FC Nantes : Kader Bamba, le remplaçant déroutant

Devant la porte du vestiaire visiteur, dimanche après-midi, Antoine Kombouaré enlace ses joueurs les uns après les autres. "Il faut demander à Kader ce qui lui a pris de frapper", taquine le Kanak, encore surpris de l'issue de ce match de la peur. Quelques minutes plus tôt, alors que les Havrais ruminaient encore leurs loupés en seconde période, Kader Bamba en a profité pour les mettre définitivement K.O. Une course de 20 mètres ballon au pied à haute intensité, sans jamais regarder la cage normande, conclue par une frappe légèrement croisée qui vaut cher dans la course au maintien. "J’avais une fenêtre, j’ai tiré", confie le numéro 12 canari, marqué à la culotte par son entraîneur.

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"Tu es un attaquant et à la fin, on regarde tes statistiques"

Sur le banc en début de rencontre pour la 26e fois de la saison, Kader Bamba a cette fois eu un quart d'heure pour tenter de débloquer la rencontre. "J'ai voulu le piquer en choisissant Bénie Traoré, lors de mon premier changement, raconte son entraîneur. Il m’a fait démentir, c’est bien. Il a gagné du temps de jeu pour le prochain match." Remplaçant le plus utilisé de Ligue 1, le joueur de 29 ans était donc dans un bon jour. "C’est un beau joueur, reconnaît Antoine Kombouaré. Mais il ne sait pas que le foot, ce n’est pas d’être beau, c’est d’être décisif, d’être un tueur et c’est ce qui lui manque. On lui dit : 'tu es un attaquant et à la fin, on regarde tes stats'. Ce n’est pas être égoïste, mais décisif. Souvent, il joue en deux touches. Il remet la balle à l’arrière. Il faut qu’on lui arrache la tête avant qu’il aille faire un dribble, pour qu’il aille au bout des actions."

Rare dans les médias, l'ex-Stéphanois ne pouvait pas faire l'impasse après son deuxième but de la saison. "Ces derniers jours, le coach me dit de plus frapper, de plus marquer à l’entraînement, confie le principal intéressé qui quittera très certainement les bords de l'Erdre en juin. C’est ce que j’essaie de faire. Il me manque des stats. Il vaut mieux marquer plus souvent que marquer des buts importants tous les deux-trois mois. Il faut que je marque beaucoup plus." Joueur d'instinct, capable de bousculer le scénario d'un match comme de passer complètement à côté, Kader Bamba doit aussi impérativement gagner en régularité pour en finir avec ces prestations très aléatoires. L'histoire de sa carrière, pour le moment.

Un groupe au soutien du feu follet nantais

Qualifié par Pierre Aristouy de " petit moteur" en début de saison, Kader Bamba veut en finir avec les étiquettes qui lui collent à la peau. " On me l’a souvent dit mais je ne suis pas du même avis , balaie l'éphémère amiénois. Quand on enchaîne les matches c’est plus facile de durer, faire 70-80 minutes. Mais quand on joue puis on ne joue pas c’est beaucoup plus difficile pour un joueur, peu importe son niveau physique, c’est compliqué." Sur le sujet, ses partenaires volent à son secours. "Quand on a peu de temps de jeu, rentrer dans un match ce n’est jamais facile, même si tu es un joueur offensif, décrypte Moussa Sissoko. Trouver le rythme, le second souffle, ce n’est pas évident. Après, c’est vrai que c’est à lui d’être plus méchant envers lui même car il a toutes les qualités pour faire les différences."

Joueur solaire, capable de tenter - et réussir - une roulette dans sa surface de réparation au Parc des Princes, face à Julian Dralxer, de réaliser une merveille de frappe enroulée qui laisse de marbre Steve Mandanda au stade Vélodrome, Kader Bamba n'a pas embrassé la carrière qui aurait pu être la sienne. "J'espère que ce but va lui donner de la confiance parce qu'il a cette fraîcheur et cette agilité à aller vers l'avant quand il rentre", lance son capitaine, Pedro Chirivella. "C'est le travail qui paye", prolonge Nicolas Pallois. Et si, cette fois, c'était la bonne pour le feu follet nantais, pour définitivement dribbler ses détracteurs et embraser les défenses de Ligue 1 ?