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Vendée Globe : Arnaud Boissières "ne laisse pas la place au vide"

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Il y a un mois jour pour jour, le 11 février, le skipper arcachonnais installé aux Sables d’Olonne bouclait son quatrième tour du monde à la voile en solitaire. De retour chez les terriens, il chasse le spleen en se projetant sur le prochain. Interview.

Arnaud Boissières a pris la 15ème place du dernier Vendée Globe. Arnaud Boissières a pris la 15ème place du dernier Vendée Globe.
Arnaud Boissières a pris la 15ème place du dernier Vendée Globe. © AFP - Loic Venance

Le 11 février dernier, Arnaud Boissière touchait terre, bouclant son quatrième Vendée Globe d'affilée. L'Arcachonais établi aux Sables d'Olonnes retrouvait sa famille, son équipe, après 94 jours en mer. Le vainqueur de l'édition, son ami de toujours Yannick Bestaven venait le féliciter. Comment se sent-on un mois après l'arrivée ? "Cali" se confie à France Bleu.

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France Bleu : On dit qu’il faut plusieurs semaines voire plusieurs mois pour se remettre d’un Vendée Globe ?

Arnaud Boissières : En moyenne, on met trois semaines à s’en remettre. Mais quand on me le demande, je dis qu’on met toute une vie à se remettre d’un Vendée Globe. J’ai quand même l’impression que je ne suis pas remis physiquement. Je fais un peu de vélo d’appartement parce que j’ai vraiment les jambes toutes molles, je n’ai pas de cannes comme on dit. J’étais dans une propriété viticole dans le Bordelais, on a marché un peu et au bout d’un quart d’heure, je m’essoufflais. Je ne sais pas si c’est l’âge ou quoi. Là ça commence vraiment à aller mieux, je serai d’aplomb dans une semaine. Après, mentalement, j’ai des petits flash-back des moments durs du parcours et des fois je me réveille la nuit, en me disant que le lit ne bouge pas, qu’il n’est pas mouillé. Ça me fait rire tout seul.

Je vis un rêve éveillé, c’est plus que de la drogue, c’est ma manière de vivre maintenant.

Vous avez encore l’esprit en mer ?

J’ai plus l’esprit en mer pour me projeter que l'esprit en mer par rapport au parcours que j’ai fait. J’essaye justement d’analyser les phases du parcours pour essayer d’en tirer les conséquences. Avec Xavier Macaire, on doit faire un débriefing du tour du monde au niveau stratégie, au niveau météo. La vie de marin c’est ça. A peine arrivé à terre, on se projette. J’ai envie d’y retourner et d’essayer d’analyser le pourquoi du comment.

Après 94 jours de mer, Arnaud Boissières retrouve le monde réel.
Après 94 jours de mer, Arnaud Boissières retrouve le monde réel. © Radio France - Bastien Munch

Une fois la course terminée, il y a un vide qui se créé ?

Il y a un vide mais j’essaye de parer ce vide en allant de l’avant. L’avantage ou l’inconvénient que j’ai, c’est qu’on est une petite équipe, on n’est que quatre. Il a fallu démonter le bateau, le démâter, le déquiller, on va le rentrer dans l’atelier. Il n’y a pas trop de place au vide. Le vide se créé plutôt quand tu es avec les copains ou en famille. Ils te posent des questions sur ce que tu as vécu. Quand tu y réfléchis trop, ça fait presque un peu de nostalgie. Mais bon, je suis baigné là-dedans depuis 2007. Tout ce qu’on a vécu, c’est exceptionnel surtout dans le contexte actuel donc je ne laisse pas la place au vide.

On peut dire que vous êtes drogué au Vendée Globe ?

Certains se plaignent pendant le tour du monde, ils en ont marre, ils ne veulent pas le refaire et au final, avec l’euphorie de l’arrivée, ils veulent continuer. Moi je suis tellement bien en mer, en solitaire. C’est extraordinaire ce que ça génère comme émotions. Il n’y a rien de mieux, c’est comme une drogue, je ne sais pas si on peut dire ça, c’est comme une passion. Je vis un rêve éveillé, c’est plus que de la drogue, c’est ma manière de vivre maintenant.

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