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Drôme : prison avec sursis requis contre l'éleveur soupçonné d'avoir tué des rapaces protégés

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Soupçonné d'avoir tué fin 2022 un vautour moine et un gypaète barbu, un éleveur de Chaudebonne (Drôme) comparaissait devant le tribunal correctionnel de Valence ce vendredi 6 octobre. Le parquet a requis six mois de prison avec sursis pour destruction illicite d'une espèce protégée.

L'homme a reconnu les faits (illustration) L'homme a reconnu les faits (illustration)
L'homme a reconnu les faits (illustration) © Radio France - Nathalie de Keyzer

C'est un modeste éleveur de 62 ans qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Valence, ce vendredi 6 octobre 2023. Didier R. risque jusqu'à 3 ans de prison pour avoir tué, par des tirs de plomb, un vautour moine et un gypaète barbu, le 31 décembre 2022. Ces deux espèces sont protégées car en voie d'extinction. Le prévenu a reconnu les faits et a expliqué durant l'enquête avoir eu peur pour son troupeau de brebis.

"C'est un bon chasseur"

Pour l'avocat de la Ligue de protection des oiseaux, l'éleveur a menti : "Monsieur R. était en train de chasser et il a tiré. C'est un bon chasseur, il a tiré deux fois seulement et il a tué ces deux oiseaux." Dans la salle, une dizaine d'associations de protection de l'environnement et des oiseaux se sont portées parties civiles. Les avocats tentent de démontrer que l'éleveur a voulu tuer ces deux rapaces pas simplement par peur : "Monsieur chasse la perdrix. Une perdrix le 31 décembre, c'est pas mal", insinue un avocat.

L'éleveur de 62 ans, courbé, vêtu d'une doudoune sans manche, tente de se justifier. "Les vautours planaient au-dessus de mon chien et de mon troupeau. Ils piquaient vers le bas. Entre le loup et les rapaces, il faut être toujours derrière le troupeau de brebis, souffle-t-il. Si je perds mon troupeau, je n'ai plus rien !" Son avocat présente les revenus de l'éleveur : 20 000 euros par an.

La procureur acquiesce : "on entend cet éleveur, qui est à bout et c'est peut-être ce qui explique les faits. Mais des faits qui restent graves. Ces animaux sont protégés car ils sont essentiels à notre biodiversité. Il a tiré pour atteindre ces oiseaux, alors que ces animaux n'attaquent pas les troupeaux", précise la représentante du parquet. Elle conclue : "on ne règle pas ses problèmes à coup de fusil Monsieur R." et demande 6 mois de prison avec sursis.

D'importants dommages et intérêts réclamés

Au total, ce sont plus de 400 000 euros de dommages et intérêts qui ont été demandés par les différentes associations. Au-delà de l'aspect pécunier, c'est la reconnaissance du préjudice écologique qui a été demandé plusieurs fois. Pour Christian Tessier, direction de l'association "Vautours en Baronnies", partie civile dans cette affaire, cette destruction est "incompréhensible." Il précise : "ce ne sont pas deux oiseaux anodins, dans les Baronnies, nous avons 13 couples de vautours moines sur les 50 en France. On a une responsabilité. Il n'y a eu que cinq poussins l'an dernier et Monsieur R. en a tué un. La destruction d'un oiseau peut poser des pertes importantes pour l'avenir de l'espèce." Le jugement sera rendu le 6 décembre prochain.

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