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Biarritz Olympique : conflit avec la mairie, projet Aguiléra, maintien... Jean-Baptiste Aldigé s'exprime

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Le président de Biarritz, Jean-Baptiste Aldigé, était l’invité de 100% Rugby ce jeudi 13 janvier. Alors que les discussions patinent avec la Ville concernant les travaux de réaménagements du plateau Aguiléra, le dirigeant évoque aussi la course au maintien, le futur du club, la formation, etc.

Jean-Baptiste Aldigé était invité de 100% Rugby ce jeudi 13 janvier Jean-Baptiste Aldigé était invité de 100% Rugby ce jeudi 13 janvier
Jean-Baptiste Aldigé était invité de 100% Rugby ce jeudi 13 janvier © Radio France - Thierry Trucat

Qui a dit qu'il ne se passait rien lors des semaines européennes pour le Biarritz Olympique lancé dans la course au maintien ? À chaque fois, depuis le début de cette saison, elles correspondent à des passes d'armes entre la SASP BOPB et la Ville concernant le projet Aguiléra. Pas d'exception à la veille de la réception de Newcastle pour la troisième journée du Challenge européen (21h). Du rififi entre la maire Maider Arostéguy et le président du directoire du club biarrot. Jean-Baptiste Aldigé s'explique ce jeudi 13 janvier dans 100% Rugby. Le dossier Aguiléra, les rapports avec la Ville, le futur du club, mais aussi la course au maintien, la formation, etc... le président biarrot répond aux questions de France Bleu Pays Basque.

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France Bleu Pays Basque : Quand Maider Arostéguy demande des garanties, que comprenez vous et quelles garanties pouvez-vous lui amener ?

Jean-Baptiste Aldigé : Je voudrais rappeler qu'en décembre, Mme Arostéguy s'est engagée. Il y avait un accord entre le SASP Biarritz Olympique Pays Basque et la maire de Biarritz. Elle a été dans les journaux, elle l'a écrit, elle s'est prononcée chez vous d'ailleurs... Un accord, sur le modèle utilisé par nos voisins bayonnais, mais aussi par Agen, Brive, Pau et par le passé de nombreux clubs en France. Un projet autour de 30 millions d'euros hors taxe prévoyant, à travers un bail emphytéotique liant la mairie de Biarritz et la SASP, la construction d'un stade, d'un centre d'entraînement et de formation, la pose d'une nouvelle pelouse et la rénovation de la fameuse Villa rose. Tout cela pour autour de 30 millions, avec un financement public-privé à hauteur de 15 millions d'euros pour nous, 15 millions pour les collectivités. 

Mme Arostéguy revient sur la totalité du projet Aguiléra.

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Qu'est ce qui a changé ?

Il fallait, pour mettre en place cet accord, signer des études, le dépôt de permis. Faire ça en janvier pour un début de travaux prévu, et là aussi acté initialement par Mme Arostéguy, au mois de juin prochain. Pendant toutes les fêtes de Noël, Louis-Vincent Gave a essayé de joindre Mme Arostéguy, avec de nombreux e-mails.  Elle n'a pas répondu. Et avant le nouvel an, elle nous envoie un e-mail où elle nous dit : "j'aurais besoin de me rassurer avant d'engager la ville et nos deux entités et de vous parler directement". Chose acceptée par Louis-Vincent Gave et ça a eu lieu mercredi dernier, le 5 janvier. Réunion durant laquelle, Mme Arostéguy revient sur la totalité du projet. 

Elle nous a dit alors : "j'ai besoin de réfléchir. Je vous ferai part de ma réponse dans une semaine". Une semaine, c'est à dire hier (mercredi 12 janvier, ndlr). Elle nous a envoyé son adjoint aux finances (Édouard Chazouillères, adjoint aux finances et aux grands projets) pour nous expliquer qu'il ne fallait pas qu'on signe les études, qu'elle voulait reprendre le projet et qu'elle voulait le retravailler. Elle a été élue en grande partie pendant sa campagne sur ce projet en disant à tous les Biarrots que la ville de Biarritz méritait un club professionnel, qu'il fallait donner des infrastructures. À Bayonne, Agen, Pau, les choses bougent. À Biarritz il ne se passe rien, jamais. Il doit y avoir un microclimat.

Jean-Baptiste Aldigé, la maire de Biarritz, Maider Arostéguy, et Serge Blanco
Jean-Baptiste Aldigé, la maire de Biarritz, Maider Arostéguy, et Serge Blanco © AFP - Gaizka Iroz

Mme Arostéguy vous a t-elle demandé de confirmer le fait que vous aviez les 15 millions d'euros disponibles pour financer le projet et les études ?

