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Les supporters violents sont "une infime minorité" pour Williams Nuytens, sociologue

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Williams Nuytens, sociologue spécialiste des questions de violences dans le sport et professeur à l'université d'Artois a répondu aux questions de France Bleu Occitanie après l'agression du homme par des supporters cagoulés dimanche à Toulouse avant le match de Ligue 1 entre le TFC et l'OM.

Des supporters toulousains lors du match TFC-OM
Des supporters toulousains lors du match TFC-OM © Maxppp - Michel Viala

Dimanche à Toulouse, des hommes cagoulés et vêtus de noir ont fait une descente dans un bar-restaurant près du Stadium quelques heures avant le match TFC-OM. Cet établissement est réputé pour accueillir des supporters toulousains. L’établissement a été vandalisé et un client blessé. Ce genre d’actes de hooliganisme est fréquent en France ?

C'est assez fréquent. Ce n’est pas un fait social qui s’inscrit dans la quotidienneté des clubs et des groupes de supporters, mais il y a régulièrement des faits de violences isolés et des faits de violence qui sont beaucoup plus structurels. Vous avez raison d'insister sur le fait qu'il n'y a pas d'homogénéité des comportements violents dans les stades. C'est même une infime minorité. Globalement, les supporters indépendants, le mouvement Ultras, et évidemment le mouvement hooligan, a mauvaise réputation parce qu'il a des normes comportementales qui sont différentes des groupes de supporters reconnus par les clubs, qui eux ont une pratique « dominicale pacifiée ». Eux, ils sont dans une autre logique : une logique de reconnaissance, de marquage territorial. Et les supporters marseillais, au même titre que les supporters du PSG, de certains groupes d'autres clubs, ont mauvaise réputation parce qu'ils ont maille à partir avec les forces de l'ordre et parce qu'il y a des inimitiés entre groupes de supporters et des règlements de compte.

Ce n'est pas le cas des supporters toulousains ?

Globalement, dans tous les stades de France, le mouvement ultras est plutôt stigmatisé s'il y a des débordements. Mais en même temps, il est salué parce que c'est ce type de mouvement qui apporte de la polyphonie et de la polychromie. A Toulouse, les ultras fabriquent de l'ambiance, de la couleur, du chant, témoignent un soutien indéfectible au club. Mais il arrive qu'il y ait des événements violents avec certains groupes. Il y a des groupes, notamment les hooligans, qui sont invariablement violents. Le mouvement ultras, c'est différent. Il est installé dans une culture. Et parfois certaines interactions de club débouchent sur des comportements violents liés à des contentieux passé ou parfois, il y a des violences qui relèvent de la spontanéité. Là, c'est beaucoup plus difficile à réguler.

En Occitanie, on parle forcément beaucoup de rugby. Pourquoi cette différence d'ambiance ? Le hooliganisme n'existe pas dans le rugby ?

A ma connaissance, il n’existe pas des mouvements qui relèvent du style "ultra". Ça peut exister autour de certains clubs, comme par exemple autour de Perpignan. Mais les faits de violence autour de matchs de rugby de haut niveau sont excessivement rares. Il y en a dans les basses divisions, c'est documenté : on sait qu’il y a parfois des rixes et des bagarres, mais qui ne relèvent pas de logiques de groupes de supporters. Pourquoi cette différence ? S'agissant du football, il y a, attaché aux clubs professionnels des styles de partisans reconnus par les clubs à l'intérieur desquels il y a les ultras et les hooligans. C'est culturel, ça a plusieurs décennies : ça vient d'Angleterre, d'Italie ou d'Amérique du Sud. C’est une manière de supporter qui flirte avec la règle et qui est parfois typiquement déviante.

Ecoutez l'interview complète de Williams Nuytens ci-dessous :

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