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Attaque au couteau à Paris : "Il y a eu un ratage psychiatrique", affirme Gérald Darmanin

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  • France Bleu

"Il y a eu un ratage psychiatrique", affirme lundi matin Gérald Darmanin après l'attaque terroriste samedi à Paris. Le ministre rappelle que les médecins ont considéré que l'assaillant, qui souffre de troubles psychiatriques, "allait mieux, qu'il était plus normal et qu'il pouvait vivre librement".

Des policiers sur le pont de Bir-Hakeim à Paris, lieu de l'attaque terroriste ayant fait un mort et deux blessés samedi soir Des policiers sur le pont de Bir-Hakeim à Paris, lieu de l'attaque terroriste ayant fait un mort et deux blessés samedi soir
Des policiers sur le pont de Bir-Hakeim à Paris, lieu de l'attaque terroriste ayant fait un mort et deux blessés samedi soir © AFP - Gauthier Bedrignans / Hans Lucas

Après l'attaque terroriste de samedi à Paris, près de la tour Eiffel, Gérald Darmanin affirme lundi qu'il y a eu "un ratage psychiatrique". "Il y a manifestement eu un ratage, non pas dans le suivi des services de renseignement, mais un ratage psychiatrique", assure sur BFMTV le ministre de l'Intérieur.

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Il rappelle que "les médecins, à plusieurs reprises, ont considéré" que l'assaillant, qui souffre de troubles psychiatriques, "allait mieux, qu'il était plus normal et qu'il pouvait vivre librement". "Il a été suivi judiciairement et grâce à ce suivi, le médecin psychiatre a pu de nouveau faire une injonction de soins parce qu'il a une maladie mentale manifestement très prononcée", a estimé Gérald Darmanin.

L'attaque du Pont de Bir Hakeim samedi soir à Paris pose la question du suivi psychiatrique de certains jihadistes. Un touriste de nationalité allemande et philippine a été tué, un Britannique et un Français ont été blessés. L'assaillant, un Français de 26 ans, né de parents Iraniens, était atteint de troubles psychiatriques. L'enquête va désormais tenter de faire la lumière sur son suivi médical.

"Parler d'un raté de la psychiatrie, c'est une attaque assez grossière"

Face aux accusations de "ratage" dans le suivi psychiatrique de l'auteur de l'attaque de Paris, des psychiatres s'émeuvent d'une mise en cause "à chaud" dans une affaire mêlant jihadisme et pathologie. "La communauté psychiatrique commence à s'émouvoir des propos du ministre de l'Intérieur. Parler d'un raté de la psychiatrie, c'est une attaque assez grossière contre notre profession, déjà maltraitée", déclare à l'AFP Bernard Granger, professeur de psychiatrie à l'université Paris-Cité. Il déplore "une réaction à chaud où l'on cherche des responsables", et pointe "les incertitudes toujours très grandes sur les passages à l'acte".

"C'est un peu fort de café", abonde Michel Triantafyllou, président du syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP). "Associer les troubles psychiatriques à la commission d'actes terroristes est pour le moins hasardeux, pour ne pas dire démagogique". Pour Jean-Pierre Salvarelli, vice-président du syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), "la surexposition psychiatrique sert aux politiques à se dédouaner de leurs responsabilités" face aux maux de la société. "Qu'est-ce qui a prévalu (chez l'assaillant) : l'idéologie jihadiste ou la pathologie mentale, qui a aussi pu être re-déclenchée ou aggravée à la lueur des événements au Moyen-Orient ?", s'interroge Alain Mercuel, coordonnateur des équipes mobiles psychiatrie et précarité d'Ile-de-France et psychiatre à l'Hôpital Sainte-Anne.

L'assaillant avait arrêté son traitement en 2022, avec l'accord de son médecin. L'arrêt de ce neuroleptique a peut-être "favorisé le passage à l'acte, car l'individu a pu décompenser", mais une personne "peut passer à l'acte malgré un traitement bien pris", relève Alexandre Baratta, qui exerce en unité de soins intensifs psychiatriques à Sarreguemines.

"Exiger une injonction de soins"

Dans ce contexte, Gérald Darmanin a réclamé ce dimanche soir que les autorités "puissent demander une injonction de soins" pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l'acte comme celui de l'assaillant du pont Bir Hakeim à Paris. Aujourd’hui, une injection de soins ne peut être ordonnée que dans le cadre d'une procédure judiciaire

Le ministre de l'Intérieur s'est exprimé sur TF1 à l'issue d'une réunion à Matignon consacrée à la sécurité.  "Ce qu'il faut sans doute changer - on l'a vu autour de la Première ministre - c'est que le pouvoir public, les préfets, les policiers puissent demander, exiger une injonction de soins, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", a expliqué Gérald Darmanin.

Sa mère inquiète de son comportement fin octobre

"Issu d'une famille sans aucun engagement religieux", Armand Rajabpour-Miyandoab s'est converti à l'islam à l'âge de 18 ans, en 2015, et a "très rapidement" versé dans "l'idéologie jihadiste", a précisé dimanche soir le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, lors d'une conférence de presse. Fin octobre, la mère de l'assaillant, inquiète d'un changement de comportement de son fils, avait fait un signalement auprès des autorités. Mais "rien ne pouvait déclencher de nouvelles poursuites pénales", affirme le procureur de la république antiterroriste.

En mars 2022, il avait arrêté son traitement médicamenteux, en accord avec son médecin, selon une source proche de l'enquête. Mais en août 2022, une expertise psychiatrique avait conclu à une injonction de soins, ce qui avait été ordonné en septembre de la même année par un juge, selon cette même source citée par l'AFP. L'homme avait alors repris son traitement et l'avait arrêté en avril 2023.

Environ 5.200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1.600 personnes sont particulièrement surveillées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source au sein du renseignement, qui précise que 20% de ces 5.000 personnes ont des troubles psychiatriques.

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