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Congé menstruel, télétravail... Comment améliorer le quotidien des travailleuses souffrant de règles douloureuses ?

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Une proposition de loi examinée par les députés propose d'instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses. L'idée est loin de faire consensus, y compris chez des travailleuses atteintes d'endométriose.

Une proposition de loi prévoit la possibilité pour les femmes d'avoir jusqu'à 13 jours d'arrêt maladie par an en cas de règles douloureuses. Une proposition de loi prévoit la possibilité pour les femmes d'avoir jusqu'à 13 jours d'arrêt maladie par an en cas de règles douloureuses.
Une proposition de loi prévoit la possibilité pour les femmes d'avoir jusqu'à 13 jours d'arrêt maladie par an en cas de règles douloureuses. © Radio France

La proposition de loi qui propose d'instaurer un congé menstruel revient à l'Assemblée nationale jeudi 4 avril. Ce texte déposé par des députés écologistes prévoit entre autres la possibilité pour les femmes d'avoir jusqu'à 13 jours d'arrêt maladie par an, sans carence et intégralement payés par l'Assurance maladie, sous réserve d'un certificat médical.

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Il s'adresse aux femmes souffrant de règles douloureuses incapacitantes. Une femme sur deux entre 15 ans et 49 ans est concernée, soit set millions de femmes, selon une enquête de l'Ifop. Près d'un tiers d'entre elles sont atteintes d'endométriose, selon les données du ministère de la Santé.

L'article 1er du texte, consacré au congé menstruel, a été rejeté en Commission des Affaires sociales à l'Assemblée nationale, le 27 mars. Le Sénat, lui, avait dit non à une proposition de loi similaire du groupe socialiste, mi-février, pointant notamment les risques de "discrimination à l'embauche" si cette loi venait à être adoptée. Le ministre de la Santé en personne, Frédéric Valletoux, et le Medef, le syndicat patronal, ont aussi affiché leur désaccord avec l'idée d'un congé menstruel.

Une "fausse bonne idée"

L'idée n'est pas consensuelle y compris chez les premières concernées. Comme Véronique Pereira, travailleuse pourtant atteinte d'endométriose. "C'est une fausse bonne idée parce que ça réduit l'endométriose et la douleur pelvienne aux douleurs de règles. Mais les femmes peuvent avoir des douleurs en dehors des périodes de règles", explique-t-elle.

"Si les femmes atteintes d'endométriose choisissent par exemple de prendre deux jours de congé sur une crise qu'elles évaluent à six sur dix sur l'échelle de la douleur et que dix jours plus tard, elles ont une crise à neuf sur dix, elles n'auront plus de stock de congé et devront aller travailler avec ces douleurs-là", poursuit la femme de 33 ans tout en insistant sur le fait que c'est "une bonne chose" de prendre au sérieux le quotidien des femmes à travers le texte de loi.

"Il faut aller plus loin"

Les règles douloureuses, Véronique Pereira en garde des souvenirs tout aussi douloureux sur son ancien lieu de travail. Elle n'avait pas osé parler de sa pathologie. Livrée à elle-même, elle a démissionné pour se mettre à son compte, ce qui lui permet de gérer son emploi du temps comme elle le souhaite désormais. "Quand j'ai mes règles, j'évite d'avoir des rendez-vous. J'ai moins de stress au quotidien et je sais que ça aide beaucoup. Ma maladie ne progresse plus depuis deux ans", assure la conseillère en investissements financiers.

Atteinte d'endométriose, Véronique Pereira intervient dans les entreprises pour sensibiliser sur le bien-être des travailleuses souffrant de la maladie.
Atteinte d'endométriose, Véronique Pereira intervient dans les entreprises pour sensibiliser sur le bien-être des travailleuses souffrant de la maladie. © Radio France - Louison Leroy

C'est pourquoi elle est davantage favorable au télétravail en cas de règles douloureuses : "Il faut aller chercher de la flexibilité sur le temps de travail, des aménagements de postes si nécessaire voire de l'assistance pour chercher une RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) des fauteuils ergonomiques contre les douleurs...Tout ça va les aider à rester et à poursuivre leur carrière au sein de l'entreprise."

Aménager plus facilement les postes en cas de douleurs menstruelles en ayant recours au télétravail, c'est aussi ce que proposent les élus écologistes dans leur proposition de loi examinée à l'Assemblée nationale.

Salle de repos, bouillottes et couvertures

Le mot "flexibilité" revient également souvent dans la bouche de Laurence Comte-Arassus, directrice chez General Electrics Healthcare. Son entreprise fait appel aux services de Véronique Pereira pour sensibiliser sur le bien-être des travailleuses. Une étude menée auprès des salariés du site de Buc, dans les Yvelines, révèle que 13% des femmes sont concernées par les règles douloureuses.

Plusieurs propositions anonymes ont été faites dans cette étude. "On prévoit de répondre à la demande d'ouvrir une salle de repos, à l'abri des regards, où les salariées pourront se reposer avec une lumière tamisée et du matériel pour calmer les douleurs comme une bouillote, une couverture", détaille la directrice. Le congé menstruel n'a pas été évoqué une seule fois selon elle.

Le travail est encore long avant de briser le tabou : aucune salariée dans l'entreprise n'ose confier publiquement qu'elle souffre de règles douloureuses.

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