TÉMOIGNAGE - "Je me suis retrouvée trois fois à la rue" : la rentrée étudiante à Limoges face à l'inflation
Étudier n'a jamais été une période de vie passée à rouler sur l'or. Mais depuis la crise sanitaire, puis la guerre en Ukraine, les étudiants sont frappés de plein fouet par l'augmentation des prix. Beaucoup, notamment à Limoges, s'installent progressivement dans la précarité.
C'est par un coup de chance que nous rencontrons Bérangère, 19 ans, en deuxième année de géographie, ce mardi sur le campus Vanteaux à Limoges. À la question : "êtes-vous concernée par la précarité étudiante ?", sa réponse est claire. "Oh oui, je suis en plein dedans. D'ailleurs, je vais chercher à manger là, il y a une distribution solidaire à la cité universitaire Camille Guérin", explique-t-elle. Une étude menée par l'association Cop1, avec l'Ifop, fait état d'un étudiant sur deux qui a sauté au moins repas ces derniers mois à cause de l'inflation.
Ils sont une quinzaine d'étudiants à être venus, ce mardi matin, chercher leur panier pour la semaine. "Il y a de tout : des fruits, des légumes, du frais, des produits hygiéniques. La Banque alimentaire nous aide beaucoup parce qu'il y a de plus en plus d'étudiants en précarité", souligne Lahouari Medjdoubi de l'épicerie sociale et solidaire des étudiants de Limoges basée au val de l'Aurence.
"Sans ça, je n'aurais pas mangé l'année dernière"
Si certains confient avoir la chance de ne pas avoir besoin de sauter des repas ou d'avoir l'aide de leurs parents, pour d'autres, c'est un combat du quotidien. "Quand j'ai payé mon loyer et toutes mes charges, il me reste 50 euros au maximum si j'ai de la chance", explique Fabienne, 17 ans. "Mon compte est vide, je suis en négatif", rajoute Bérangère qui a une bourse 145 euros du Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) chaque mois. "C'est en fonction des revenus des parents mais les miens ont leur ferme et quatre enfants. Ils ne peuvent pas nous aider", poursuit-elle.
"J'ai pris un peu de tout, des conserves que je peux garder pour plus tard. Des protections aussi parce que ça coûte trop cher et que je ne peux pas en acheter", confie Margaux, 17 ans, qui entre à la fac cette année. "S'acheter de la viande, c'est devenu un peu un luxe. Je profite beaucoup des repas à un euros du Crous. Je prends à emporter et ça me fait pour chez moi", explique Célia, 22 ans.
La reprise des distributions alimentaires à la cité universitaire Camille Guérin arrive donc au bon moment. "Sans ça, je n'aurai pas mangé l'année dernière", termine Bérangère. "Hier soir, je n'ai pas mangé. Souvent le soir, je rentre chez moi, je fais mes devoirs et je vais me coucher", continue celle qui donne maintenant un peu de son temps à l'association de l'épicerie solidaire étudiante de Limoges. "Je me suis retrouvée trois fois à la rue l'année dernière, virée trois fois de mon appartement. Là, j'en ai un nouveau et j'espère, je croise les doigts pour que le loyer soit payé à temps, que les bourses soient versées à temps", termine-t-elle.
Les distributions de l'épicerie sociale et solidaire des étudiants de Limoges
- Campus Esther Technopole les jeudis de 12 heures à 14 heures
- Campus la Borie les mardis de 13 heures 30 à 16 heures 30
- Campus de Vanteaux les mardis de 13 heures à 16 heures 30
Inscriptions et renseignements au 05.55.79.56.81 ou par mail : aessel87@outlook.fr
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