Interdire les écrans chez la nounou et à la crèche : les professionnels franciliens de la petite enfance sont perplexes

En attendant les conclusions du groupe d'experts réuni par le président de la République pour réfléchir au bon usage des écrans pour les enfants, les députés LR Annie Genevard et Antoine Vermorel-Marques, ont déposé ce lundi une proposition de loi pour interdire télés, téléphones et tablettes là où sont gardés beaucoup d'enfants de moins de trois ans, chez les assistantes maternelles et dans les crèches.

Maria Sousa Maceira garde des enfants chez elle dans l'Essonne depuis plus de vingt ans. Déléguée du syndicat Unsa Proassmatt, elle considère que cela reviendrait à "fliquer" les nounous. Elle s'interroge sur la faisabilité d'une telle mesure : "On travaille à domicile, comment vont-ils faire ? Ils viendront nous dire rangez votre télé pendant la semaine vous la ressortirez le week-end ? Si on ne peut pas utiliser nos portables, comment fait-on pour prévenir qu'un enfant est malade ? Ou pour savoir qu'un parent est en retard ?" Cette proposition n'a pas lieu d'être pour elle dont la télé reste éteinte et qui n'utilise son téléphone qu'en cas d'urgence pendant ses heures de garde. *

Le rôle des familles

Actuellement chargée de garder quatre enfants, âgés de neuf mois à deux ans, près de Poissy, Florence Gauthier applique les mêmes règles et se dit informée des dangers des écrans pour les tout petits : "On a eu beaucoup de réunions sur le sujet". Elle constate néanmoins, lorsqu'elle est contrainte d'utiliser son téléphone devant eux, leur attirance pour cet objet : "Ils font souvent des visio avec leurs grands-parents notamment, quand je le sors, ils veulent se voir dedans".

Pour Christine Labbé, secrétaire générale de la CGT crèches-PMI, c'est bien dans les familles que tout se joue. Dans la crèche départementale où elle exerce, à Bobigny, les employés n'ont pas le droit de garder leur portable avec eux lorsqu'ils travaillent. "Il y a tout un travail à faire avec les parents, explique-t-elle, ils ne se rendent pas forcément compte que c'est dangereux pour leur enfant". Cette professionnelle rapporte avoir été confrontée à des cas d'hyperactivité chez certains petits : "en discutant, on se rend compte qu'il n'y a que ça chez eux, des écrans".