POLT : dans des wagons "vétustes et hors du temps" les Limougeauds déplorent le retard de livraison des nouvelles rames

"Trop c'est trop !" C'est le coup de gueule poussé ce lundi par l'association Urgence POLT, après l'annonce d'un nouveau retard de livraison pour les nouvelles rames de train destinées à cette ligne POLT, entre Paris, Orléans, Limoges et Toulouse. Le constructeur a détecté récemment des problèmes de fonctionnement du moteur et des freins, lors de tests sur ces rames Oxygène. Initialement annoncées pour 2023, puis victimes de plusieurs reports, les premières ne seront finalement mises en service qu'à partir de 2026 et jusqu'en 2027.

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Des voyageurs dépités et fatalistes

Pour Jean-Claude Sandrier, le président d'Urgence POLT, "on est dans l'amateurisme le plus pur, car quand on construit un train, la première chose dont on se préoccupe c'est justement la qualité des freins et que le moteur puisse fonctionner, donc on est totalement outrés." Un sentiment partagé par les voyageurs rencontrés ce lundi sur le quai de la gare de Limoges, car ils vont donc devoir patienter encore pour profiter des nouvelles rames. En attendant, Dominique embarque donc, dépitée, dans un wagon "dans un état lamentable, c'est un peu triste."

Tous les passagers réguliers déplorent également la "vétusté" des rames, à l'image de Luc, qui se rend à Paris pour son travail. "C'est très ancien, pas confortable et le wifi est de très mauvaise qualité. C'est hors du temps, ce n'est pas digne de 2024, c'est des rames qui ont 50 ans de retard !" Cinquante ans, c'est d'ailleurs quasiment l'âge de ces rames, qui devront malgré tout tenir encore deux ou trois ans, si les nouveau délais sont respectés, ce dont doutent les voyageurs les plus fatalistes.

Des rames de TGV pour patienter ?

Face à cette situation "inadmissible", l'association urgence POLT demande des rames TGV pour compenser, en attendant la livraison des nouvelles. Une demande que la CGT cheminot a également adressée à la SNCF. Selon Loïc Couderc, secrétaire général du syndicat à Limoges, si on sait où chercher, on peut facilement en trouver.

"Nous on prend l'exemple de l'Espagne, où la SNCF s'est implantée pour faire la concurrence sur le marché espagnol. On pourait très bien imaginer que ces rames ne soient plus utilisées en Espagne mais qu'elles reviennent sur le marché français, mais la réponse de la SNCF est claire, c'est que le marché est libéralisé et qu'il faut s'implanter dans d'autres pays. Au détriment des territoires évidemment."

Le ministre des transports appelé à s'en mêler

Anne, également rencontrée sur le quai de la gare de Limoges, a vraiment du mal à digérer cette situation. "La ligne se dégrade, mais les prix augmentent, c'est paradoxal. Si effectivement on ne paye pas trop cher, on peut attendre, comprendre, mais si on paye aussi cher, ce n'est pas normal." L'association Urgence POLT réclame d'ailleurs des billets moitié prix jusqu'à l'arrivée des nouvelles rames.

Elle en appelle aussi au ministre des Transports, pour "qu'il impose à l'entreprise CAF de mettre en œuvre les moyens humains et techniques nécessaires, en qualité et en quantité, afin de se conformer dans des délais plus courts, au cahier des charges auquel ils doivent répondre impérativement, sous réserve de pénalité".

Des interruptions prévues pour travaux

L'association tiendra un conseil d'administration extraordinaire le 25 mai, pour faire le point sur tous les problèmes de la ligne POLT, qui pourrait aussi être coupée en journée pendant six mois l'année prochaine entre Orléans et Paris, avec trois aller-retours supprimés de mi-août 2025 à janvier 2026. Elle demande à l'État de faire pression sur la SNCF pour trouver d'autres solutions.

Autre sujet d'inquiétude : la ligne ferroviaire Limoges-Poitiers va aussi fermer pour des travaux à partir de fin 2024, pour 18 mois. Ces deux chantiers vont donc se chevaucher et priver les voyageurs d'un "plan B” pour les trajets entre le Limousin et Paris, lorsque la ligne POLT sera interrompue.