Arrêts maladie : un médecin de Belfort épinglé pour "complaisance"
Le Dr Luc Griesmann fait désormais fait partie des trois médecins du Territoire de Belfort qui doivent faire valider leurs arrêts par la Caisse primaire d'assurance maladie. Procédure qui se développe dans le cadre de la chasse aux "arrêts de complaisance" lancée par le gouvernement cet été.
Le Dr Luc Griesmann étale sur son bureau les courriers échangés avec la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). D'après l'organisme, il fait partie des médecins qui ont "un volume de prescriptions atypique" d'arrêts de travail. Il en prescrirait deux fois plus que le groupe de médecins servant de référence. Il doit désormais justifier ses arrêts auprès du médecin-conseil de la CPAM, qui peut les valider ou non. Le Dr Griesmann dénonce une démarche "humiliante".
Cette procédure s'est développée cet été, après que le gouvernement a déclaré vouloir faire la chasse aux "arrêts de complaisance". Les syndicats de médecins avaient alors dénoncé une "chasse aux sorcières". Le Dr Luc Griesmann reconnaît "peut-être même pas dix arrêts par an" pouvant entrer dans cette catégorie. Selon lui, certains cas le justifient, comme "une mère de famille qui n'a plus de congés parentaux" quand son enfant est malade.
Trop d'arrêts...par rapport à qui ?
"Les statistiques, c'est comme le bikini, ça ne cache que l'essentiel", lance le Dr Luc Griesmann. Il remet en question le groupe de médecins auquel le compare la CPAM, pour évaluer la quantité d'arrêts maladie qu'il délivre. "Dans cet échantillon, si vous me mettez 25% de pédiatres et 25% de gériatres, c'est sûr que je vais être au double de la chose !"
La directrice de la Caisse primaire d'assurance maladie du Territoire de Belfort, Helga Goguillot, défend cette méthode de comparaison. "On le compare à des médecins généralistes avec la même patientèle et dans une même zone géographique", détaille-t-elle. "On voit bien qu'il peut y avoir une différence entre une zone rurale, une zone urbaine ou des quartiers sensibles".
Comment la CPAM contrôle-t-elle les médecins ?
La CPAM étudie en permanence la quantité d'arrêts de travail prescrits par les médecins. Si elle apparaît plus élevée que le groupe de référence, ils convoquent le praticien pour lui permettre de s'expliquer. S'il ne parvient pas à justifier cet écart, l'organisme lui propose une "Mise sous objectif" (MSO). C'est à dire un accompagnement pour l'aider à prescrire moins d'arrêts, en les remplaçant par des mises en invalidité par exemple. Si le médecin refuse la MSO, il passe en "Mise sous accord préalable" (MSAP). Il doit alors faire valider ses arrêts par le médecin-conseil de la CPAM, qui peut appeler les patients et leur poser des questions.
Le médecin-conseil de la CPAM peut aujourd'hui contrôler les arrêts délivrés par trois médecins dans le Territoire de Belfort, sans rencontrer leurs patients. "Avant, les assurés concernés étaient systématiquement convoqués pour une visite auprès du médecin-conseil, maintenant c'est un examen sur pièces", précise Helga Goguillot. Une médecine à distance que dénonce aussi le Dr Griesmann. Il envisage de contester sa MSAP au Tribunal administratif.
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