À l'hôpital de Brest, le stationnement payant fait polémique

Depuis le 15 janvier, il est enfin devenu facile de trouver une place de stationnement à l'hôpital de la Cavale Blanche. L'ouverture de l'immense parking silo a permis de doubler la capacité du site, qui totalise désormais 3.000 places. Mais il faut maintenant passer à la caisse, ce qui forcément ne plaît guère aux patients et aux visiteurs. "Je pense aux gens qui viennent régulièrement et qui n'ont pas les moyens… je trouve ça scandaleux", s'indigne Michel, venu pour un rendez-vous médical.

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Une concession sur 30 ans

Pour financer un équipement à 20 millions d'euros, le CHRU de Brest a signé dès 2020 un contrat de délégation de service public avec Q-Park. En échange d'un financement à hauteur de 50% du parking silo, la multinationale néerlandaise récupère la gestion des parkings de Morvan et la Cavale Blanche et donc les recettes du stationnement pendant une durée de 30 ans. L'hôpital percevra une redevance annuelle dont le montant n'est pas encore connu.

"Ça nous permet de partager l'effort financier. On préfère privilégier des projets bâtimentaires ambitieux liés au soin, on va investir 500 millions d'euros dans les années à venir, et confier la gestion du parking à des gens qui en ont l'habitude et la compétence", justifie Jocelyn Dutil, le directeur général adjoint du CHRU de Brest. Qui est persuadé que les usagers comprendront vite pourquoi ils paient : "On a investi sur la sécurité dans les parkings, notamment la surveillance, pour faire en sorte qu'on ait une qualité de prestation bien meilleure qu'auparavant."

Mais sur les réseaux sociaux, les commentaires désapprobateurs ont logiquement fleuri. Une privatisation que fustige aussi la CGT. Le syndicat a lancé une pétition pour exiger un retour à la gratuité des parkings de l'hôpital. "Ce n'est pas un choix de venir à l'hôpital, c'est quand même assez choquant parce que c'est un service public", rappelle Thomas Bourhis, le secrétaire général de la CGT dans l'établissement.

Le parking remboursable pour les patients

"On s'attendait à ces remarques en interne comme en externe, reconnaît Jocelyn Dutil. Notre rôle, c'est d'expliquer les choix qui ont été faits, de rassurer, et de faire remonter au prestataire ce qui ne va pas pour le corriger. Mais bien entendu qu'une bascule comme ça ne se fait pas sans difficulté."

La direction rappelle qu'un tarif réduit de 1,70 euro s'applique pour les patients munis d'une étiquette de soins. Et que ces frais sont -dans la plupart des cas- remboursables par la Sécurité sociale. Une exonération est également à l'étude concernant les opérations de dépistages anonymes et gratuits.

Gratuit pour les personnels, mais pas tous

Le stationnement payant ne concerne pas les personnels hospitaliers. Sur le site de la Cavale Blanche, tous les agents qui y sont affectés peuvent se garer gratuitement. En revanche, l'hôpital Morvan ne dispose que de 700 places (soit environ une pour trois agents) et elles sont très prisées en raison de la proximité du centre-ville. Pour éviter le phénomène de "voitures-ventouses", leur accès était déjà réglementé depuis 2014. "On a des critères d'attribution des places de stationnement parce qu'on ne peut pas garantir un accès à tous nos salariés et préserver des places pour les patients et les usagers", explique Sarah Boddy, la directrice adjointe aux finances.

"Certains agents doivent payer pour venir travailler ou trouver des solutions alternatives", déplore Thomas Bourhis de la CGT. L'arrivée dans deux ans de la seconde ligne de tramway offrira une belle alternative à la voiture pour se rendre dans les deux hôpitaux publics brestois.