Ces études dont on parle pour lancer tout ça, elles valent 500.000 euros. Nous étions prêt à signer avec nos prestataires. Aujourd'hui, elle modifie tout, via le langage politique, la genèse technique et financière de ce projet. Elle a modifié l'architecture. Encore une fois, on avait un accord. Est-ce que vous vous rendez compte du timing que ça implique ? C'est à dire qu'on est parti pour deux ou trois ans de plus ! C'est ça qui va se passer. Alors qu'on devait commencer en juin.

Jean-Baptiste Aldigé, le club, ses propriétaires ont-ils à leur disposition ces 15 millions d'euros ? Est-ce que le prêt a été accordé par les banques ?

Non, mais il faut qu'il y ait un projet. Donc, il faut qu'il y ait un contrat. Avant d'aller voir votre banquier pour demander un prêt de rénovation, parce que c'est ça, vous allez lui présenter un projet. Aujourd'hui, on n'a pas eu l'autorisation de la mairie de Biarritz, qui ne veut plus du projet. 

En octobre dernier, le Crédit du Nord avait verrouillé les comptes de monsieur Charles Gave...

Charles Gave n'a rien à voir avec le BO, il n'a pas d'action. C'est Louis-Vincent Gave le propriétaire, le fondateur de Gavekal, propriétaire de Gavekal. Charles Gave vient aux matches, il fume le cigare, on rigole. Oui, il participe au conseil d'administration, et alors ? Vous avez aussi le compte en banque de Nicolas Brusque, de Serge Lagaronne, le gérant de Laurent Mindurry (membres du CA, ndlr). Les comptes de Charles Gave ne sont en rien liés au Biarritz Olympique Pays Basque.  

En attendant, le stade Aguiléra s'apprête à recevoir ce vendredi Newcastle dans le Challenge européen
En attendant, le stade Aguiléra s'apprête à recevoir ce vendredi Newcastle dans le Challenge européen © Radio France - Stéphane Garcia

Sans projet, l'actionnaire ne remettra pas au pot. Mais on ne va pas fermer.

Conséquences, s'il ne se passe rien au printemps pour le club ?

Les deux dernières années, Mme Arostéguy nous a dit "il faut que vous commenciez à donner l'envie d'avoir envie". Commencez par avoir des résultats sportifs et on vous donnera des moyens. L'actionnaire a consenti de nombreux efforts financiers en tout premier lieu. Et donc, on a monté une équipe qui, aujourd'hui, a atteint le Top 14. Donc, le résultat est là et depuis qu'on est en Top 14, où sont les fameux moyens ? Que fait-elle ? Quel est le timing ? Où ? Quand ? Comment ? Aujourd'hui, dans l'état des installations d'Aguiléra, le club peut générer à peu près 5 à 7 millions de chiffre d'affaires en Pro D2. C'est ça la réalité. Donc vous faites un budget de 5 à 7 millions. Jusque là, on avait fait plus parce que c'était l'apport de l'actionnaire, pour se donner l'ambition d'essayer d'atteindre la première division et d'avoir une sécurité pour avoir des résultats sportifs. Aujourd'hui, la Ville de Biarritz dit "débrouillez-vous, on vous fait pas d'installations".  Donc nous, on va ramener le fonctionnement de club à 7 millions de budget

Saili ou Kuridrani, ce sont des fin de carrière confirmées-étranger. Ils viennent, en effet, ils ont l'ambition de gagner et donc ils préféreraient qu'il y ait des installations et des structures qui nous permettent de le faire. Mais dans le cas d'un Lucas Peyresblanques, Mathieu Hirigoyen, Tornike Jalagonia... je vais devoir leur dire : "Vous allez rester à Biarritz et on n'aura plus aucune ambition. Déjà, vous n'allez pas avoir des installations." Eux aspirent au haut-niveau. Et donc, pendant des années, Biarritz va laisser partir ses plus grands talents pour d'autres destinations. Ce n'est pas une histoire de salaires. C'est une histoire qu'il faut pouvoir leur donner les outils de leurs ambitions. Sans projet, l'actionnaire ne remettra pas au pot.

Donc, quelle que soit la situation en fin de saison, vous continuez le projet Biarritz Olympique avec la famille Gave ?

Bien sûr. On ne va pas fermer. On ne va pas s'en aller. J'entends souvent, "ils vont s'en aller." Je rappelle quand même qu'on a 95% de l'histoire (du capital du club, ndlr), donc on ne s'en va pas comme ça. Si vous avez une vieille bagnole vous ne l'abandonnez pas en pleine rue. Il faut trouver un repreneur ou sinon l'envoyer à la casse. Aujourd'hui, je voudrais d'abord que Mme Arostéguy m'explique pourquoi elle est revenue sur cet accord. 

Le BOPB compte 20 points après 15 journées de Top 14
Le BOPB compte 20 points après 15 journées de Top 14 © AFP - Romain Perrocheau

Que le gamin soit de Géorgie, d'Afrique du Sud ou de Saint-Pierre-d'Irube... je n'aime pas trop faire de différences entre les origines. On s'adapte juste.

