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Il enferme son beau-père sur le balcon et frappe sa compagne enceinte, un jeune homme condamné en Dordogne

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Un jeune homme a été condamné en comparution immédiate à six ans de prison dont un an avec sursis pour des violences sur son beau-père, ce mercredi. Ce dernier a été retrouvé enfermé sur le balcon.

Le jeune homme est reparti en détention. Il a 10 jours pour faire appel. Photo d'illustration Le jeune homme est reparti en détention. Il a 10 jours pour faire appel. Photo d'illustration
Le jeune homme est reparti en détention. Il a 10 jours pour faire appel. Photo d'illustration © Radio France - Théo Caubel

"On est à la limite des Assises et des actes de torture et de barbarie" rappelle la présidente, Marina Grelet, pendant l'audience de comparution immédiate ce mercredi au tribunal de Périgueux. Les faits sont glaçants. La jeune femme donne l'alerte le 17 mai dernier en se rendant à la banque à Neuvic, les gendarmes retrouvent son père, enfermé sur le balcon. Ce n'est que le début.

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De la rue, on ne voit rien, des serviettes sont accrochées pour cacher la vue aux voisins. L'homme de 58 ans sent l'urine tout comme le sol du petit balcon de cet appartement de Neuvic, il y a des vêtements tâchés de sang. Le beau-père est très affaibli et présente plusieurs plaies.

Un beau-père traité comme "une bête"

L'examen du médecin montre qu'il a plusieurs fractures, qu'il a une embolie pulmonaire, un décollement de la rétine, un traumatisme à l'oreille et une perte d'audition. Il s'est vu délivrer 30 jours d'ITT. Cet homme sous curatelle renforcé vient de vivre plusieurs semaines de calvaire avec sa fille.

Ce quinquagénaire vit sur le balcon depuis février, d'abord à Saint-Léon-sur-l'Isle puis à Neuvic. Il est parfois enfermé plusieurs jours sans manger ou boire, à dormir à même le sol ou sur un matelas. Il ne rentre à l'intérieur que lorsque son gendre l'y autorise. L'homme de 58 ans n'est pas présent à l'audience, mais des extraits de son audition sont lus pendant l'audience. Il décrit les humiliations permanentes, comment il l'appelle "le chien", comment il le frappe pantalon baissé avec une ceinture, comment encore, il lui jette des seaux d'eau glacés pour le "laver" ou bien l'ébouillante dans la douche. Les exemples sont nombreux.

Sa fille décrit un climat de terreur

Le tout face à sa fille qui vit, elle, dans cet appartement. Le couple s'est rencontré sur Tiktok en décembre dernier, le jeune homme de 26 ans, originaire de la Meuse, l'a rejoint quelques jours plus tard en Dordogne. Très vite, explique la jeune femme, il crée "un climat de peur" et se montre jaloux, contrôle sa façon de s'habiller. Il lui interdit d'être sur les réseaux sociaux avant de casser son téléphone.

La jeune femme de 23 ans, enceinte de 14 semaines, "s'est vue mourir, a vu son père mourir de nombreuses fois" mais elle raconte qu'elle n'a rien dit pendant des mois par peur des représailles : "J'étais terrifiée, il m'avait dit que si je parlais, il allait me retrouver et il allait me tuer".

La jeune femme explique devant le tribunal les coups, les gifles, les morsures dont elle est victime parce qu'elle "répond mal " ou parce que  "elle conduit mal [...] il est toujours énervé quand on ne va pas dans son sens". Le médecin légiste a également constaté des bleus et des marques sur les bras, le sein, les hanches et un stress post-traumatique. La jeune femme ne demande qu'une chose : être protégée et que le jeune homme ne connaisse pas sa nouvelle adresse : "Je sais que s'il me retrouve, il me tuera".

Son avocat, maître Reda Hammouche, souligne la "tétanie" qui a touché sa cliente, "elle est tellement convaincue que signaler quoi que soit à n’importe qui, à un tiers, c’est la condamnation à mort pour elle et pour son père. Physiquement, elle pouvait le faire, mais mentalement, elle se disait, si je le fais, c’est fini".

Il nie tout et parle de "stratagème"

Interrogé par la présidente, ses assesseurs, le procureur ou encore l'avocat des parties civiles, le jeune homme reste impassible "je n'ai jamais été violent [...] je ne sais pas d'où viennent les blessures [...] je ne leur ai jamais rien fait du tout". Le jeune homme de 26 ans est capable de se souvenir du montant exact dépensé pour leur voyage à Barcelone, mais il n'explique pas les constatations des gendarmes et des médecins.

Selon lui, la jeune femme était libre de partir, elle avait les clés de la maison et de la voiture. D'ailleurs, c'était elle qui l'emmenait tous les matins au travail "elle avait un rendez-vous pour le bébé, si elle avait été séquestrée, elle n'aurait pas pu y aller".

Condamné à neuf reprises

Le jeune homme a déjà été condamné neuf fois, notamment en 2019 dans la Meuse pour des violences sur son ex-compagne. "Elle était violente aussi, on se frappait tous les deux [...] je ne veux plus être en couple, cela ne me pose que des problèmes", affirme le prévenu, centré sur le CDI qu'il devait prochainement signer en Dordogne.

Le procureur pointe du doigt les incohérences dans le discours du jeune homme : "Comment vous expliquez que votre beau-père est capable de décrire très exactement la maison de vos parents alors que vous dites qu'il n'y est jamais allé ?", tout est faux, répond à nouveau le jeune homme qui a du mal à reconnaître son problème avec les femmes. Lorsque la présidente du tribunal lui demande s'il est conscient d'avoir un problème relationnel avec les femmes, il répond "oui, mon problème, c'est que je donne tout dans une relation".

Son avocate, maître Géraldine Benichou-Ganancia, ne croit pas à ce que dit la jeune femme : "Nous avons une jeune femme indépendante, qui n'ose pas alerter ? je n'y crois pas". Maître Benichou-Ganancia pointe également le manque de preuves matérielles : "On a les constatations des blessures, mais rien qui prouve que mon client en soit l'auteur". Elle a demandé la relaxe.

Le parquet avait demandé quatre ans de prison dont 18 mois de prison, le tribunal est allé plus loin "au vu de la gravité des faits". Le jeune homme est condamné à six ans de prison dont un an avec sursis. Il a interdiction d'entrer en contact avec les victimes. Il est reparti en détention à l'issue de l'audience et il a 10 jours pour faire appel de la décision.

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