Un train pour relier Bordeaux à Lacanau en 45 minutes en 2030

"Parfois, je mets quasiment deux heures pour rentrer", soupire Malo. Tous les jours, ce lycéen à Bègles fait le trajet en bus, aller et retour. Ce train, il espère qu’il sera plus flexible et plus rapide. "Là, il est 18h, c’est le dernier bus avant celui de 20h. Si je le rate, je ne suis pas chez moi avant 21h30", explique le jeune homme de 17 ans. Sans compter les nuits plus courtes et les devoirs à faire à la maison.

Un sentiment partagé par Julia, designer. Elle travaille à Paris et se rend trois fois par semaine à Bordeaux. La route depuis Lacanau, elle la connaît par coeur : "C’est une ligne droite !". Elle met plus d’une heure à la traverser. "J’essaye d’éviter de partir aux heures de pointes. Mais même comme ça, il y a du flux."

Parfois, pour traverser la route départementale 1215, et relier Lacanau Océan à Bordeaux, il faut près de deux heures. Alors que le trajet ne fait que 40 kilomètres. La faute aux 15.000 véhicules qui circulent sur cet axe quotidiennement.

Et c’est une des raisons qui a poussé Laurent Peyrondet, le maire de Lacanau, à relancer le projet d’une ligne ferroviaire. Relancer, parce que un train circulait bien entre les deux villes, jusqu’en 1954, pour les voyageurs. En 2019, plus de soixante ans plus tard, avec quelques élus entre le littoral et Bordeaux, ils convainquent la Métropole d’étudier à nouveau le projet. Ensemble, ils engagent A’urba qui doit conduire une étude de faisabilité en 2024.

"45 minutes porte à porte"

"La ligne ne suivrait pas l’ancienne voie, qui est devenue une piste cyclable. Elle suivrait le tracé de la route départementale", souligne Stéphane Delpeyrat-Vincent, maire de Saint-Médard-en-Jalles et lui aussi porteur du projet. "Ça devrait nous permettre de diviser le temps de trajet par deux. Le train circulerait à 90 km/h, donc on mettrait 45 min porte à porte."

Une initiative qui coûte près de 200 millions d’euros. Et prévue pour l’horizon 2030. Mais qui devrait vite être rentabilisée : le ticket coûterait environ six euros, et un million de voyageurs circuleraient chaque année. «"Le coût pour les salariés qui doivent se rendre tous les jours à la métropole et revenir est très élevé. Cette alternative leur coûterait beaucoup moins chère et serait plus verte", ajoute Stéphane Delpeyrat-Vincent.

Tram-train ou nouvelle gare ?

Pour l’instant, deux scénarios sont encore envisagés. Un tram-train capable de circuler sur les deux types de rail ou une gare à Eysines, avec une correspondance entre le tram et le train. Soit électrique, soit hydrogène. Deux ressources vertes, qui pourrait réduire de près de six fois les émissions de Co2 sur le trajet.

Attirer de nouveaux habitants

Cette nouvelle ligne de train devra aussi permettre de désenclaver les communes entre le littoral et Bordeaux. "Chaque année, la Gironde accueille 20.000 habitants, expose Laurent Peyrondet, et la moitié s’installe sur les zones rurales." Il espère que cette ligne permettra à Lacanau, de devenir "une ville de demain". "On est une terre d’accueil, mais il faut comprendre que 70 % de nos habitants travaillent dans la métropole. Un train, ça leur faciliterait la vie et ça nous permettrait de nous développer et d’attirer davantage de petits commerces".

Reportage réalisé par les étudiants de l'ijba, l'institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine.