1976, mémoire de supporters : le retour à Paris et à Saint-Étienne

Une fois la défaite reçue en pleine figure tel un uppercut inattendu, les 30 000 supporters des Verts ont entamé leur retour en France, dès les premières heures du 13 mai. Les avions partent tant bien que mal des aéroports écossais pour transporter ces cortèges d'hommes et de quelques femmes souvent écrasés par le chagrin. Alors quand un car de supporters Munichois arrive par erreur dans l'aéroport dédié aux Français, c'est un peu la finale qui s'est poursuivie comme se le rappelle Jean. "Là, je me suis rendu compte que dans la langue il y avait des mots universels parce que quand ils sont arrivés habillés aux couleurs du Bayern dans l'aéroport -où il devait y avoir 5 à 6000 Français-, l'aéroport a entonné comme un seul homme 'ils sont cocus !' et ils ont compris...".

ⓘ Publicité

On patiente, comme on peut en attendant de grimper dans un avion vers l'hexagone. Denis était à Glasgow et se souvient de cette foule de supporters. "Il y avait aussi des artistes, des comédiens, des musiciens. Il y avait Jean Amadou, Bernard Pivot. Des humoristes faisaient leur numéro en attendant le départ de l'avion. Il fallait attendre toute la nuit. C'était un spectacle fabuleux. On en avait la chair de poule."  C'était les dernières minutes vécues ensemble par le peuple vert de Glasgow avant de se disséminer partout en France pour porter la bonne parole, celle d'une aventure hors du commun, d'un souvenir de toute une vie.

Malgré cette finale perdue 1-0 face au Bayern, en Coupe des clubs champions, Marco a bien vu qu'il y avait ceux qui y étaient et les autres. À son retour dans la Loire, ce supporter des Verts a ressenti un autre sentiment, une différence : "Quand on est revenus, on avait envie de raconter la fête là-bas, les filles qu'on avait rencontrées, enfin tout ce que la jeunesse peut faire quand elle part huit jour ensemble. Et en fait, quand on est arrivé, on a fait que nous parler du match. Il y avait un décalage."

À Saint-Étienne, les supporters des Verts veulent revoir, toucher les héros, ceux dont ils sont amoureusement fiers, ceux qui permettent désormais à leur ville d'exister sur la carte du monde, et pour des décennies encore. Marthe se souvient de tout, "du retour des Stéphanois, le défilé dans la Grand Rue... On les attendait au stade. On les a attendus longtemps mais on était là."

C'est comme s'ils avaient gagné pour nous. Moralement, c'est les vainqueurs !

Ce 13 mai 1976, les vedettes de l'ASSE sont demandées de partout. Avant de retrouver leur Chaudron, leur ville, leur cœur et leur famille, ils sont à Paris, pour un défilé en R5 vertes aux couleurs de France Inter à l'origine de ce rassemblement, grâce à Jacques Vendroux. Ce jour-là, le président Valéry Giscard d'Estaing les attendra une heure et demi à l'Élysée, le temps que les Verts parviennent à remonter les Champs. Ce jour-là, ils sont les rois de Paris, les rois de France, revenus de bataille, vaincus, mais la tête haute et le torse bombé.

ARCHIVES - Les Verts de retour à Paris

Ivan Ćurković et Gérard Farison défilent dans une R5 sur les Champs-Élysées à Paris, le 13 mai 1976.

Jean-Michel Larqué défilent sur les Champs-Élysées et signe de nombreux autographes le 13 mai 1976.

Robert Herbin, l'entraîneur de l'AS Saint-Étienne, et Roger Rocher, président de l'ASSE, sur les Champs-Élysées, à Paris, le 13 mai 1976.

Dominique Rocheteau assailli par les fans sur les Champs-Élysées le 13 mai 1976.

Le 13 mai 1976, au lendemain de la finale, les Verts descendent les Champs-Élyseés avant d'être reçus par le président de la République_.
_

Les Verts dans la cour de l'Élysée le 13 mai 1976. Patrick Revelli ressert son nœud de cravate avant de rencontrer Valéry Giscard d'Estaing.