Gratuité des transports à Montpellier, quelles leçons tirer de l'expérience de Tallinn, en Estonie ?
Après trois jours passés à Tallin, capitale de l'Estonie, la délégation de la Métropole de Montpellier revient rassurée, c'est faisable sans ruiner la ville, cela permet de réduire la circulation, mais il faut rester vigilant et continuer d'investir.
Quelles leçons ou conseils retenir après la visite dans la capitale estonienne sur la gratuité des transports ? Tallinn ville de 450.000 habitants, comparable donc à la Métropole de Montpellier, a été la première grande ville européenne à lancer la gratuité des transports en 2013.
Une délégation de la Métropole de Montpellier a rencontré cette semaine des élus et des techniciens de Tallinn pour mieux comprendre comment ils s'y étaient pris en 2013. Ils rentrent déjà avec la conviction que c'est une bonne mesure. "La gratuité des transports n'a pas affaibli l'offre de transports. Au contraire, les finances de la Ville se portent mieux puisque la gratuité des transports a permis à des entreprises de s'implanter. Et ça participe au rayonnement de la ville. Et j'ai bien la conviction qu'à Montpellier ce sera pareil" explique Michaël Delafosse, président de la Métropole de Montpellier qui lance la gratuité en décembre prochain pour tous les habitants de la Métropole.
"Ils ont démontré que l'autofinancement de la gratuité ne mettait pas en péril les finances de la ville et qu'elle n'augmentait pas l'insécurité dans les transports. Ce qui ne nous empêchera pas de faire la plus grande police des transports de France, ils ont démontré aussi que la gratuité permettait aussi un report de la voiture vers les tramways." ajoute Julie Frêche, vice-présidente en charge des transports à la Métropole de Montpellier
La gratuité n'est pas une fin en soi, elle doit s'accompagner d'investissement pour améliorer le service
Mais cette réussite passe par une vigilance extrême sur les investissements. "La gratuité n'est pas une fin en soi" explique Loïc Messner, le nouveau directeur de la TaM, exploitant des transports à Montpellier. "La gratuité, c'est finalement une brique parmi d'autres. Ce qu'ils nous ont expliqué localement, c'est que cette gratuité doit être accompagnée d'un développement de l'offre, d'un investissement sur l'outil industriel et je pense que c'est important de l'entendre.
Ça conforte le fait qu'il faut investir dans l'outil industriel, disposer d'un atelier supplémentaire et de matériel supplémentaire pour pouvoir accompagner cette gratuité. L'attente des Montpelliérains et des habitants de la métropole, à juste titre, c'est que la qualité de service soit maintenue*, qu'elle soit même améliorée, et que la sécurité soit aussi améliorée dans le tram, dans le bus. Et ça, ça passe par un renouvellement du parc.". Une leçon que Julie Frêche a bien retenu aussi "Le principal enseignement de ce voyage d'étude, c'est que la gratuité ne peut se faire sans investissement majeur dans le réseau de transport public".*
La gratuité permet un report de la voiture sur le tram
Les élus ont eu la preuve par l'exemple que même dans une ville qui n'est pas concernée par les bouchons, la mise en place de la gratuité encourageait certains automobilistes à laisser leur voiture. Le nombre de véhicules a baissé de 4% en 10 ans alors que la circulation a augmenté de 7%. "En Estonie, les voitures ne coûtent rien, le prix de l'essence est bien moins cher qu'en France et même sans toutes ces contraintes, ils arrivent à faire baisser le trafic automobile alors que parallèlement, la population augmente" explique Julie Frêche.
"Dans un contexte d'inflation où le prix de l'essence est à 2 euros le litre et qu'on est obligé de sacrifier le cinéma avec ses enfants, une mesure de gratuité des transports, permet de préserver le pouvoir d'achat t*out en agissant pour que nous contribuons à réduire nos émissions de CO2, qui est un enjeu essentiel pour les jeunes qui nous le rappellent à juste titre, mais pour notre avenir commun."* se félicite le président de la Métropole de Montpellier.
Et si le TER devenait gratuit aussi entre Montpellier et Baillargues ou Villeneuve les M
La délégation de Montpellier revient aussi avec de bonnes idées, comme celle d'étendre la gratuité à certains trajets en TER au sein de la Métropole. Et Michaël Delafosse a bien l'intention de s'en inspirer. "Ils ont réussi à nouer des partenariats soit avec le gouvernement central estonien, soit avec les intercommunalités voisines, pour que la gratuité puisse s'appliquer dans ce qu'est l'équivalent de nos TER. Et ça, je trouve ça très réussi, très intéressant.
Et ce sera un dialogue avec la présidente de Région et avec l'État. On va travailler sur ce sujet. C'est cinq minutes pour rejoindre la gare Saint-Roch depuis Baillargues. C'est quatre minutes pour faire Villeneuve-lès-Maguelone / Montpellier en train" rappelle Julie Frêche.
La data pour améliorer le service, fini de badger dans les transports
Autre idée développée par les élus estoniens qui a retenu l'attention des Montpelliérains, la nécessité d'effectuer des comptages précis des voyageurs pour améliorer le service. "On sent que les Estoniens sur ce sujet de la gestion de la data sont plus en avance" constate Michaël Delafosse. "À partir du 21 décembre prochain, avec l'entrée en vigueur de la gratuité, nous allons supprimer la validation pour qu'il y ait un accès encore plus facile dans le tramway, il faudra être muni de son pass gratuité, mais il n'y aura plus besoin de valider son pass à l'intérieur des trams et des bus.
Nous allons déployer à partir de cet été dans toutes les rames et dans tous les bus un système de comptage par faisceaux laser. On aura une idée extrêmement fine de la fréquentation. Avec le pass Mobilité, on va complètement digitaliser l'accès à l'offre de transport public sur le territoire de la Métropole. Et grâce à cette dématérialisation, on aura suffisamment de données pour éclairer les futurs choix des politiques publiques" se félicite Julie Frêche
"Plus de social sans écologie, pas d'écologie sans social"
Pour Michaël Delafosse, la gratuité des transports, c'est le sens de l'histoire. "Tallinn, Montpellier, Dunkerque, Heidelberg, le gouvernement allemand qui a décidé de mettre le forfait à 49 euros, on voit bien que cette idée de gratuité des transports est en train de faire son chemin. Montpellier deviendra la plus grande métropole française à la mettre en œuvre.
Quelque chose me dit que d'autres vont s'inspirer de Montpellier pour le faire chez eux, comme nous aujourd'hui, nous nous sommes inspirés de Tallinn ou de Dunkerque et je crois que la gratuité des transports, c'est la mesure qui concilie l'écologie et le social. Plus de social sans écologie, pas d'écologie sans social."
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