De la prison avec sursis pour avoir causé la mort d'un homme sur l'autoroute à Changé après un accident
Un homme de 23 ans est condamné à 18 mois de prison avec sursis pour avoir causé la mort d'un homme après un accident sur l'autoroute à hauteur de Changé en 2021. Il avait son téléphone sur la cuisse au moment du drame. En école de gendarmerie, le prévenu s'est vu annuler son permis de conduire.
Un élève gendarme a été condamné à 18 mois de prison avec sursis ce jeudi par le tribunal judiciaire de Laval pour avoir causé la mort d'un homme sur l'autoroute à hauteur de Changé, en Mayenne, le soir du 12 août 2021. Il avait percuté le véhicule de la victime alors qu'il était avec son téléphone sur les genoux. Son permis a été annulé. Lors de l'audience, il a été longtemps question du téléphone du prévenu, pour savoir si ce dernier pianotait ou non au moment de l'impact.
Téléphone en main ou sur les genoux ?
Ce soir-là, l'élève gendarme part de Dijon avec deux personnes à bord de sa voiture pour aller à Rennes. À 22h37, à hauteur de Changé, le conducteur envoie un message à son père, alors qu'il conduit, pour dire qu'il arrive bientôt à Rennes. Trois minutes plus tard, un appel est passé au 17 pour prévenir les secours après un accident. Le véhicule du prévenu a percuté l'arrière d'une autre voiture. Dans cette dernière, le conducteur et le passager avant sont blessés, le passager arrière, lui, décède. Selon le prévenu, la voiture de devant a freiné brusquement et n'a pas eu le temps de l'éviter. Au cours de l'instruction, il ne reconnaît pas l'utilisation du téléphone. Ce qu'il va finalement admettre lors de sa dernière audition.
"Vous rouliez trop vite", lui demande la procureure, "oui", répond sobrement l'homme à la barre, "vous rouliez trop près ?", "oui", "vous avez été distrait par les messages envoyés à votre père ?", "oui". Le prévenu n'était ni alcoolisé, ni sous l'effet de stupéfiants au volant le soir des faits. "Je veux dire aux victimes que je suis profondément désolé, j'ai eu un manque de conscience lors de cet accident, je ne serai jamais assez désolé, je leur apporte tout mon soutien", affirme-t-il.
Pas de traces de freinage sur la route
Alors est-ce que le véhicule percuté a freiné ou pas ? Les victimes disent que non, l'expert écarte également cette idée et la procureure n'a pas noté de traces de freinage sur la route. "On peut envisager que vous amorcez votre dépassement, mais que vous ne vous rendez pas compte qu'il y a une voiture qui vous dépasse déjà sur l'autre file ?", tente la présidente, "j'assume, j'ai bien utilisé mon téléphone, maintenant, je l'assume complètement, mais le dernier SMS n'a pas été la cause de l'accident pour moi, je n'arrive pas à l'expliquer. La nuit, le non-respect des distances de sécurité, j'ai sans doute baissé les yeux vers mon portable posé sur ma cuisse. J'ai sans doute été surpris par cette vitesse très basse", répond le prévenu. L'expert avait en effet démontré que la voiture des victimes roulait à moins de 100 km/h.
L'avocate des parties civiles déplore l'attitude du prévenu après l'accident, qui "n'a pas été exemplaire". "Il a supprimé une appli, tenté de corrompre un témoin, et a menti sur sa vitesse, jusqu'à ce qu'on lui mette les preuves sous le nez", pointe l'avocate des parties civiles. Ce qui est contesté par la défense. "Depuis le départ, mon client n'a jamais nié les faits, mais au moment de l'accident, il n'était pas en train d'écrire un message", explique l'avocate. Elle ne plaide pas la relaxe, "mais on peut réfuter le téléphone au volant, la vitesse excessive et noter que la passagère avant et le passager arrière n'avaient pas leur ceinture de sécurité".
Deux ans de prison avec sursis requis
La procureure requiert deux ans de prison avec sursis simple à l'encontre du prévenu. La Cour réduit donc la peine et le condamne 18 mois de prison avec sursis. Son permis est également annulé et l'homme devra attendre six mois pour repasser les épreuves du permis. "C'est l'occasion de le redire, utiliser son téléphone en conduisant mène très souvent les conducteurs devant le tribunal correctionnel", conclut la présidente.
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