Commission d'enquête parlementaire : invité de TPMP, le député Quentin Bataillon a-t-il manqué de neutralité ?

A-t-il été trop loin, a-t-il manqué de neutralité en se rendant sur le plateau de l'émission de Cyril Hanouna, "Touche pas à mon poste" sur C8 ? Ou y a-t-il là une stratégie, une bataille parlementaire entre les groupes Renaissance et La France Insoumise ? Quentin Bataillon, député Renaissance de la Loire, est pris dans une tempête médiatique, ce mercredi, et fortement critiqué par la gauche, des titres de presse et sur les réseaux sociaux au lendemain de son passage dans TPMP.

Plusieurs de ses collègues à l'Assemblée pointent un manque d'indépendance et d'objectivité du parlementaire, alors que l'animateur Cyril Hanouna a été auditionné, aux côtés de représentants du groupe Canal+, par Quentin Bataillon, qui préside la commission d'enquête sur les fréquences TNT.

Le député de la Loire voulait faire de la pédagogie en se rendant sur C8, souhaitant "sortir de la chasse aux sorcières, de la chasse aux animateurs, aux journalistes et aux chaînes". Mais plusieurs points de l'interview sont sous le feu des critiques : son tacle à Yann Barthès, le patron de l'émission concurrente, "à l'attitude arrogante" dixit Quentin Bataillon. D'aucun y voient de la complaisance vis-à-vis de Cyril Hanouna, d'autant que Quentin Bataillon a accepté un t-shirt en cadeau de la part de l'animateur de C8.

La présidente de l'Assemblée le recadre

Même la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pourtant du même groupe que l'élu de la Loire, a réagi. Elle s'est entretenue mercredi avec le député Renaissance. Elle a appelé dans un communiqué à "faire preuve de réserve et de discernement dans leurs prises de position et leurs expressions publiques, afin de garantir la sérénité des travaux et la crédibilité des investigations".

Pour l'instant, Quentin Bataillon n'a pas répondu à nos demandes d'interview. Cyril Hanouna et son équipe de l'émission "Touche pas à mon poste" sur C8 sont régulièrement épinglés par l'Arcom, le gendarme audiovisuel, et par la justice, pour des propos ou des séquences diffusés pendant l'émission.

L'équipe de l'émission "Quotidien" réagit

Auditionnés après les équipes de C8, Yann Barthès et les dirigeants de TMC et TF1 ont été entendus par les députés le 27 mars, dans le cadre des auditions de la commission parlementaire consacrée au renouvellement des fréquences de la TNT. Après le passage du député de la Loire chez Cyril Hanouna mardi soir, Julien Bellver, journaliste de l'émission "Quotidien" n'a pas manqué de discréditer les travaux de la commission d'enquête parlementaire, "une vaste farce télévisuelle", dénonçant l'"erreur commise par le député Quentin Bataillon".

Des réactions locales et nationales

Les réactions viennent également des bancs plus à gauches de l'Assemblée : de l'écologiste Benjamin Lucas à l'Insoumis Alexis Corbière. Le rapporteur de la commission d'enquête sur les fréquences TNT tacle également l'élu ligérien : "n'oubliez pas de vérifier si on peut désormais critiquer Vincent Bolloré dans TPMP sans risquer de se faire agresser" écrit Aurélien Saintoul sur X, le député LF1 est lui-même rapporteur de cette commission d'enquête parlementaire sur les fréquences TNT, présidée par Quentin Bataillon.

Louis Boyard, ancien chroniqueur de TPMP devenu député, avec qui il a déjà eu de sérieux différends avec Cyril Hanouna, a dénoncé une "faute professionnelle" et demandé la démission des fonctions du député Quentin Bataillon à la tête de la commission d'enquête parlementaire.

Guillaume Gontard, sénateur de l'Isère, président du groupe des Écologistes au Sénat, explique que pour lui la commission d'enquête "n'a plus aucune valeur".

Le patron du Parti socialiste dans la Loire Johann Cesa demande tout bonnement qu'on retire la présidence de cette commission à Quentin Bataillon, " qui distribue les mauvais points contre Quotidien [l'émission concurrente de TPMP sur TMC], sur le plateau de la chaîne Bolloré, qu'il vient d'auditionner ".