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Journée mondiale sans tabac : "On n'est pas tous égaux devant la dépendance"

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En cette journée mondiale sans tabac, une médecin addictologue de Quimper délivre ce mercredi ses conseils pour réussir à arrêter de fumer, un défi difficile.

Femme fumant une cigarette (illustration) Femme fumant une cigarette (illustration)
Femme fumant une cigarette (illustration) © Radio France - Nathanael Charbonnier

Le nombre de fumeurs ne diminue plus depuis quatre ans, près d'un tiers des 18-75 ans fume, et pour près d'un quart c'est tous les jours selon Santé publique France. L'arrêt du tabac est très difficile. "Il est bien plus dur de se débarrasser de la nicotine que de l’alcool, de la cocaïne ou des opiacés", estime d'ailleurs le Comité Nationale contre le Tabagisme. "Les taux de réussite de sevrage à 6 mois sous placebo dans des essais randomisés sont de 47 % pour la cocaïne, 44 % pour les opiacés, 18 % pour l’alcool et seulement 8 % pour la nicotine."

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Pour en parler, Catherine Breuilly Leveau, addictologue et responsable du service tabacologie de l'hôpital de Quimper-Concarneau, était l'invitée de France Bleu Breizh Izel ce mercredi.

France Bleu Breizh Izel : Mois sans tabac, journée mondiale sans tabac, est-ce que des journées comme ça peuvent être un déclic ?

Catherine Breuilly Leveau : Ça fonctionne parce que ce sont des moments où on rencontre des professionnels, où l'autre peut nous stimuler en racontant. Ça fonctionne par l'émulation collective. Les mois sans tabac fonctionnent, la Journée mondiale sans tabac, c'est une seule journée, mais on peut faire des expériences. Une journée d'expérience qui donne envie de continuer dans l'arrêt du tabac.

Il n'y a pas de méthode miracle. Mais il y a des méthodes qui sont plus faciles que de plus efficaces que d'autres pour arrêter de fumer ?

Les méthodes validées, c'est de se faire accompagner. C'est difficile d'arrêter de fumer seul et la substitution nicotinique : des patchs, les formes orales de nicotine, les pastilles, les sprays, les gommes à mâcher, l'inhaleur, qui sont tous remboursés sauf l'inhaleur. Ce n'est pas une cigarette électronique, l'inhaleur, c'est un dispositif médicamenteux qui ressemble à une petite cartouche. Il n'y a pas de fumée, il n'y a pas de combustion, il n'y a pas de vapeur d'eau non plus, mais il délivre des micro-gouttelettes de nicotine. On peut l'utiliser dans les chambres d'hôpitaux.

Ça permet d'avoir sa dose de nicotine et d'être maître de son arrêt, de la diminution de la nicotine dans son organisme ?

La substitution nicotinique permet de venir calmer les signes de sevrage et même normalement, de les prendre complètement en charge. Quand on arrête de fumer, une des raisons de difficulté est la sensation de manque physique : des envies très fortes, mais aussi être irritable avec son entourage, avoir des envies très fortes, de manger du sucre, parfois de prendre du poids, d'être parfois très triste. Tous ces signes de manque peuvent être corrigés par la prise de substituts. Les formes orales viennent s'associer aux patchs, elles ne se prennent pas seules sauf chez les petits fumeurs.

Certains affirment qu'ils ont arrêté de fumer du jour au lendemain, d'autres n'y arrivent pas. Sommes-nous tous égaux devant la dépendance à la nicotine ?

Non, bien sûr. On n'est pas tous égaux face à la dépendance. Il faut aussi se rassurer, ne pas culpabiliser. Les gens qui ont arrêté de fumer seuls sont très rares. Arrêter de fumer seul, c'est entre 3 et 5 % de réussite, et quand on est suivi par un professionnel formé à l'addictologie et à la tabacologie, c'est entre 25 et 30 %. C'est une dépendance très forte qui n'est pas la même quand on a 50 ans et qu'on fume depuis 30 ans ou quand on fume depuis cinq ou six ans.

François Braun, le ministre de la Santé, ouvrait la porte il y a quelques jours à un remboursement de la cigarette électronique. Ça irait dans le bon sens pour vous ?

Oui, mais en consultation, normalement, on n'a pas à en parler. Ce n'est pas un dispositif médicamenteux, ça ne fait pas partie des recommandations. Mais on voit bien qu'en pratique, on a de nombreux patients qui utilisent un peu comme une forme orale, en plus de la substitution par patch. C'est un bon outil qui fonctionne parfois, s'il est bien dosé en nicotine pour des patients qui, malgré des efforts répétés pour y arriver, n'y arrivent pas. Ce serait embêtant de s'en passer, c'est un bon outil de sevrage.

Des rencontres avec Catherine Breuilly Leveau ont lieu ce mercredi dans le hall de l'hôpital de Pont l'Abbé, jeudi à Concarneau et Quimper.

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