Un chantier à 53,5 millions d'euros pour la ligne ferroviaire du Doubs qui relie Besançon à la Suisse

Si vous êtes passé à proximité de la gare de la Mouillère à Besançon, cela ne vous aura pas échappé : il n'y a plus de rails sur la voie ferrée ! Depuis le 4 mars et jusqu'au 31 octobre, pendant huit mois, plus aucun train ne circule en raison des travaux de modernisation de la ligne de Horlogers, entre Besançon et Le Locle/Col des Roches en Suisse.

Un chantier complexe

22 km de rails (sur 75) sont renouvelés sur cette deuxième phase de travaux. Coût total : 53 millions d'euros, financés par la Région Bourgogne Franche-Comté, l'Etat et SNCF Réseau. Ce chantier titanesque fait travailler au quotidien 75 personnes de 28 entreprises au total, auxquelles s'ajoutent 13.600 heures d'insertion. Et il est très complexe selon Céline Fieux, responsable maîtrise d'ouvrage à la Direction territoriale BFC de SNCF Réseau : "C'est une ligne de montagne, très sinueuse, détaille-t-elle. Elle a des rampes importantes, donc les trains-travaux ont aussi des difficultés parfois à monter. Il faut déployer des moyens supplémentaires".

Six tunnels mis aux normes

A cela s'ajoute des conditions climatiques difficiles, "d'ailleurs il a neigé il y a quelques jours et encore cette nuit, poursuit Céline Fieux. On rénove quasiment une trentaine d'ouvrages avec des ponts ferroviaires métalliques, des ponts routes, des tunnels qu'on met aux nouvelles normes de sécurité". Et ce n'est pas tout, puisque la voie est unique, "donc, explique la maître d'ouvrage, il n'y a qu'une seule voie pour engager d'abord les trains qui font les renouvellements de voies." Lors de ce chantier, les gares de Besançon/Mouillère et de Saône seront aussi mises en accessibilité.

La ligne des Horlogers, une ligne de vie

La coupure totale de la ligne est néanmoins un mal nécessaire selon Maxime Chatard, directeur territorial SNCF Réseau en BFC. "Cette ligne, dit-il, qui est une ligne de vie pour le territoire, permet aux gens de se déplacer, soit pour leurs activités professionnelles, leurs études, ou pour leurs loisirs. C'est extrêmement important pour l'attractivité du territoire, pour sa vitalité."

Il y avait urgence

Une première phase de travaux, réalisés entre 2019 et 2021, a déjà eu lieu. Elle avait permis la rénovation de 35 des 75 km. "Donc, poursuit Maxime Chatard, vous voyez qu'il était nécessaire d'intervenir puisque les composants de la voie qui sont traités dans le cadre de cette opération 2024 ont en moyenne entre 70 et 90 ans. Il y avait urgence à agir pour permettre aux trains de continuer à circuler."

La Direction de SNCF Réseau se dit "consciente de la gêne occasionnée" lors de chantiers comme ceux-ci. Mais "quand il y a des travaux, c'est que demain il y aura du train. Fin octobre le train va revenir sur cette ligne très importante, vitale pour l'attractivité du territoire", insiste Maxime Chatard.

Besançon/Valdahon saturé

Du côté de la Région BFC, qui finance les travaux à hauteur de 66%, on se félicite de ce chantier sur cette ligne des Horlogers que le conseil régional il y a vingt ans s'apprêtait à fermer. Et que Raymond Forni (président de la Région Franche-Comté en 2004) a maintenu. Marie-Guite Dufay, présidente de la Région BFC, qui a bien conscience - dit-elle - du besoin des usagers sur cette ligne, en particulier entre le premier plateau et Besançon. "Si on maintient cette ligne en état, ça veut dire qu'on va pouvoir, à terme, travailler à renforcer les trains qui - aujourd'hui - sont saturés" explique l'élue.

Un TER de plus?

Marie-Guite Dufay indique que "la réflexion est engagée" surtout sur l'axe Valdahon/Besançon et qu'"il est possible qu'il y ait un train plus tôt le matin qui puisse être mis en place". Mais la concertation sera approfondie une fois les travaux terminés, donc au-delà du 21 octobre 2024. L'axe Besançon/Valdahon, mais aussi Morteau/Le Col des Roches, Le Col des Roches/Neuchâtel (Suisse), où la discussion est en cours avec les Suisses selon la présidente.

Pour palier l'arrêt de la ligne SNCF, une quarantaine de bus de substitution ont été mis en place ainsi que des taxis à la demande selon la Région.