"Une décision injuste", colère contre le nouveau système des tarifs de l'aide à domicile dans les Deux-Sèvres
Un collectif d'associations d'usagers en situation de handicap a écrit à la présidente du Département des Deux-Sèvres pour alerter sur le problème du reste à charge à la suite de la tarification libre des aides à domicile mise en place au 1er mars 2023.
Dans les Deux-Sèvres, un collectif d'associations d'usagers en situation de handicap dénonce la décision du Département de changer le système de tarification des services d'aides à domicile. Depuis le 1er mars 2023, la collectivité a mis en place un tarif unique pour permettre aux différents services de proposer une tarification libre à leurs bénéficiaires. Objectif selon le Département : renforcer la viabilité des services d'aide à domicile. Sauf que cela génère un reste à charge pour les personnes en situation de handicap.
Pour Sandra, maman d'un jeune homme de 25 ans atteint d'une maladie génétique, ça représente "503 euros par mois". Cette habitante d'Usseau a décidé de ne pas payer les factures, elle qui a renoncé à l'aide à domicile le dimanche. "Cette décision est injuste. Nous, parents, on va devoir rester avec nos enfants, pas pouvoir prendre du temps pour nous et nous, aidants, on est fatigués, épuisés, on n'en peut plus". Pour Mélanie, en fauteuil, la moitié des heures sont passées à la trappe. "Je le vis mal parce que je me sens un peu exclue. Je n'ai plus personne l'après-midi. S'il m'arrive de tomber, je peux rester deux heures par terre".
"On a l'impression que le Département il s'en fout royal"
Frédéric, son mari, se dit "en colère. Ma femme n'a pas demandé à être malade et on a l'impression que le Département s'en fout royal". Le quotidien pour ce couple, "on calcule, on fait gaffe à nos comptes. Le projet qu'on avait d'une voiture équipée pour mettre le fauteuil de ma femme tombe à l'eau parce que je ne peux plus mettre d'argent de côté", regrette cet habitant de Thénezay. "Le reste à charge peut aller de 100 à 1000 euros. Ça ne favorise pas du tout le maintien à domicile, le virage inclusif voulu par les pouvoirs publics, bien au contraire", déplore de son côté Bénédicte Seyler, directrice de l'APF France Handicap dans les Deux-Sèvres. Elle regrette aussi une décision prise "sans concertation".
Un accompagnement pour les personnes en difficulté
Sur son site internet, le Département indique qu'avant, des tarifs hétérogènes étaient fixés pour chaque service d’aide et d’accompagnement à domicile, en fonction de bases historiques et du taux directeur, déconnectés de la qualité du service rendu à l’usager. Sylvie Renaudin, conseillère départementale chargée de l'autonomie et vice-présidente de la MDPH, la maison pour les personnes en situation de handicap, défend donc cette réforme. "Il fallait valoriser le personnel. Ces personnes interviennent à domicile, que ce soit du lundi au dimanche, donc ça a une valeur cette activité. Je souhaite une équité de l'ensemble des services d'aide à domicile de manière à ce qu'il puisse continuer des prestations qui sont attendues de la part des usagers. Le maintien à domicile, mais dans de bonnes conditions".
Elle invite les personnes qui sont en difficulté pour assumer l'augmentation tarifaire à prendre contact avec les assistantes sociales. "Chaque dossier est regardé et ensuite, un diagnostic est fait avec l'usager pour voir comment on peut l'accompagner financièrement sans pour autant qu'il vienne à diminuer son plan d'aide", veut rassurer l'élue.
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