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Les évacués des immeubles à risque de Toulouse entre "galère" et "flou artistique" sur leur avenir

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Certains ont dû partir il y a moins d'une semaine, d'autres il y a pile un mois : pour des dizaines d'habitants et commerçants évacués d'immeubles à risque dans le centre de Toulouse, l'heure est à la galère pour se reloger et tenter de faire jouer les assurances.

Pour les nouveaux évacués comme pour ceux qui sont passés par là il y a un mois, rue Saint Rome, c'est le début d'une longue galère Pour les nouveaux évacués comme pour ceux qui sont passés par là il y a un mois, rue Saint Rome, c'est le début d'une longue galère
Pour les nouveaux évacués comme pour ceux qui sont passés par là il y a un mois, rue Saint Rome, c'est le début d'une longue galère © Radio France - Morgane Heuclin-Reffait

Apolline n'a pu récupérer que son passeport, son poisson rouge, quelques vêtements et des serviettes : cette étudiante habitant au 11 rue de l'Industrie n'a plus du tout de possibilité de remettre les pieds chez elle. Avec sa vingtaine de voisins, elle a été évacuée le 5 avril dans la soirée en raison de fissures dans un immeuble mitoyen de son appartement, au 6 rue Castellane.

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Ce mardi 9 avril au soir, l'arrêté de péril a été prononcé pour les deux bâtiments : les locataires qui le souhaitent peuvent donc demander la résiliation de leur bail sans devoir respecter de préavis. Des investigations doivent maintenant être réalisées dans les 48 heures, notamment des recherches de fuites d'eau sur le mur mitoyen aux deux immeubles, ainsi qu'un diagnostic structurel complet des immeubles.

La galère des premiers jours

Apolline est pour l'heure dans le flou : "Ça s'organise dans beaucoup de chaos, lance-t-elle. J'ai d'abord pris deux nuits d'hôtel car mon assurance m'indiquait qu'elles seraient prises en charge, et c'est finalement à ma charge. Ma propriétaire me loge une semaine dans un hôtel, mais je n'ai pas de visibilité au-delà."

Difficile pour la jeune femme de quitter cet appartement dans lequel elle était arrivée en début d'année scolaire : "On m'a conseillé de résilier mon bail et on m'envoie des offres pour d'autres logements, mais j'ai un peu du mal", reconnait-elle.

De son côté, son voisin Aurélien n'a pas attendu : "J'ai commencé à chercher un autre appartement, j'ai trois visites mais c'est assez contraignant quand on travaille !" Pas le choix pourtant, pour ce Québecois arrivé fin octobre en France et qui n'a pas de famille dans la région toulousaine. "Sans voiture, seulement avec un vélo, deux sacoches de 20 litres et un sac de 60 litres, j'ai un peu tout laissé à l'appartement", s'inquiète-t-il.

Impossible de savoir ce qu'il pourra récupérer et quand. Dans l'intervalle, pas question pour l'assurance de compenser la valeur des affaires bloquées chez lui : "J'ai déclaré un sinistre, on m'a répondu que ce n'était pas couvert", souffle le jeune homme, un brin découragé.

Un quotidien chamboulé pour habitants et commerçants

Cette situation, Yanis, évacué de la rue du Puits-Vert début mars, près du 4 rue Saint-Rome, qui s'est effondré, la connait depuis maintenant un mois. "Je n'ai pas pu récupérer certaines choses, mon ordinateur, un instrument de musique, certains vêtements, énumère-t-il. Là, ça fait deux semaines qu'on est sans nouvelles, on est dans l'attente, on doit attendre la consolidation d'un bâtiment autour avant que l'expertise de mon propre immeuble puisse se faire."

En attendant, le jeune homme de 22 ans est retourné vivre chez ses parents, dans le secteur de Blagnac. "J'ai une heure à une heure et demi de trajet par jour, c'est plus compliqué par rapport aux différents boulots que je pouvais faire, explique-t-il. J'ai dû arrêter certaines missions d'intérim temporairement à cause de l'évacuation, et on ne m'a pas repris par la suite. Ca commence à peser."

Un manque à gagner d'autant plus criant pour les commerçants qui ont été, eux aussi, évacués dans le secteur début mars. Certaines boutiques n'ont toujours pas pu rouvrir depuis. "On doit rouvrir la première semaine de mai normalement, on a enfin une date", lance Valérie Tempette, gérante du tabac Saint-Rome. Mais cela ne viendra pas compenser presque deux mois de fermeture.

"Du côté des assurances, beaucoup ont dit non car il n'y pas de dégâts mobiliers sur nos propres commerces, précise-t-elle. Quant aux 300.000 euros annoncés par la Région, en réalité, on nous donne 1.000 euros chacun, ce qui représente à peine un tiers de mon loyer, et on a pour le reste un prêt allant jusqu'à 20.000 euros, qu'il faudra rembourser !"

Plusieurs commerçants du secteur ont donc décidé, un mois après, de se réunir en association pour faire front commun. "On a déjà des avocats qui viendront à nos côtés pour faire des recours, et récupérer davantage que l'aumône qu'on nous a donnée", conclut-elle, notamment auprès des assureurs.

Un mois après l'effondrement du 4 rue Saint-Rome, certains commerces voisins, dans des immeubles jugés à risque, sont toujours fermés
Un mois après l'effondrement du 4 rue Saint-Rome, certains commerces voisins, dans des immeubles jugés à risque, sont toujours fermés © Radio France - Morgane Heuclin-Reffait

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