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"On a perdu toutes nos valeurs", le témoignage-choc d'une infirmière du CHU de Besançon

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Au CHU de Besançon, les services de réa sont remplis mais pas saturés. Deux ans après le début de la pandémie, quelque chose pourtant semble cassé chez les soignants qui se posent beaucoup de questions sur la prise en charge des non vaccinés à l'hôpital. Témoignage d'une infirmière.

Infirmière au CHU de Besançon, Céline (le prénom a été changé) se demande aujourd'hui si elle ne va pas changer de métier. Photo d'illustration. Infirmière au CHU de Besançon, Céline (le prénom a été changé) se demande aujourd'hui si elle ne va pas changer de métier. Photo d'illustration.
Infirmière au CHU de Besançon, Céline (le prénom a été changé) se demande aujourd'hui si elle ne va pas changer de métier. Photo d'illustration. © Maxppp - Abderhamane Soudani

On l'appellera Céline (le prénom a été changé), elle est infirmière depuis de nombreuses années au CHU de Besançon. Dans sa voix, une infinie lassitude, celle de ceux qui se battent depuis deux ans face à la pandémie et qui n'ont plus le soutien de la population ni même celui de leur hiérarchie. Au CHU, les services de réanimation résistent bien face à la 5ème vague du coronavirus, mais un ressort semble cassé chez les soignants face à la prise en charge des patients non-vaccinés. Pour en témoigner, Céline était notre invitée ce lundi matin.

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France Bleu Besançon : faut il prendre en charge les non vaccinés à l'hôpital ? la question n'est plus taboue au CHU de Besançon.

Céline, une infirmière du CHU : On a tellement de gens en face de nous, on se dit "si lui il avait été vacciné, ça nous aurait enlevé de la charge de travail". On est heurté dans nos valeurs, et on se demande comment on est venu à perdre cette valeur fondamentale. On a besoin que les gens nous comprennent pour nous aider, on a besoin des gens.  Ils peuvent nous aider en se prenant en charge en arrêtant de se dire que l'hôpital peut tout faire pour eux, en étant plus  autonomes, le manque de moyens a fait l'usure.

On a perdu la valeur de l'humain", témoigne Céline

Aujourd'hui le personnel est à bout ?

Oui, on fait notre travail mais on ne le fait pas bien, les gens sont devenus des numéros. On a perdu cette valeur fondamentale de notre métier qu'est l'humain.  Aujourd'hui, je me demande si j'ai encore ma place dans ce métier. Untel qui n'est pas vacciné, est-ce que j'aurais la même empathie ? C'est trop pour moi de me poser ce type de questions, on ne devrait pas penser comme ça en tant qu'infirmière mais aujourd'hui, je me demande si je suis encore une bonne infirmière. Ca me fait peur de penser ça. 

Il n'y a plus le même respect pour le travail des soignants ?

Clairement non, aujourd'hui on nous respecte moins, on nous a applaudis hier, aujourd'hui les gens nous en demandent toujours plus et nous remettent en place en disant "c'est ton boulot c'est à toi de faire". A l'hôpital quand je tarde à répondre à une sonnette, on me dit que j'ai pas à prendre le café, alors que parfois j'ai même pas le temps de prendre un verre d'eau. Le respect des gens a changé. J'aime mon métier, je pense être une bonne infirmière mais je n'y arrive plus. 

Changer de métier... Quand j'ai commencé  il y a 13  ans jamais je n'aurais pensé ca, aujourd'hui changer de métier me trotte dans la tête.

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