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L'expert jardin

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A cette saison on ne les voit pas mais c’est pourtant un des moments les plus importants pour la lutte contre les chenilles processionnaires des pins : Thaumetopoea pityocampa.

© Getty

Invisibles pour nous

Les papillons femelles ont pondu leurs œufs il y a un mois, peut-être un peu plus, et compte tenu de la chaleur, ils ont probablement déjà tous éclos même en mi altitude. Les petites chenilles ont commencé à se nourrir des aiguilles des branches hautes de nos conifères, pins ou cèdres de l’Atlas, plus exceptionnellement de sapins.
Pour le moment ce petites bêtes ne font pas beaucoup de dégâts, mais plus la saison avancera, plus les dégât seront importants et dès les premiers froids nous verrons apparaître ces nids soyeux au bout des branches. 

Quelle lutte automnale ?

 Quand nous verrons les fameux nids, il sera alors un peu tard pour agir car la lutte automnale est basée sur l’intoxication des chenilles par une endotoxine spécifique produite par une bactérie un peu partout, le bacille de Thuringe, Bacillus thuringiensis, qui doit son nom à la région d’Allemagne où il a été décrit. Et plus la chenille est grosse, plus il faudra d cette toxine pour la tuer.
C’est pour cela que nous préconisons une à deux pulvérisations de la toxine, communément appelée BT, dès que les chenilles ont atteint le deuxième stade larvaire, c’est-à-dire environ une semaine après l’éclosion. 

Mais on ne peut pas les voir, si petites en haut des arbres !

Si on ne peut pas observer les chenilles, on a établi un protocole de lutte qui préconise la pulvérisation du BT entre 2 semaines et 45 jours après la date d’éclosion présumée. Cette date est calculable à partir de monitoring fait par piégeage et comptage des papillons mâles.
Deux pulvérisations sont recommandées car les chenilles arrêtent de se nourrir plusieurs jours au moment de leur mue et que le BT est très sensible aux rayonnement UV qui le détruisent en 3 à 5 jours. 

Comment pulvériser ce produit sur des arbre de plus de 3 m de hauteur ?

Il est bien évident que les jardiniers amateurs n’ont pas le matériel capable de porter cet insecticide à plus de deux mètres cinquante. IL faut faire appel à un professionnel agréé. Certaines entreprises paysagistes sont équipées, mais il est préférable de faire appel à une entreprise de lutte « 3D », désinsectisation, désinfection, dératisation, qui peut intervenir efficacement jusqu’à environ 10 m de hauteur. 

Et pour de très grands arbres (20 m) ?

 Si l’arbre est plus haut, il faudra avoir recours au piégeage de descente en fin d’hiver. 

Quelques mots sur le BT :

La toxine du bacille de Thuringe n’est toxique que sur des larves d’insectes.
Les laboratoires de production de produits phytopharmaceutiques ont sélectionné plusieurs souches de Bacille de Thuringe en fonction de leur efficacité et de leurs cibles. Actuellement les plus utilises contre les larve de lépidoptères sont les souches de BT Kurstaki.

Toxicité pour l’homme et pour les autres animaux. 

Depuis que le BT est utilisé, c’est-à-dire depuis presque un siècle, il est admis, suite à des études, que la toxicité de ce produit sur les animaux à sang chaud est très faible du fait de cristal protéinique ne résiste pas à l’acidité d’un estomac. Par contre il peut avoir un effet irritant, notamment s’il est inhalé. Il faut donc mettre un masque pour préparer la bouillie si le produit est sous forme de poudre.
Quant à la toxicité sur les arthropodes, les positions sont plus controversées, particulièrement chez les opposants aux OGM qui considèrent que les plante GM BT sont toxiques pour les abeilles et les coccinelles. Mais il est difficile de se faire une opinion, chaque camp accusant l’autre d’expérimentations biaisées.
Certains écologistes un peu extrémistes accusent le BT de détruire des populations de papillons non ciblées.
Cette accusation est erronée lorsque l’usage du produit répond aux normes en vigueurs, c’est-à-dire ne pas traiter quand il y a du vent et ne viser que les plantes parasites par des chenilles.
De plus, pour être dangereux pour la biodiversité, il faudrait que les traitements aient lieu en même temps que le développement de chenilles non ciblées, ce qui statistiquement est très peu probable.  

Posez toutes vos questions au cours de l’émission jardinage le dimanche matin sur France bleu Isère de 9 heures à 10 heures en appelant au 04 76 46 45 45 

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