Pâques : le cacao passe la barre des 10.000 dollars la tonne, un record

La note est amère : à cinq jours de Pâques, le cacao a brièvement franchi la barre des 10.000 dollars la tonne à New York ce mardi, pour la toute première fois. Depuis janvier, les cours du cacao ont plus que doublé suite à de mauvaises récoltes en Côte d'Ivoire et au Ghana, premiers producteurs de fèves au monde, en raison de fortes pluies et d'une maladie des cabosses, puis d'un épisode de sécheresse.

Résultat, les chocolatiers sont face à un choix cornélien : augmenter les prix au risque de freiner les ventes, ou réduire leurs marges. Début mars déjà, Lindt & Sprüngli avait averti que ses prix allaient de nouveau augmenter en 2024 et 2025 après avoir été déjà relevés de 10,1% en moyenne en 2023. Avec ce nouveau record, "la 'shrinkflation' pourrait entraîner une réduction de la taille des tablettes de chocolat", a réagi Ole Hansen, responsable des matières premières de Saxo Bank, dans un commentaire de marché.

L'envolée du cacao s'ajoute aux prix élevés du sucre, le tout dans un "contexte de sensibilité accrue aux prix" de la part des consommateurs. Résultat, elle se fait pour l'instant en partie "à la charge des fabricants" qui ne "peuvent pas répercuter intégralement cette hausse sur les prix de vente au détail", souligne Thomas Juch, le directeur des affaires publiques de Chocosuisse, la fédération patronale du secteur.

Changer les recettes ?

Une des solutions quand les coûts des matières premières explosent consiste à reformuler les recettes. Mais "rafistoler les recettes et profils de goût maintenant, juste parce que les coûts du cacao ont augmenté, serait à mon avis une erreur", a déclaré le patron de Nestlé Mark Schneider, lors des résultats annuels du groupe, les consommateurs ayant des attentes très précises pour leurs produits préférés.

"Les recettes sont sacrées", insiste aussi insisté Jessica Herschkowitz, responsable de communication de l'entreprise familiale Camille Bloch.

Une autre option serait de créer de nouveaux produits : en 1942, Camille Bloch, qui peinait à importer des fèves en Suisse face à la perturbation des échanges internationaux durant la Seconde Guerre mondiale, avait inventé la marque Ragusa, cette barre de praliné aux noisettes, dont il disposait en abondance, créant ce qui est depuis devenu une marque culte.

Mais dans l'immédiat, "nous allons devoir passer par la case augmentation des prix comme tous les autres chocolatiers", reconnaît Mme Herschkowitz, même si l'entreprise a "tout fait" pour l'éviter. La hausse du cacao est telle que "nous n'avons pas d'autres options".

Pour Adalbert Lechner, le patron de Lindt & Sprüngli, la solution est de veiller à disposer d'une gamme de prix suffisamment large pour que ses produits soient accessibles "à tous les budgets", à l'image de son lapin de Pâques, disponible en six tailles, allant de 10g à 1kg, a-t-il pris en exemple lors des résultats annuels du groupe.