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Procès de Monique Olivier : les derniers secrets du tueur en série Michel Fourniret dévoilés ?

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Faire la lumière sur les meurtres de Joanna Parrish, de Marie-Angèle Domèce et d'Estelle Mouzin, c'est l'un des enjeux du procès de Monique Olivier, l'ex-compagne du tueur en série Michel Fourniret qui s'ouvre ce mardi 28 novembre aux assises des Hauts-de-Seine.

Monique Olivier et Michel Fourniret s'étaient retrouvé pour une reconstitution en 2008 Monique Olivier et Michel Fourniret s'étaient retrouvé pour une reconstitution en 2008
Monique Olivier et Michel Fourniret s'étaient retrouvé pour une reconstitution en 2008 © Getty - Franck Crusiaux

Le tueur en série Michel Fourniret, mort en mai 2021, a-t-il emporté tous ses secrets dans sa tombe ? Cette question, les familles des victimes du couple qu'il formait avec Monique Olivier, se la posent encore, des dizaines d’années après les crimes. Et le procès qui s’ouvre ce mardi 28 novembre à Nanterre est comme l’épilogue d’années de questions sans réponses. Pour la première fois, c’est seule que Monique Olivier se présentera devant des jurés de cour d’assises ce 28 novembre 2023. À Nanterre, elle doit répondre de complicité dans trois affaires : l’enlèvement d’Estelle Mouzin en 2003, et les enlèvements et les meurtres de Marie-Angèle Domèce en 1988 et de Joanna Parrish en 1990.

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Au-delà de la peine qui sera prononcée, certains imaginent que Monique Olivier, libérée du regard de Michel Fourniret pourra livrer des informations jusqu’ici restées secrètes.

"Elle est complice et pas tueur en série"

"Monique Olivier ce n’est pas Michel Fourniret", prévient son avocat Richard Delgenes. Michel Fourniret est mort et Monique Olivier ne peut répondre à toutes les questions restées en suspens. Au procès d’assises à Charleville-Mézières en 2008, Fourniret avait choisi de garder le silence. Il avait également refusé d'être filmé ou photographié à l'ouverture du procès. Contrairement à Monique Olivier qui, elle, s’était retrouvée seule à devoir porter la responsabilité des crimes évoqués. C’est à elle qu’on avait posé les questions, même celles auxquelles elle ne pouvait apporter de réponse. C’est encore plus vrai aujourd’hui, puisqu’il n’y a même plus la présence de Michel Fourniret dans le box, pour rappeler que son ex-épouse est poursuivie pour complicité et non comme l'auteure des meurtres.

Son avocat Richard Delgenes, sera là pour le rappeler à la cour : "Il y a deux choses à ne pas oublier. La première, c'est qu'elle n'était pas présente tout le temps et pour tout et à tous les moments. La deuxième, c'est qu'elle est complice et pas tueur en série".

Son avocat rappelle aussi que, sans les aveux de Monique Olivier, ce procès n’aurait jamais eu lieu. C’est elle qui a livré, la première, les éléments et les détails qui ont conduit à sa mise en examen et aux aveux de Michel Fourniret.

D’ailleurs, Éric Mouzin, le père d’Estelle, disparue en 2003, interrogé dans le cabinet de son avocat début octobre, reconnait que le procès s’annonce compliqué. "L'accusée est Monique Olivier uniquement, et non pas le couple, suite au décès de Michel Fourniret. On est dans un procès un peu tronqué, il va être compliqué pour la justice de rendre un jugement".

Monique Olivier lors d'une reconstitution en 2004 au château de Sautou
Monique Olivier lors d'une reconstitution en 2004 au château de Sautou © Getty - Sylvain Lefevre

L’ultime gardienne des secrets de Fourniret

L’attitude de Monique Olivier face aux parties civiles et face au juge, c'est incontestablement ce qui fera ou non de ce procès un moment de vérité. C'est la dernière occasion d’obtenir des réponses sur les crimes de Fourniret, notamment sur les trois affaires examinées lors de ce procès.

Dans l'affaire de la disparition de Marie-Angèle Domèce, qui remonte au 8 juillet 1988, la principale question est de savoir où se trouve le corps. La jeune femme de 19 ans, handicapée mentale, a disparu devant la gare d'Auxerre. Michel Fourniret a reconnu l'avoir tuée. Malgré plusieurs fouilles menées à Saint-Cyr-les Colons , près d'Auxerre, là où vivait Michel Fourniret en 1988, le corps n'a jamais été retrouvé.

