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Éducation : les mesures annoncées vont aggraver "ségrégation" et "inégalités", s'alarment les syndicats

Par
  • France Bleu

Les groupes de niveaux annoncés par le ministre de l'Éducation au collège pourraient "aggraver les inégalités", s'alarment les syndicats d'enseignants et de parents d'élèves ce mardi. Quant au redoublement, il est le signe d'un "manque d'imagination pédagogique".

Les groupes de niveaux pourraient "aggraver les inégalités", craint le Snes-FSU. Les groupes de niveaux pourraient "aggraver les inégalités", craint le Snes-FSU.
Les groupes de niveaux pourraient "aggraver les inégalités", craint le Snes-FSU. © Getty - Godong

Des mesures qui pourraient "renforcent la ségrégation", "qui ont fait preuve de leur inefficacité". Alors que le ministre de l'Éducation Gabriel Attal a présenté son plan pour rehausser le niveau des élèves, en baisse selon la dernière enquête Pisa, ces annonces ont été fraîchement accueillies du côté des syndicats enseignants et des parents d'élèves.

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Des niveaux qui "renforcent la ségrégation"

Le SE Unsa a ainsi dénoncé "des mesures trompeuses" au "parfum de nostalgie", qui "renforcent davantage le tri, la sélection et la ségrégation que le niveau des élèves" alors que "le vrai malaise de l'école aujourd'hui" est "le manque cruel de mixité sociale".

"Le redoublement à l'ancienne" et "les groupes de niveaux" ont fait "preuve de leur inefficacité", a détaillé Jérôme Fournier, secrétaire national, sur franceinfo ce mardi. Le ministre veut en effet instaurer des groupes de niveaux en français et en mathématiques au collège, mais Jérôme Fournier demande plutôt des "groupes de besoins" pour définir "exactement quelles notions on ne maîtrise pas, dans quelles compétences on est faible" pour "travailler cette notion ou cette compétence précisément", explique-t-il. "Si on s'enferme dans les groupes de niveaux, on court à l'échec", s'alarme-t-il.

"L'enquête Pisa qui vient d'être publiée indique bien que ces groupes devraient plutôt être des groupes de besoins ponctuels et ne pas conduire à une ségrégation des élèves par classe au niveau scolaire", a aussi mis en garde Ghislaine Morvan Dubois, membre du bureau national de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE).

Les mesures de Gabriel Attal "ne vont pas résoudre les problèmes, ça pourrait même aggraver les inégalités", appuie Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, le syndicat Syndicat National des Enseignements de Second degré. "On a déjà des groupes de soutien et d'approfondissement en 6e. On s'aperçoit que les écarts se creusent entre le groupe des élèves qui sont dans le groupe de soutien et les élèves qui sont dans le groupe d'approfondissement", a-t-elle argumenté. Selon elle, ces groupes de niveaux vont "séparer les élèves en fonction de leur niveau et finalement les assigner à leur niveau et quelque part à leur origine sociale".

C'est d'ailleurs ce que note aussi la sociologue Marie Duru-Bellat, professeure à Sciences Po, spécialiste de l'éducation et de l'enseignement supérieur, invitée ce mardi sur franceinfo : "Le risque principal des groupes de niveaux, parce qu'il y en a à l'étranger, c'est que ça se transforme en des filières dont on ne pourrait plus sortir (...) Ce qui caractérise le système français et qui explique, pour une part, ces inégalités sociales spécialement importantes chez nous, c'est justement que le système éducatif n'est pas le même selon les endroits. Il y a une différence de qualité de l'offre scolaire qui est très importante et qui sans doute se creuse. Il y a des écoles où plus personne ne veut mettre ses enfants".

"Comment le ministère va réussir à recruter assez d'enseignants pour mettre en œuvre toutes ces mesures ?", s'est enfin interrogée sur franceinfo Ghislaine Morvan Dubois, de la FCPE. Pour mettre en œuvre ces groupes de niveaux, le ministre de l'Éducation a annoncé qu'il "faudrait créer des postes" d'enseignants, "potentiellement plusieurs milliers" sur le quinquennat. "On est en train d'évaluer ce que ça représente", a-t-il indiqué.

Le redoublement "à l'ancienne"

Le redoublement "est une spécificité française", rappelle la sociologue Marie Duru-Bellat. Gabriel Attal a annoncé ce mardi que les parents n'auront plus le dernier mot sur le redoublement de leur enfant. Il reviendra aux professeurs de le valider. Or "les pays les plus efficaces ne savent même pas ce que c'est que le redoublement ! Donc, je pense que c'est la preuve de notre manque d'imagination pédagogique. On ne sait pas gérer les difficultés précoces des élèves", analyse la professeure, pointant un problème du côté de "la formation des enseignants" : "Il y a des difficultés dès les petites classes et la formation des enseignants en France donne trop peu d'importance à ces considérations pédagogiques. Comment fait-on pour faire réussir des élèves ? Les enquêtes sur les enseignants européens montrent que les enseignants français se plaignent de ça. Ils disent : 'on ne se sent pas bien armés pour gérer l'hétérogénéité des élèves'".

"Faire redoubler un élève, c'est s'imaginer qu'il a des difficultés dans toutes les matières. Il faudrait sans doute être beaucoup plus fin, plus nuancé, identifier les matières, et voir aussi s'il n'y a pas des effets négatifs, psychologiques, du redoublement chez les élèves qui contrecarrent ce qu'ils pourraient gagner sur le plan scolaire", estime-t-elle.

"Ce n'est pas en les remettant exactement dans les mêmes conditions qui ont conduit à un échec qu'on pourra réussir", a réagi de son côté Ghislaine Morvan Dubois, de la FCPE.

Quant aux stages de réussites, ils peuvent "être une solution, mais il faut faire attention à ce que les élèves ne se sentent pas stigmatisés, car ils se comparent beaucoup entre eux, prévient Marie Duru-Bellat. Je pense que la meilleure des solutions, c'est d'agir dès les petites classes. On sait que dès le CP, il y a des inégalités de réussite. Et c'est à ce stade-là qu'il faut intervenir plutôt que, à quinze ans, d'imaginer des cours de rattrapage".

"Le premier levier pour traiter la difficulté scolaire, c'est quand même la diminution des effectifs dans les classes. On sait qu'on a les classes les plus chargées d'Europe, et Gabriel Attal n'en parle pas", a regretté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU.

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