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Suicide d'Evaëlle dans le Val-d'Oise : un procès pour harcèlement requis contre l'enseignante et deux ados

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Cinq ans après le suicide de la jeune Evaëlle, 11 ans, à Herblay (Val-d'Oise), le parquet de Pontoise a demandé un renvoi en procès pour "harcèlement moral" contre deux adolescents, mais aussi contre l'une des enseignantes de la collégienne.

La jeune Evaëlle, 11 ans, s'était suicidée en 2019. La jeune Evaëlle, 11 ans, s'était suicidée en 2019.
La jeune Evaëlle, 11 ans, s'était suicidée en 2019. © Maxppp - Thibault CHAFFOTTE

Accusée d'"humiliations régulières" ayant "fragilisé le psychisme de l'enfant", une enseignante d'Evaëlle, collégienne de 11 ans qui s'était suicidée en 2019 dans le Val-d'Oise, risque un procès pour harcèlement moral sur mineur, tout comme deux camarades de la jeune fille. En effet, le 12 février dernier, le parquet de Pontoise a requis le renvoi de l'enseignante de français, âgée de 61 ans, et de deux camarades de classe pour harcèlement moral sur mineure, a appris samedi l'AFP, confirmant une information du Monde.

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Si la juge d'instruction suit ces réquisitions - la décision devrait être connue d'ici fin mars - elle sera jugée devant le tribunal correctionnel et les adolescents de 16 ans renvoyés devant un juge pour enfants.

Plusieurs alertes pourtant lancées par ses parents

Evaëlle a mis fin à ses jours à l'âge de 11 ans le 25 juin 2019 dans le pavillon familial à Herblay, en grande banlieue parisienne. L'unique issue qu'elle ait trouvée, malgré le soutien de ses parents, pour échapper au harcèlement qui avait débuté à la rentrée 2018. Elle était en sixième au collège Isabelle Autissier.

Pendant des mois, les parents d'Evaëlle avaient pourtant alerté la direction de l'établissement, puis l'inspection académique, sur le harcèlement dont leur fille était victime de la part de camarades et de sa professeure de français, qui aurait selon eux encouragé ces pratiques. Pour une histoire de cartable trop lourd, un conflit s'était noué avec cette enseignante de français qui avait fait d'elle sa "tête de turc", avaient-ils rapporté peu après le drame.

En février 2019, les parents d'Evaëlle avaient porté plainte contre des élèves et retiré leur fille du collège. Celle-ci était depuis suivie par un psychologue, mais un nouveau comportement violent dans son nouveau collège avait provoqué son passage à l'acte.

Désacraliser "le statut du professeur"

La demande de renvoi, "c'est une très belle avancée, c'est ce qu'on attend depuis le début. Ça montre que c'est pris au sérieux", a déclaré à l'AFP la mère d'Evaëlle. "Ça désacralise le statut du professeur, ça montre qu'il faut aller jusqu'au bout et se faire entendre si possible avant le drame".

Dans son réquisitoire définitif, le parquet estime le "harcèlement moral caractérisé" et que les agissements de l'enseignante envers Evaëlle ont été "un déclencheur puis catalyseur du harcèlement perpétré par les élèves de sixième à son encontre". Ses "humiliations régulières" ont provoqué une "dégradation majeure des conditions de vie" et une "fragilisation du psychisme de l'enfant", est-il écrit dans le document consulté par l'AFP.

Alors que le dossier administratif de l'enseignante, lui, fait état d'une "professeur expérimentée, sérieuse et dynamique", l'enquête brosse un tout autre portrait. La majorité des élèves interrogés ayant rapporté qu'Evaëlle était une cible récurrente de la professeure qui lui criait dessus et l'isolait au fond de la classe.

L'enseignante mise en cause dans une autre affaire de harcèlement

D'ailleurs, son renvoi pour le harcèlement moral de deux autres collégiens à la même période a également été requis. Depuis 2021, elle ne peut plus enseigner à des mineurs et a une obligation de soins psychologiques. 
"Je ne suis pas surprise de la position du parquet de Pontoise qui est dans son rôle d'accusation. Je conteste fermement les faits qui me sont reprochés. Je regrette que l'enquête et l'instruction aient été menées à charge", a réagi auprès de l'AFP l'enseignante.

L'Education nationale a par ailleurs indemnisé la famille au titre du préjudice moral, selon le rectorat de Versailles, en échange de l'abandon d'éventuelles poursuites envers l'État.

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