Des fouilles ont été menées, sans résultat, dans l'ancienne demeure du couple à Sart-Custinnes
Des fouilles ont été menées, sans résultat, dans l'ancienne demeure du couple à Sart-Custinnes © Getty - Franck Crusiaux /Gamma-Rapho

Le corps d'Estelle Mouzin, disparue le 9 janvier 2003, lui aussi est introuvable, malgré de nombreuses fouilles dans les Ardennes. La fillette de 9 ans a disparu en rentrant de l’école. Un témoin évoque une fourgonnette blanche. Michel Fourniret est alors soupçonné, mais il a un alibi. Monique Olivier ne révèlera qu'en 2019, que celui-ci n'était pas à son domicile. Le tueur en série reconnaît alors qu'il a "pris la vie d'Estelle".

Le père d’Estelle Mouzin n’en attend rien, ou pas grand-chose, "Se placer en position de demandeur vis-à-vis de la bonne parole qu'elle voudra bien nous donner, c'est se faire du mal" explique-t-il. Il attend donc principalement du procès que Monique Olivier "soit condamnée à la hauteur du crime commis".

Marche silencieuse à Guermantes, un an après disparition d'Estelle Mouzin
Marche silencieuse à Guermantes, un an après disparition d'Estelle Mouzin © Getty - Jean-Michel Turpin /Gamma-Rapho

Enfin, si Michel Fourniret a reconnu en février 2018, le meurtre de Joanna Parrish, là aussi les zones d'ombres persistent. Son corps nu avait été découvert flottant dans l'Yonne, à Monéteau le 17 mai 1990. En revanche, les détails manquent pour savoir comment il a approché la Britannique âgée de 20 ans, mais aussi les conditions de sa mort par asphyxie. Les parents de la jeune Britannique seront au procès. Roger Parrish, le père de Joanna a toujours été clair avec les enquêteurs sur le rôle de Monique Olivier : "Joanna ne serait jamais partie seule avec un homme, mais elle aurait pu faire confiance à une femme."

L’ancien magistrat Francis Nachar, lui non plus, ne croit pas à des révélations"J'espère 10 000 fois me tromper, mais je suis convaincu qu'elle ne dira rien de plus. Elle se contentera du bout des lèvres de confirmer ses déclarations et on n'apprendra rien de plus" explique-t-il, interrogé par France Bleu Champagne-Ardenne.

D'autres enfin, plus optimistes, imaginent que Monique Olivier peut raconter encore et encore. Les enquêteurs se rappellent encore ce moment, où d'un trait pour la première fois en 2004, elle a désigné Michel Fourniret. Le même scénario s'est reproduit ensuite pour les affaires Domèce, Parrish et Mouzin, près de 20 ans plus tard.

Le domicile de Michel Fourniret et Monique Olivier à Sart-Custinnes a été fouillé à maintes reprises
Le domicile de Michel Fourniret et Monique Olivier à Sart-Custinnes a été fouillé à maintes reprises © Getty - Franck Crusiaux / Gamma-Rapho

Le premier procès du pôle "cold cases"

Ce procès, c’est le premier résultat tangible depuis l’installation du pôle "cold cases". Ce pôle dirigé par la magistrate Sabine Khéris a permis de relancer les investigations sur près de 80 dossiers enlisés . Certaines ont connu un retentissement médiatique comme la tuerie de Chevaline , ce quadruple meurtre qui avait eu lieu dans les Alpes en 2012, ou encore la disparition de Marion Wagon à Agen en 1996. Parmi ces dossiers jusqu'ici non-élucidés, se trouvent les trois dossiers dans lesquels Michel Fourniret a été mis en examen avant sa mort.

L'examen de ces dossiers anciens a ravivé l’espoir de nombreuses familles de victimes. L'espoir de percer une partie du mystère d'une disparition, ou tout simplement celui de retrouver le corps des victimes, comme c'est le cas pour Estelle Mouzin ou Marie-Angèle Domèce. Le déroulé de ce premier procès d’envergure donnera le ton de ce qui peut se dénouer ou non, des dizaines d'années après les faits.

Le procès de Monique Olivier devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine devrait durer trois semaines. Le verdict est attendu le 15 décembre.

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