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JO 2030 : "On vend du rêve, du ski mais dans un monde qui fond", selon l'association Mountain Wilderness

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Les présidents d'Auvergne Rhône-Alpes et Sud (PACA) déposent ce mardi 7 novembre au CIO leur candidature commune pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver en 2030. Pour l'association, Mountain Wildernes, membre de "No JO", on se tourne vers le passé avec ce projet.

L'épreuve de sprint en ski de fond aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018. (photo d'illustration) L'épreuve de sprint en ski de fond aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018. (photo d'illustration)
L'épreuve de sprint en ski de fond aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018. (photo d'illustration) © Maxppp - Yonhap News Agency

La candidature de la France pour les JO d'hiver en 2030 dans les Alpes, c'est "vendre du rêve en faisant du ski, mais dans un monde qui fond", regrette Fiona Mille, la présidente de l'association Mountain Wilderness, invitée de France Bleu Pays de Savoie mardi.

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"Avec la crise écologique, et ce projet de Jeux olympiques, on se tourne vraiment vers le passé"

Les présidents (Renaissance et LR) des régions PACA et Auvergne-Rhône-Alpes déposent mardi une candidature commune devant le Comité international olympique (CIO) pour organiser les Jeux olympiques d'hiver en 2030 dans les Alpes. Les Alpes ont déjà accueilli les JO à trois reprises : à Chamonix en 1924, à Grenoble en 1968 et à Albertville en 1992. Mais cette fois, "on se pose vraiment la question de quel sera le sens, et même l’utilité des Jeux olympiques en 2030, se demande Fiona Mille, la présidente de l'association Mountain Wilderness. Avec la crise écologique, et ce projet de Jeux olympiques, on se tourne vraiment vers le passé, vers un événement international qui n’aura sans doute plus de sens en 2030, plutôt que se tourner vers l’avenir".

La Suisse et la Suède face aux Alpes françaises

Les promoteurs du dossier français se sont décidés au cœur de l'été, rapporte le service des Sports de Radio France. La France est en concurrence avec la Suisse et la Suède et ses défenseurs assurent que ce seront des jeux "sobres" et "respectueux de l'environnement". "L’esprit de l’olympisme a été marqué et sans doute un peu aussi affaibli par le gigantisme, par des milliards d’euros d’infrastructures", rappelle le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. Il promet que les JO de 2030 seront plus écologiques. "Ça se traduit de façon très concrète par l’ambition pour nous de réutiliser toutes nos infrastructures", explique l'élu.

"Il faut vraiment repenser notre manière de faire des événements sportifs, de faire des événements festifs, dans nos territoires de montagnes, plaide Fiona Mille. Même d’un point de vue symbolique, ces JO sont un contre-sens. On va être en 2030, on va faire rêver en faisant dévaler des pistes de ski et au même moment, on aura des stations qui vont fermer par manque de neige. C’est tout un imaginaire qu’on transmet avec les Jeux olympiques, qui vont sûrement provoquer beaucoup de déceptions, parce qu’on vend du rêve en faisant du ski, mais dans un monde qui fond."

"On n’a vraiment pas besoin des JO"

L'association Mountain Wilderness fait partie du collectif No JO. "Est-ce que l’essence-même des JO d’hiver en montagne est encore durable ? Il faut sérieusement se poser la question" interroge Fiona Mille. On n’a vraiment pas besoin des JO pour améliorer les infrastructures. On a besoin d’investir dans une mobilité décarbonée dans l’ensemble des territoires de montagne, n’attendons pas les JO pour investir dans la mobilité, ça c’est une urgence".

Le projet de JO en 2030 est évalué à 1,5 milliard d'euros, rappelle le service des Sports de Radio France. Le ski alpin irait à Val-d'Isère, le biathlon au Grand-Bornand, le bobsleigh à la Plagne... Mais il faudrait quand même construire une patinoire de 10 000 places et délocaliser à l'étranger les épreuves sur anneau de vitesse.

À l'heure du réchauffement climatique, c'est une hérésie pour le collectif No JO. "On aimerait bien que ces gens-là aient raison, malheureusement, le ski est voué à disparaître par la fin de l’hiver donc plus d’hiver, plus de JO d’hiver et il y a une reconversion à faire vues les catastrophes climatiques qui arrivent, ça va paraître vraiment dérisoire aux gens", pense l'un des fondateurs du collectif, José Pluki.

Selon un sondage commandé par la région PACA, 73% des habitants seraient favorables aux Jeux dans les Alpes en 2030. Mais le collectif No JO réclame lui un référendum. "Il faut un referendum de l’ensemble de la population comme c’est le cas en Suède ou en Suisse, demande Fiona Mille. Ça va structurer l'énergie de nos deux régions pour les sept prochaines années, on a vraiment besoin d’avoir un débat sur ces Jeux olympiques, et même plus globalement sur le devenir de nos territoires, sur les transitions écologiques nécessaires. Quel va être l’avenir des Alpes en 2030 ?"

Après le dépôt du dossier mardi, les élus passeront un grand oral le 21 novembre pour savoir si la candidature française est retenue. Le CIO rendra sa décision finale fin 2024.

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