VIDÉO - Objectif 150 km/h à la voile ! Record du monde en vue à Leucate

On dirait le bateau de Batman, comme un avion furtif posé sur l'eau. Et c'est à bord de ce voilier de onze mètres de long pour sept de large que l'équipe SP 80 compte battre le record du monde de vitesse à la voile. "Le record actuel est de 121 km/h. Il est détenu par un Australien. Nous visons désormais les 150 km/h, on a envie de franchir une marche !", lance Mayeul Van Den Broek, 30 ans, l'un des deux pilotes du bateau.

Pour y arriver, pas de mât : le bateau est tiré par un immense cerf-volant. "Notre kite mesure jusqu'à 50 mètres carrés. Tout dépend de la force du vent", explique Benoît Gaudiot, 26 ans, l'autre pilote et ancien kitesurfeur de haut-niveau. "Pour battre le record, on a besoin d'une tramontane autour de 60 km/h. Au-delà, ça peut devenir assez instable et à 150 km/h, on parcourt 40 mètres par seconde..."

Leucate, paradis de la voile de vitesse

Des premiers tests ont déjà été réalisés mais "à vitesse très réduite. C'est vrai que vu l'aspect du bateau, on a généré pas mal de curiosité sur le littoral...", sourit Benoît Gaudiot. Les premiers véritables essais sont prévus ces prochains mois entre Leucate et Port-la-Nouvelle, avant la tentative de record du monde programmée pour début 2025.

"Leucate est l'endroit rêvé en Europe pour les records de vitesse à la voile : il y a du vent régulier, du soleil et surtout la mer est souvent plate. Si vous avez 60 km/h de vent en Bretagne, vous avez quatre mètres de creux, de la pluie... bref des conditions très difficiles", explique Mayeul Van Den Broek.

Des recherches applicables pour les turbines et éoliennes

Ce projet SP 80 est né en 2017 mais les trois fondateurs du projet s'y sont pleinement investis à partir de 2019. Tous les trois sont ingénieurs et anciens élèves de l'école polytechnique de Lausanne. Ces dernières années, de nombreux élèves de cette école ont aussi, dans le cadre de leurs études, participé aux recherches.

"Tout ce travail peut être transposable à plusieurs secteurs d'activité comme le transport maritime, la production d'énergie ou encore la plaisance traditionnelle. Pour le transport maritime, on verra ces prochaines années de plus en plus de navires équipés de kites ou de voiles pour réduire leurs empreintes carbone. Nos travaux sur les profils des  foils (sorte d'ailerons, NDLR) pourraient être adaptés pour les turbines de barrages ou encore pour rendre plus performantes les éoliennes. C'est un peu comme pour les recherches des équipes de Formule un qui bénéficient à l'automobile en général," explique Mayeul Van Den Broek