'ouvre pas une ligne de SMUR. Et aujourd'hui toutes les lignes, même s'il y en a deux, sont sur Quimper. Donc, si vous avez un problème à la pointe du Raz, le SMUR part de Quimper et non de Douarnenez" explique le syndicaliste.

Pour pallier ce phénomène, des équipes paramédicales d'urgence (EPMU) ont été mises en place. Mais il juge ça insuffisant. "Ce sont un infirmier anesthésiste et un ambulancier qui se déplacent sur les interventions déclenchées par le SAMU. C'est à dire qu'il y a un médecin en moins." Une décision prise tardivement qui a raccourci les formations.

"Au lieu d'avoir cinq jours de formation, ils n'ont eu qu'une journée. Aujourd'hui, les EPMU ne fonctionnent que grâce à la bonne volonté des agents qui y sont. Il ne faut pas se mentir, si l'hôpital public tient, ce n'est que grâce à la bonne volonté du personnel qui y travaille."

Et la situation inquiète aussi pour la rentrée de septembre. "On sait déjà qu'au mois de septembre, aux urgences de Quimper, il va y avoir des départs de personnels, donc il va y avoir un renouvellement. On ne sait pas encore comment ça va se passer. On tient au jour le jour."

Une loi Rist qui ne passe toujours pas

Cette année, l'hôpital de Quimper a décidé d'employer des intérimaires. Mais la loi Rist, qui plafonne les salaires des médecins intérimaires à 1.390 euros bruts pour une garde de 24 heures, change un peu la donne, et favorise les établissements privés.

"Les médecins vont vers l'intérim parce qu'ils choisissent leur planning, ils savent qu'ils vont bosser tel jour, et le reste, c'est du repos, c'est du loisir, c'est de la famille. Aujourd'hui, l'hôpital ne peut pas garantir ça puisque en effectif minimum, ça impacte la vie extérieure" affirme Loïc Le Houarneur.

Les contraintes trop nombreuses de l'hôpital public contraignent énormément le recrutement de nouveaux personnels. Et la revalorisation des salaires, là aussi, est trop inégale. "On a revalorisé les bas salaires à l'hôpital, ce qui est une bonne chose, on les a alignés sur le Smic. Sauf qu'on a oublié tous les agents qui ont plus de dix ans d'ancienneté. Aujourd'hui, entre un nouvel entrant et un agent qui a dix ans d'ancienneté, il n'y a quasiment pas de différence de salaire."

Un service d'accès aux soins généralisé

C'est l'une des nouveautés de l'été. A partir du 1er août, le service d'accès aux soins va être généralisé. Malik Lahoucine, à l'ARS, le détaille. "On va être la première région en France à pouvoir développer cela, à généraliser le service d'accès aux soins, c'est à dire qu'il n'y a pas un patient dans la région qui va être sans solution. En appelant le 15, la régulation du Samu, un médecin régulateur va vous dire si vous relevez de l'aide médicale urgente. Il va vous orienter vers un service d'accueil d'urgence. Et si vous ne relevait pas de l'aide médicale urgente, il va pouvoir vous orienter vers une offre de soins en ville."

Pour les personnes n'ayant pas de médecin traitant, une solution existe. "On vous orientera vers un professionnel qui s'est signalé sur une plateforme pour dire qu'il était libre à tel moment dans la semaine pour des soins non programmés." Le but est simple, "apporter le juste soin, au bon moment, et au bon endroit".

Mais là encore, le syndicat n'y voit pas une solution durable. "Les limites de ce système, ce sont les moyens qu'on lui donne. Il ne faut pas oublier le mouvement de grève des médecins régulateurs pour dénoncer les conditions de travail, les quantités d'appels. S'il y a une surcharge d'appels, ça sera inefficace, et ça peut retarder une prise en charge vitale" affirme Loïc Le Houarneur.

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