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Inflation : l'Autorité de la concurrence met en garde contre les "profits excessifs" de certaines entreprises

Par
  • France Bleu

Face aux soupçons de "profits excessifs" réalisés par certaines entreprises, accusées de profiter du contexte inflationniste pour gonfler artificiellement leurs prix et réaliser des marges confortables, l'Autorité de la concurrence prévient : elle pourra sévir, avec des sanctions sévères.

Certaines entreprises sont accusées de profiter de l'inflation pour augmenter leurs prix au-delà du raisonnable. Certaines entreprises sont accusées de profiter de l'inflation pour augmenter leurs prix au-delà du raisonnable.
Certaines entreprises sont accusées de profiter de l'inflation pour augmenter leurs prix au-delà du raisonnable. © Getty - Mark de Leeuw

Certaines entreprises profitent-elles de l'inflation pour réaliser des "superprofits", en prétextant les hausses des matières premières pour gonfler leurs prix au-delà du raisonnable ? Face aux soupçons qui pèsent sur certaines multinationales, l'Autorité de la concurrence en France prévient : celles qui réalisent des profits excessifs pourront être sanctionnées, et sévèrement.

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Les deux tiers de l'inflation dus aux profits des entreprises

Benoît Cœuré, le président de l’Autorité de la concurrence, expliquait ce lundi sur franceinfo : "La Banque centrale européenne a un chiffre très frappant : d'habitude, elle dit que deux tiers de l'inflation vient des salaires. Mais là, c'est différent : les salaires sont en réalité assez modérés, assez bien tenus. Dans la zone euro, deux tiers de l'inflation vient des profits des entreprises", a expliqué celui qui est aussi un ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne.

"Nous avons un certain nombre d'indices très clairs et même plus que des indices, des faits, qui montrent que la persistance de l'inflation est en partie due aux profits excessifs des entreprises", avait détaillé Benoît Cœuré dans Le Parisien samedi.

Mais d'après Benoît Cœuré, les entreprises françaises se comportent plutôt mieux que leurs voisines européennes : "En France, c'est plutôt moins vrai qu'en Allemagne, qu'en Espagne et qu'ailleurs dans la zone euro. Mais c'est un risque sur lequel il faut être vigilant", a-t-il estimé. "Il y a un risque que l'inflation dure plus longtemps que nécessaire si les entreprises en profitent pour augmenter les prix au-delà de l'augmentation de leurs coûts", a-t-il averti.

Des entreprises profitent de leur position dominante pour gonfler leurs prix

Selon lui, il est normal que les entreprises répercutent les hausses de leurs coûts, comme c'est le cas depuis plus d'un an. "C'est tout à fait compréhensible", explique Benoît Cœuré, mais "parfois, elles vont au-delà quand elles ont du pouvoir de marché", a-t-il regretté. "Elles se disent, profitons de la situation pour utiliser notre pouvoir de marché". Le "pouvoir de marché" fait référence à la position dominante de certaines marques sur leur marché, qui profitent de leur place de leader pour augmenter leurs prix au-delà des hausses des coûts qu'elles subissent. Un phénomène observé ces derniers mois sur des marques "star des rayons" comme Coca-cola, Ferrero pour son Nutella, ou encore Lactalis pour le fromage ou le beurre Président.).

Dans le dernier Panier France Bleu,  en partenariat avec franceinfo et NielsenIQ, les marques nationales sont les seules gammes à avoir vu le niveau de leur inflation continuer à très fortement augmenter, alors que le niveau des hausses de prix commence à ralentir pour les marques de distributeur et les premiers prix. Des hausses qui s'expliquent par l'application en rayon des hausses négociées fin février entre distributeurs et industriels. Mais certaines marques leader de leur marché ont aussi réussi à négocier de très fortes hausses. Exemple avec le pot de Nutella de notre panier, qui a augmenté de 14 centimes en un mois, ou le dentifrice de marque, qui en hausse de 26 centimes en un mois.

Billets de trains, lait, électroménager : des secteurs sous surveillance

Interrogé sur les secteurs qui profiteraient de l'inflation pour gonfler leurs prix, Benoît Cœuré a expliqué qu'il ne pouvait pas citer de noms d'entreprises sur lesquelles des enquêtes étaient en cours. Mais il a cité quelques secteurs sous surveillance : "La vente des billets de train, par exemple la collecte du lait, par exemple dans les produits électroménagers, par exemple dans le matériel électrique", a-t-il listé.

"On a les instruments pour sanctionner, même sévèrement"

Les entreprises qui dépassent les limites risquent des sanctions financières : "On regarde, et on a les instruments pour sanctionner, même sévèrement", a prévenu Benoît Cœuré. "En moyenne, depuis une dizaine d'années, l'Autorité de la concurrence a imposé à peu près 700 millions d'euros de sanction par an. La loi dit qu'on peut sanctionner les entreprises jusqu'à 10 % de leur chiffre d'affaires global", a-t-il indiqué, avertissant que cela correspondrait à des montants très élevés.

"On enquête pour savoir si des entreprises ont eu des comportements qui serait illégaux", a-t-il précisé. "Par exemple des ententes sur les prix, ou des comportements abusifs vis a vis des distributeurs, ou vis-à-vis des fournisseurs, ou des abus de position dominante. C'est-à-dire une entreprise qui est très forte sur un marché et qui abuse de son pouvoir de marché", a-t-il rappelé. "Dans ce cas là, on peut envoyer des inspecteurs dans les entreprises, on peut perquisitionner avec l'autorisation d'un juge, et on condamne l'entreprise", a-t-il prévenu*.*

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