Une unité de soins dédiés aux patients sourds s'installe à Caen, une première en Normandie

Deux fois par semaine, le mardi et le vendredi, la médecin généraliste Marie Aubrillon reçoit des personnes sourdes et malentendantes en consultation, venues de toute la région Normandie. Arrivée de Grenoble début septembre, elle a spécialement été recrutée pour faire partie de l'Unité d'Accueil et de Soins pour patients Sourds (UASS), ouverte à la Clinique Miséricorde de Caen au début du mois. Une vingtaine d'unités de ce genre existent en France, mais c'est une première en Normandie.

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"De nombreuses associations réclamaient la création de cette unité depuis des années. En général, le patient sourd est toujours obligé de s'adapter aux soignants. Ici, c'est l'inverse. Nous nous adaptons au patient sourd, et nous réalisons la consultation en langue de signes", explique le docteur Marie Aubrillon, qui signe elle-même. Lors d'un rendez-vous, elle peut être accompagnée par une interprète, Mathilde Hardy, et par une intermédiatrice sourde, Christine de Groulard, qui utilise son expérience personnelle pour s'assurer que le patient comprend le message du médecin. "Trop souvent, les personnes sourdes font semblant de comprendre ce que dit le médecin, disent "oui oui", par lassitude", déplore Christine de Groulard, intermédiatrice à l'UASS.

Encore beaucoup de travail

Quand les personnes sourdes se rendent à l'hôpital ou chez le médecin sans interprète, l'expérience est forcément très compliquée, et exclusive. "Quand une personne sourde lit sur les lèvres, elle comprend 30 % du message en moyenne, dans de bonnes conditions. Et à l'écrit, la syntaxe n'est pas la même qu'en langue des signes. Donc il peut vite y avoir de l'incompréhension ou des mauvaises interprétations", explique Marie Aubrillon. Par ailleurs, sans interprète, les personnes sourdes sont souvent obligées de venir en consultation avec un proche, ce qui ne garantit pas le secret médical.

"Je suis aide-soignante, et pourtant, quand j'ai eu à me rendre à l'hôpital, mon cœur battait à 100 à l'heure, car je ne comprenais pas ce qu'il se passait. On voit encore beaucoup trop de patients, en soins palliatifs, en salle d'accouchement par exemple, qui sont totalement exclus et perdus, car tout se passe à l'oral et ils ne comprennent pas ce qu'il se passe. Ce n'est pas normal. La loi juge que tout le monde doit comprendre ce qu'on lui dit sur sa santé, mais dans les faits, ce n'est pas le cas. Il faut que ce genre d'unité se généralise", témoigne Christine de Groulard*.*

Les membres de l'Unité peuvent également intervenir dans les différents services de la Clinique Miséricorde, en cas d'urgence ou sur rendez-vous, pour rendre le parcours de soin plus inclusif. La prise de rendez-vous avec l'équipe de l'UASS se fait à l'accueil de la Clinique, par mail à l'adresse accueil.sourds@fondation-miséricode.fr ou par SMS au 07 89 22 61 02.