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Indre : l'intersyndicale de la métallurgie veut sauver les avantages acquis "made in Berry"

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Avec la nouvelle convention collective du secteur de la métallurgie, les avantages spécifiques des 5 500 salariés de l'Indre ont été remis à plat. Faute de négociations qui auraient pu les remettre en selle, ces acquis pourraient disparaître. L'intersyndicale a manifesté devant l'UIMM 36.

L'intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC et CFDT devant le siège de l'UIMM à Châteauroux L'intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC et CFDT devant le siège de l'UIMM à Châteauroux
L'intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC et CFDT devant le siège de l'UIMM à Châteauroux © Radio France - Alexandre Mottot

"Dans l'Indre, on avait réussi à avoir quelques avantages" déplore Xavier Courtin de l'intersyndicale de la métallurgie. Parmi ces acquis, les heures de nuits majorées, la majoration à 100% des jours fériés travaillés, ou encore des congés payés supplémentaires d'ancienneté. Ces avancées ont été acquises historiquement dans l'Indre, mais elles pourraient faire long feu, faute de négociations entre les représentants des grandes centrales, (GT, FO, CFE-CGC et CFDT) regroupées en intersyndicale, et l'UIMM 36, syndicat des professionnels du secteur.

Pour conserver ces spécificités de l'Indre, un accord de méthode a été signé entre les organisations syndicales et patronales pour rappeler que "les dispositions devaient faire l'objet de négociations en juin 2022". Sauf que l'intersyndicale ne trouverait plus personne à qui parler dans les rangs de l'UIMM 36 explique Laurent Chebroux de l'USM FO. Selon les syndicalistes, depuis une réunion à la mi-janvier, "l'UIMM n'aurait aucune envie de faire fonctionner le dialogue social". Ils ont donc manifesté symboliquement face à des locaux de l'UIMM ce mardi 23 avril.

Pourtant, l'intersyndicale était prêt à lâcher du lest. Xavier Courtin explique ce rendez-vous manqué. "On était d'accord entre nous de perdre certains avantages, mais pour garder les plus intéressants qui concernent aussi les plus bas salaires et les gens les plus pénibles, on perd la totalité de ces avantages dans nos départements." Pour autant les syndicalistes auraient "voulu négocier des accords qu'on peut toujours faire pour essayer de les conserver et les remettre en place. Pour l'instant, il n'y a pas de discussion pour que ça soit possible".

Sollicité par France Bleu Berry, Pierrick James, le président de l'UIMM, a répondu que des échanges ont bel et bien eu lieu mais qu'ils n'ont pas abouti. Autre réponse du syndicat patronal, "il y a toujours un interlocuteur pour négocier mais pas dans n'importe quel cadre", l'UIMM a précisé que ce type de négociations obéissent à "un accord de méthode signé par les syndicats".

L'intersyndicale devant les locaux de l'UIMM (FO, CGT, CFE-CGC, CFDT)
L'intersyndicale devant les locaux de l'UIMM (FO, CGT, CFE-CGC, CFDT) © Radio France - Alexandre Mottot

Autre grief de l'intersyndicale, l'UIMM jouerait la montre. "Après 15 mois, la nouvelle convention collective entrée en vigueur le 1er janvier 2024 s'appliquera sans les spécificités indriennes" comme partout en France explique Florent Trinquart, responsable régional de la CGT. "Quand vous dénoncez un accord d'entreprise, vous avez une période de 15 mois pour renégocier. Sauf qu'ils ont joué la montre, ils ne nous convoqués que très rarement et ils sont venus avec des accords plus qu'au rabais."

Contre ces avantages territoriaux "made in Berry", les syndicats pointent un contre argument avancé selon eux par les entreprises : le coût supposé des mesures. Florent Trinquart répond en rappelant que ces coûts sont déjà compris dans le coût du travail depuis l'accord de branche qui date des années 70. En d'autres termes, chaque heure de travail intègre déjà le coût de ces avantages spécifiques de l'Indre, et ce depuis plus de 40 ans.

Pour conserver ces avantages Florent Trinquart estime que l'UIMM n'aurait pas vraiment joué le jeu. "Ils ne nous ont convoqués très rarement et ils sont venus avec des accords plus qu'au rabais". "Quand vous n'avez pas envie de négocier, vous ne négociez pas." La conséquence très concrète de cette politique de la chaise vide se chiffrerait à 60 euros par mois et "donc 60 euros multiplié par 12" soit 720 euros par an. Sur ce point et bien d'autres, l'UIMM fait savoir qu'avec l'ancienne convention dite territoriale, "il y avait des avantages et des inconvénients à l'ancienne convention territoriale, comme pour la toute nouvelle convention nationale, là aussi il y a encore des avantages et des inconvénients". L'UIMM rappelle que toutes les organisations syndicales ont signé l'accord entrée en vigueur le 1er janvier, sauf la CGT.

Enfin, le responsable de la CGT métallo Florent Trinquart avance que des retombées négatives plus profondes finiront par avoir un impact sur toute la branche de son métier. "Moi je suis dans une fonderie, c'est quand même sale, il y a du bruit, il fait chaud, et on peine à recruter. Donc on a prévenu quand même le patronat qu'en ayant encore moins de garanties sociales, moins d'attractivité, comment est-ce qu'on va recruter ?" Ce constat pessimiste incite l'intersyndicale à ne pas baisser les bras. Selon Franck Berthelot, de la CFE CGC, l'attractivité est un sujet, "et il est nécessaire de faire un travail en commun pour la préserver".

Forent Trinquart conclue, "si vous enlevez tout ça, c'est clair que les gens, au lieu d'aller dans une fonderie où il y a de la fumée, du bruit, ils préfèrent aller tondre la pelouse et écouter les petits oiseaux. Nous, on avait quand même un peu d'attractivité. Sauf que maintenant, il n'y aura plus rien. Et qu'est ce qu'on va devenir? Moi, j'ai besoin de savoir."

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