À Cannes, un lieu d'accueil unique pour les femmes et enfants victimes de violences

La ville de Cannes gère depuis plusieurs années un lieu unique en son genre : la villa Batz, dont l'adresse est tenue secrète. À l'intérieur, six petits studios ont été aménagés sobrement.

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Chacun dispose d'une kitchenette, douche-WC et de lits pour une à trois personnes. Dans les étages il y a aussi une grande terrasse qui donne sur des jardins avoisinants, une salle et une cuisine commune, une buanderie, des jeux pour enfants et du WI FI. Un bureau permet à une psychologue, une travailleuse sociale et familiale, et à deux assistantes sociales du centre communal d'action sociale (CCAS) de la ville de Cannes de les accompagner au quotidien.

En 2023, 29 personnes (17 femmes et 12 enfants) y ont été mises en sécurité. Un lieu qui malheureusement ne désemplit pas : il y a de plus en plus de demandes pour une mise à l'abri des femmes violentées.

Des femmes envoyées notamment par le 115

Les femmes qui arrivent ici ont été victimes de violences verbales ou physiques. Des femmes souvent sous l'emprise de leurs maris. Elles ont été envoyées par les associations d'aide aux femmes victimes comme Parcours de femmes, par les services sociaux, le 115, les services médicaux, la police... Elles ont entre 25 et 55 ans. Certaines sont célibataires, d'autres avec un ou deux enfants. En 2023, un bébé est né dans la villa.

"Je ne regrette pas d'avoir quitté mon foyer familial"

"J'ai un message pour celles qui ont subi des violences comme moi : partez ! N'hésitez pas ! Il ne faut pas hésiter à quitter le foyer familial si on vous frappe et on vous humilie. C'est dur de s'en aller, mais il faut le faire. J'ai du vivre dans la rue avec mon enfant, mais je m'en suis sortie. Aujourd'hui, je me sens boostée, libérée et j'ai trouvé un travail. Mon petit garçon qui ne parlait pas à l'âge de 3 ans commence à dire des mots. Je le sens mieux. Je ne regrette pas d'avoir quitté mon foyer familial. Je sais maintenant que je peux exister sans un homme", raconte Aïcha (le prénom a été modifié) entre deux sanglots et des rires nerveux.

La jeune femme indique qu'elle ne veut pas en  raconter davantage, elle préfère garder secrètes les violences physiques qu'elle a subies.

Des enfants qui ont peur des hommes

Les hommes ici sont interdits de visite. "On a pris en charge une famille avec un enfant de deux ans et son frère encore bébé. Le nourrisson a été affecté même s'il n'a pas été exposé directement. Sa maman ne l'avait pas désiré. On a constaté que le bébé avait un retard de développement. Sa mère ne l'appelait jamais par son prénom, elle l'ignorait. On a du l'aider à retisser des liens pour que l'enfant évolue favorablement. (...) On a eu un enfant qui hurlait de terreur en voyant entrer le facteur pour délivrer du courrier. Il avait peur des hommes. Dans la rue le moindre bruit le faisait sursauter. Ici, les femmes sont libres d'aller et de sortir, mais les visites sont contrôlées et les hommes excluent. C'est un lieu où les mères et leurs enfants doivent se sentir absolument en sécurité."

Les hommes ne sont pas acceptés dans cette villa entièrement sécurisée par des caméras de vidéosurveillance. Les images sont visibles par les services sociaux et par les policiers du centre de protection urbain (CPU) de la ville de Cannes. Des boutons d'appel d'urgence ont également été installés. Une villa où les forces de l'ordre peuvent très vite intervenir.

En route pour une réinsertion

Les femmes sont aidées et accompagnées. Les assistantes sociales les écoutent et les aident à effectuer des démarches pour demander des allocations financières, inscrire les enfants à la crèche où à l'école, rechercher un emploi, formuler une demande de logement...

La Villa Batz les accueille pour des séjours de trois mois (renouvelables).