20 ans après la fermeture de la Houve à Creutzwald, Jean-Paul Dastillung "très confiant pour l'avenir"

"Ce n'est pas un regret". Jean-Paul Dastillung, le président de la communauté de communes du Warndt, qui gère l'ancien site occupé par les Houillères du Bassin de Lorraine à Creutzwald, ne regrette pas le démantèlement des bâtiments et chevalements de la Houve, peu de temps après sa fermeture en 2004. "L'architecte des Bâtiments de France n'avait pas trouvé que les bâtiments avaient une portée architecturale, et puis comme le musée de la mine avait été décidé à Petite-Rosselle, on a pris la décision de tout démanteler. Ca a été un déchirement pour les mineurs, mais il ne fallait pas obérer l'avenir."

ⓘ Publicité

Aujourd'hui, il n'y a donc plus rien du passé minier, mais une immense friche de 120 hectares. Où il ne s'y est pas rien passé ces vingt dernières années : "Le groupe Uniper, aujourd'hui GazelEnergie, y a exploité le schlamm (résidu de minerai de charbon, ndlr) pour la centrale Emile Huchet. On avait deux bassins à schlamms. Donc on ne pouvait rien faire sur ce carreau, jusqu'à aujourd'hui. On attend encore la fin de l'ICPE (Installation Classée Protection de l'Environnement) de l'entreprise, qui doit être signée par le préfet".

Des panneaux photovoltaïques sur le terril

Une centrale photovoltaïque est en projet depuis de nombreuses années. "Le terril a une pente à 45 degrés exposée sud. Le marché, après études, a été attribué à Energreen, filiale d'UEM", précise Jean-Paul Dastillung. "Il y aura d'abord des panneaux sur le dessus du terril. La deuxième phase se déploiera sur le flanc du terril, opération beaucoup plus technique". Le permis de construire a été déposé en septembre dernier, les travaux devraient commencer fin 2024, début 2025. L'électricité ainsi produite sera redistribuée par Enes, fournisseur d'énergie de Creutzwald.

Sur l'ancien carreau de la mine, la communauté de communes du Warndt envisage une nouvelle zone d'activité. "La loi ZAN, Zéro Artificialisation Nette des sols, fait que l'on commence à manquer de terrain. Nous avons donc là une réelle réserve pour créer des activités". Sachant qu'une partie de l'ancien carreau est déjà occupée par Lormafer, leader de la maintenance ferroviaire. "On a quand même quelques difficultés, car la mise en conformité par les Houillères n'a pas été faite dans les règles de l'art. On est un peu dépités car cela va nous coûter suffisamment cher".

Aujourd'hui, Creutzwald a donc bien tourné la page du charbon : "Il fallait créer des emplois pour l'avenir, pour les enfants et petits-enfants de mineurs. On a développé les zones d'activité, notamment sur le parc d'activités Sud où il n'y a plus de parcelles libres aujourd'hui. Et puis la zone du Warndt Park, toute proche de la frontière allemande, doit encore accueillir des entreprises. On peut dire aujourd'hui qu'on a 6.000 emplois, au-delà de ce que nous avions quand la mine tournait à plein", détaille Jean-Paul Dastillung. Et le bassin profite aussi de l'attractivité du Luxembourg : "C'est plus facile de partir de Creutzwald et de prendre l'autoroute Sarrebruck-Luxembourg, que de passer par Boulay, Metz ou Thionville. De plus en plus de gens s'installent chez nous, trouvent un logement et vont travailler au Luxembourg. On est très optimistes et confiants pour l'avenir".