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Quarante ans après l'épopée des Verts : "nous étions des mecs normaux", dit Jean-Michel Larqué

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Le 12 mai 1976 a eu lieu le plus célèbre match de l'histoire de l'ASSE : la finale de la Coupe d'Europe perdue 1-0 contre le Bayern Munich, à Glasgow. Quarante ans plus tard, en 2016, un ancien Vert, Jean-Michel Larqué, se souvient. Il était l'invité de Jacques Vendroux dans "Stade Bleu".

Jean-Michel Larqué vient de sortir un livre "Nos années en vert".
Jean-Michel Larqué vient de sortir un livre "Nos années en vert". -

Jacques Vendroux : Quarante ans après, alors que le football français a connu de belles performances, on parle encore des Verts, c’est un fait de société ?

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Jean-Michel Larqué : Il ne faut pas exagérer. Ça rappelle de bons et de grands souvenirs, des souvenirs de jeunesse tout simplement. (…) À ce moment-là, les gens n’avaient pas trop l’occasion de s’amuser, de s’enthousiasmer. Une équipe d’anonyme, qui avait commencé en 74-75 à faire quelques coups retentissants, et qui, en 75-76, a confirmé. Et puis, c’était des gars sympas, normaux, qui disaient merci, bonjour, au revoir. (…) Tout ça fait que les gens se sont pris de sympathie pour cette équipe et ont suivi leur parcours, à espérer, à chaque fois qu’ils étaient devant leurs écrans de télévision, que les Verts réalisent l’exploit. C’est du domaine du subjectif. Même les supporters de Marseille, de Paris, espéraient que les Verts aillent un petit peu plus loin.

J. V. : Mais c’est une histoire incroyable. On a vécu de belles choses, on a été champions du monde de football, mais les "vrais Verts", comme je vous appelle, les gamins connaissent !

J-M. L. : (Rires) Il y a eu une forme de continuité car aujourd’hui, quand on va à Geoffroy-Guichard, on ne peut pas dire que ce soit anonyme. Il y a de l’ambiance, c’est sympa, il y a les enfants et peut-être même les petits enfants de ceux qui nous supportaient. Ça a touché vraiment tout le monde. Nous, on n’y est pour rien. On s’en rendait pas compte, mais je crois que c’était une harmonie entre ce que les gens attendaient et ce que nous étions.Il y a une phrase qui revient souvent quand on parle de vous, c’est que vous étiez des "mecs normaux".

L'AS Saint-Étienne en 1976.
L'AS Saint-Étienne en 1976. -

"Des gens normaux, dans une ville qui se comporte normalement"

Nous étions des gens normaux dans une société qui ne faisait pas des footballeurs des idoles intouchables, des hommes qui sont dans un autre monde. On faisait partie de la ville. On sortait du stade tout à fait normalement, pas de parking spécial pour garer nos Renault 5 vertes. (…) Après les matchs, on sortait du stade, il y avait dix ou quinze supporters, on prenait notre voiture et on rentrait à la maison. Il n’y avait pas autour des footballeurs les mouvements qu’il y a aujourd’hui, qui sont parfois disproportionnés. Les gens se comportaient normalement et étaient également respectueux de nous.

J. V. : Et 40 ans après, vous êtes toujours copains !

J-M. L. : J’ai connu deux équipes à Saint-Étienne, en treize ans de carrière. (…) aujourd’hui si vous prenez la photo d’une équipe normale, trois ans après, il reste trois joueurs. Moi j’ai connu les mêmes, donc ça crée des liens. Et puis l’aventure, ça crée des liens. C’est plus facile de nouer des liens quand on remporte des titres que quand on prend des branlées.

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(L'interview continue dessous. Pour écouter les sons, survolez avec votre souris et cliquez)

"Romeyer, il a du sang vert dans les veines"

Jacques Vendroux :  Qu’est-ce qui reste de l’esprit vert de votre époque, maintenant, honnêtement ?

Jean-Michel Larqué : Ah je pense qu’il y a encore quelque chose, honnêtement. D’abord le président, Roland Romeyer, il a du sang vert. Il est arrivé lorsque j’étais revenu à Saint-Étienne en 1993. (…) Dominique Rocheteau aussi. S’il y en a bien un qui aurait pu être de notre équipe, c’est Christophe Galtier. Il a tout compris de ce qu’attendent les supporters verts. Ce trio me rappelle Rocher, Herbin, Garonnaire. Ils sont garants de la continuité de l’histoire de l’AS Saint-Étienne.

J. V. : Quand vous évoquez cette période, il y a une passion qui est incroyable.

J-M. L. : J’aurais pu faire une carrière de footballeur avec plus de sélections en équipe de France. Peu importe ! Connaître les moments qu’on a vécu quand on a renversé la situation contre Split, contre Kiev, quand on a résisté à Eindhoven (voir l'image ci-dessous), ça reste des souvenirs et des jouissances, je pense, que peu de personnes dans leur vie ont la chance de connaître.

J-M Larqué lors de la 1/2 finale de Coupe d'Europe contre Eindhoven, le 31.03.76
J-M Larqué lors de la 1/2 finale de Coupe d'Europe contre Eindhoven, le 31.03.76 © Maxppp -

"Peu de gens ont eu la chance qu’on a eu"

J.V. : Quels souvenirs vous gardez de cette descente des Champs Élysées (rires) qui était une blague, qui est devenu quelque chose de très sérieux, d’irréel, d’ubuesque… Platini se répand encore aujourd’hui "comment tu peux oser faire descendre les Champs Élysées à une équipe qui a perdu, alors que moi, j’ai tout gagné, je ne les ai jamais descendus" ?(NDLR : à l'époque, à l'instigation de Jacques Vendroux, alors journaliste de France Inter, une foule de 14 juillet est rameutée sur les Champs Elysées qui chante: "On a gagné !", 100.000 personnes, selon la préfecture de police).

J-M. L. : Il fallait qu’il y ait un fou comme instigateur. (rires) C’est le point final d’une épopée où une défaite n’a rien altéré. (…) C’est tout le paradoxe ! On a perdu une finale, mais ça n’a, en rien, altéré tout ce qui s’est passé auparavant. Même Jacques Chirac, qui était Premier ministre, lorsqu’il est arrivé dans les salons, ne savait pas que les Verts descendaient les Champs et ne comprenait pas pourquoi il y avait autant de voitures, et vertes en plus !

J. V. : Et Valéry Giscard d’Estaing, président de la République, très agacé…

J-M. L. : … Oui car on devait arriver à 16h, et nous sommes arrivés à 19h, dont certains en sabots ! (rires).

J.V. : Merci Jean-Michel Larqué, je rappelle le titre de votre excellent livre, "Nos années en vert" qui vient de sortir aux "éditions du Toucan".

Jean-Michel Larqué, invité de Jacques Vendroux dans Stade Bleu

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