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Conseil municipal chahuté à Cambo-les-Bains sur le projet immobilier Marienia, le maire termine à l'hôpital

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Lors d'un conseil municipal chahuté par l'intervention d'opposants au projet immobilier Marienia à Cambo-les-Bains ce mercredi 10 avril, le maire été projeté au sol à la fin de la séance. Il a été évacué à l'hôpital de Bayonne.

Pendant près de deux heures, les manifestants ont usé de cloches, bâtons et balais afin de perturber le conseil municipal autour du maire Christian Devèze Pendant près de deux heures, les manifestants ont usé de cloches, bâtons et balais afin de perturber le conseil municipal autour du maire Christian Devèze
Pendant près de deux heures, les manifestants ont usé de cloches, bâtons et balais afin de perturber le conseil municipal autour du maire Christian Devèze © Radio France - Yves Tusseau

Tout avait démarré de manière normale à Cambo-les-Bains. Le conseil municipal venait de débuter depuis près de 40 minutes, ce mercredi 10 avril, lorsque moins d'une centaine d'opposants au projet immobilier Marienia se sont invités à la séance dans la salle. Tous étaient réunis sous le nom d'un nouveau collectif : "Laborariak" (agriculteurs, en basque). Munis de bâtons de marche, de balais ou encore de cloches, ils ont fait un maximum de bruit, bloquant la progression de la séance, afin de protester contre le dossier du projet immobilier Marienia.

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Concerts de cloches, bâtons et bousculades

Ce projet consiste en la construction d'une centaine de logements, portée par le promoteur Bouygues, dont la moitié en social en entrée de ville. Une opération réalisée sur des terres aujourd'hui utilisées occasionnellement à des fins agricoles, mais qui, dans les documents officiels, ne sont pas répertoriées comme telles. Devant la situation à la mairie et alors que la gendarmerie était présente, sur le pas de la porte de la salle du conseil, le maire Christian Devèze a fini par suspendre la séance, à 22h10. L'édile a alors tenté de se diriger vers la sortie, accompagné par l'un de ses adjoints, mais un cordon s'est mis en place pour empêcher quiconque de sortir de la salle.

Entre flux et reflux, et alors que la tension est palpable entre les deux camps depuis plusieurs mois, des bousculades sont survenues. Un mouvement de foule a fini par projeter le maire Christian Devèze au sol. Un incident qui a entrainé l'intervention rapide des gendarmes L'édile est resté au sol plusieurs secondes, avant d'être relevé par les forces de l'ordre qui l'ont escorté à la sortie. Finalement, il a été évacué conscient par les pompiers à l'hôpital de Bayonne, afin de passer des examens. Quelques minutes après, aux alentours de 22h30, la première adjointe, Éliane Aizpuru a rappelé tous les élus en salle du conseil, pour leur indiquer le report de la séance à date ultérieure. Elle se tiendra à huis clos. Le maire de Cambo est retourné à son domicile vers 4h dans la nuit de jeudi à vendredi.

La mairie dénonce des "violences et des intimidations"

Dans un communiqué, la Ville a donné des nouvelles de Christian Devèze, qui a passé la nuit en observation à l'hôpital de Bayonne. Au petit matin, l'édile est rentré chez lui, "choqué" par ces évènements. Les élus de la majorité condamnent fermement ces violences et parlent d'une situation inacceptable. Dans ce même communiqué, la mairie dit s'interroger "sur les conditions d'exercice de cette fonction qui aujourd'hui ne peut plus se faire sans violence ni intimidation".

L'équipe municipale va organiser un rassemblement de soutien au maire de la commune. Il aura lieu mardi 16 avril, à 18 heures, sur le parvis de la mairie.

Jeudi 11 avril, 24 heures après les évènements, ni le maire Christian Devèze, ni le nouveau collectif d’agriculteurs "Laborariak", n'ont répondu aux sollicitations d'interview de France Bleu Pays Basque.

La réponse d'ELB et de Lurzaindia

La Confédération Paysanne du Pays Basque (ELB) et l'association de défense des terres agricoles Lurzaindia "regrettent que le maire de Cambo ait été légèrement blessé" mais condamnent ces élus "qui affirment qu'il y a eu une action violente volontaire", ou encore les "amalgames qui ont été faits entre la chute accidentelle de M. Devèze hier soir et les différentes agressions qui sont dirigés vers des élus dans l’exercice de leur fonction". Des agressions qu'ELB et Lurzaindia désapprouvent.

Le syndicat agricole basque et l'association rappellent qu'à de nombreuses reprises, les opposants au projet immobilier Marienia ont sollicité le maire Christian Devèze pour contester le projet, sans succès : "ELB, Lurzaindia et Ostia étaient déjà venus en fin d'année 2023 pour discuter 'démocratiquement' lors du dernier conseil municipal. Demande qui, comme toutes les fois précédentes, n’avait obtenu qu’un refus entêté de Monsieur le Maire."

Le maire reçoit le soutien de plusieurs élus

Mercredi, quelques heures après les évènements, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques s'est fendue d'un communiqué de presse pour "apporter son soutien au maire de Cambo-les-Bains, ainsi qu’à l’ensemble du conseil municipal, dont le bon fonctionnement a été gravement entravé". Julien Charles ajoute condamner "fermement les tentatives d’intimidation subies par les élus de la République, qui ont culminé [...] par une situation de tension entraînant une bousculade et la chute au sol du premier magistrat de la commune."

Le lendemain, le maire d'Anglet a tenu à rappeler "qu'en moins de 6 mois, le Pays basque a été confronté à des tentatives d’intimidation auprès d’élus de la République à Hasparren, Macaye et Briscous". Claude Olive "condamne fermement toute action qui entrave le fonctionnement de notre pays et de notre démocratie, plus particulièrement les actions physiques et menaces envers les élus."

Au conseil départemental, le président Jean-Jacques Lasserre a tenu à condamner "avec la plus grande fermeté les événements inacceptables qui ont émaillé le conseil municipal de Cambo-les-Bains. Quels que soient les sujets d’opposition, il est intolérable de s’en prendre à une personne démocratiquement élue. Ce n’est pas ainsi que nous ferons avancer nos projets et que nous construirons des relations saines dans notre société", a ajouté Jean-Jacques Lasserre qui a aussi apporté son "total soutien" et renouvelé "son amitié à Christian Devèze".

Sur le plan judiciaire et après un premier échec auprès du tribunal administratif de Pau, les opposants attendent encore une décision de la Cour d'appel administrative du tribunal de Bordeaux après leur appel sur la modification du PLU (Plan Local d'Urbanisme), d'ici à fin juin 2024.

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