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Le couvre–feu pour mineurs fait débat en Provence

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Après la Guadeloupe, le maire de Béziers a instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans et le maire de Nice promet de faire de même en mai. En Provence, aucune commune ne l’applique, mais le sujet fait débat.

Le couvre-feu pour les mineurs envisagé en Paca (illustration) Le couvre-feu pour les mineurs envisagé en Paca (illustration)
Le couvre-feu pour les mineurs envisagé en Paca (illustration) © Maxppp - James Hardy

La thématique de la violence des jeunes s'est récemment imposée dans le débat public après plusieurs faits divers. À Béziers, le maire proche de l’extrême droite Robert Ménard, a signé cette semaine  un arrêté municipal. Il précise que "tout mineur âgé de moins de 13 ans ne pourra, sans être accompagné d'une personne majeure, circuler de 23h à 6h sur la voie publique" dans trois "quartiers" de la ville, du 22 avril au 30 septembre. "Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales", prévient le texte.

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Le maire de Béziers justifie sa décision par le "nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit" et une "aggravation du nombre de faits", notamment de "violences urbaines".

Le couvre-feu pour mineurs aussi en région PACA

Près de Marseille, le maire des Pennes-Mirabeau instaure à partir de ce jeudi un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans. Jusqu'au 31 août, ils ne pourront plus sortir seuls de 23h à 6h du matin. "Il est temps de passer des paroles aux actes". C'est par ces mots que Michel Amiel conclut sa lettre à ses administrés sur son compte Facebook. Se référant au "sursaut d'autorité" prôné par le premier ministre Gabriel Attal, le maire des Pennes-Mirabeau, commune de 21.000 habitants, annonce un arrêté de restriction des déplacements qui prend effet dès ce jeudi et ce jusqu'au 31 août. Les mineurs de moins de 13 ans n'ont plus le droit de se déplacer seuls sans être accompagnés d'une personne majeure.

Dans un message adressé à France Bleu Provence, l'ancien sénateur des Bouches-du-Rhône, passé de la gauche à la République en Marche assume sa décision : "On assiste à une délinquance chez des gamins de plus en plus jeunes. C'est d'abord pour les protéger eux-mêmes et éventuellement aider des parents démunis face à ce phénomène".

Un jour après avoir reçu à Nice le Premier ministre Gabriel Attal, qui a promis un "sursaut d'autorité" face à la "violence des mineurs", le maire Christian Estrosi, a aussi promis de prendre une mesure similaire. " Je vais réactiver le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans sur la période estivale de 23h à 6h à partir du 1er mai".

Des mesures similaires sur des durées limitées, sont en vigueur à Cagnes-sur-Mer depuis 2004.

À Marseille, la perplexité demeure

Selon Mohamed Benmeddour, éducateur depuis 10 ans dans les quartiers nord à Marseille. "Le couvre-feu ne permettra pas aux familles de garder les enfants au chaud, la solution, c'est un suivi strict". Mohamed Benmeddour a accompagné des centaines de mineurs délinquants issus des quartiers difficiles de Marseille. Il fait le constat des difficultés lorsque la mère est seule à élever des enfants dans un contexte de cités et de trafic de stupéfiants avec le modèle de l’argent facile, sans travail, sans formation.

Pour Éric Mangin, juge pour enfants à Marseille, "la mesure existe déjà pour des mineurs délinquants de façon ponctuelle dans le cadre de peines prononcées notamment lors d’affaires de drogue". Éric Mangin ne commente pas ces annonces "politiques". Il affirme la nécessité de restaurer l’autorité parentale.

Du côté des mineurs de 13 à 17 ans rencontrés dans les quartiers nord, s'il était mis en place à Marseille, ce couvre-feu ne serait pas respecté. Ces jeunes se souviennent des restrictions liées aux confinements du Covid, certains ne les ont jamais respectées. "On n'a jamais été interpellé" disent-ils, alors que certains parents estiment qu'il "faut faire plus de prévention".

Selon la "première photographie de la délinquance et insécurité en 2023", publiée début 2024 par le ministère de l'Intérieur, les moins de 13 ans n'ont représenté que 2% des mis en cause dans les atteintes aux personnes en France (contre 36% pour les 30 à 44 ans) et 1% des mis en cause pour vols violents (contre 44% pour les 18 à 29 ans).

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