À onze journées de la fin, le BO reste dernier du Top 14. Vous croyez le maintien toujours possible ?

Bien sûr, on n'a que trois points d'écart avec Perpignan même si bien sûr, on aurait préféré gagner. On a des victoires qui vont compter, qui nous gardent en vie : Bordeaux, le Racing en première partie de saison. L'USAP doit encore recevoir Lyon, le Racing 92, le Stade Toulousain, l'UBB. Ce n'est pas un emploi du temps facile, non ? On devra aussi pouvoir gagner des matchs. Ça ne sera pas facile. Brive sera important parce que c'est le prochain, et le prochain match est toujours le plus important. Il sera important pour le moral aussi.

Vous évoquez 14 jeunes formés au BO dans l'effectif professionnel... mais dans le même temps, dans les classements formation, le BO régresse, l'équipe espoir n'arrive toujours pas à retrouver l'Élite. Les jeunes sont-ils vraiment au centre du projet ? Vous mélangez des Peyresblanques, des Hirigoyen avec des joueurs qui sont arrivés à 19 ans. Est ce que quand un joueur arrive à 19 ans, est ce qu'il est formé au club ?

Ça dépend de la définition donnée au mot formation. Quand on est arrivés, on a parlé de transversalité. Le succès ou pas de notre formation on le mesure au nombre de joueurs sortant de notre centre de formation qui accèdent au niveau professionnel. Que l'équipe espoir soit championne de France ou pas, on s'en tape. J'adorerais qu'elle le soit, attention, ce sont des beaux moments de jeunesse, pour le groupe et pour tous ceux qui partagent ça. Moi même, je l'ai été à Agen et c'est un super moment. Mais ce n'est pas à ça qu'on mesure la qualité d'une formation. La qualité d'une formation c'est combien de jeunes on amène en pro. Des jeunes qui entrent dans une université de rugby pour obtenir un diplôme de JIFF (joueur issue de la formation française) et obtenir un premier contrat professionnel sur le marché du travail. Dans l'équipe qui joue en Top 14 en ce moment, Nutsubidze, Azariashvili, Peyresblanques, Vergnaud, Couilloud, Joe Jonas qui arrive, Jalagonia... l'intérêt reste que l'équipe professionnelle soit la plus performante possible. Et donc, comme on n'a pas d'argent, il faut qu'on ait des idées. 

Avec la Rif  (Réforme des Indemnités de Formation), je n'ai plus les moyens financiers d'aller chercher à 15-17 ans parce que les gros clubs travaillent très bien, l'Union Bordeaux-Bègles en particulier dans notre région. J'adorerais aller chercher un nouveau Baptiste Jauneau à Bidart ou à Saint Pierre d'Irube. Et donc on va détecter des Géorgiens, on va détecter des Fidjiens, on va détecter des Sud-Africains, etc. On n'est pas à l'origine de ce système qui, pour moi, est problématique. On a protégé les clubs formateurs et à la fin, on se retrouve avec des situations où le top six des plus riches a à la fois tous les meilleurs joueurs confirmés et tous les meilleurs jeunes à partir de l'âge de 18 ans. Je le regrette. J'aurais adoré gagner le derby l'année dernière avec 15 Hirigoyen. Donc que le gamin soit de Géorgie, d'Afrique du Sud ou de Saint Pierre d'Irube... je n'aime pas trop faire de différences entre les origines et les couleurs de peau, les religions, les orientations sexuelles. Moi, je suis juste ravi qu'il y ait des jeunes qui trouvent leur chemin.

Le terrain du Bendern sur le plateau d'Aguiléra
Le terrain du Bendern sur le plateau d'Aguiléra © Radio France - Stéphane Garcia

Vous évoquez Pau, Brive, Agen, Bayonne... Votre démarche avec les politiques, les collectivités, sur la forme, les invectives ne sont pas autant d'éléments qui bloquent ?

Je pouvais entendre ce message là au début. Là, le problème, c'est que ça commence à faire un peu de temps et on a rappelé tout à l'heure les thèmes de campagne municipale. À un moment donné, que ma coupe de cheveux aille ou pas, mon orientation sexuelle va ou pas... tout ça, c'est de l'enfumage et de la forme. Le fond, c'est que, je le répète, il y avait une promesse de campagne. Elle n'est pas tenue. Peu importe que ce soit moi ou pas. On vous dit souvent que le club n'appartient à personne, qu'on est deux copains de passage et que l'institution est au-dessus de tout. Moi, j'aimerais à un moment donné qu'on se mette à être professionnel, peu importe que j'aime Mme Arostéguy ou monsieur Couzinet, X ou Y. Non, on ne s'apprécie pas beaucoup. Ce qui compte, c'est que les institutions avancent et que le BO avance lui aussi. Ce n'est pas le cas aujourd'hui et ça ne dépend pas de ma com'. Il y avait un accord en décembre. Mais aujourd'hui, ça ne marche plus.

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