Route fissurée : quand la presqu'île de Bardouville devient une île malgré elle

L'eau érode la terre. C'est le cas concernant la route départementale qui relie le hameau de Beaulieu (Bardouville) à Caumont. Suite aux inondations chroniques depuis mars, d'énormes fissures sont apparues sur la chaussée qui borde la Seine. La digue s'est aussi effondrée dans la nuit. Ce lundi matin, le risque était trop élevé et la route a été fermée.

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"On ne peut pas s'en passer !" Denis est catégorique. À 67 ans, le retraité prend la D64 tous les jours, pour faire ses courses ou nourrir les bêtes desquelles il s'occupe. Conséquence, il doit faire un détour de vingt kilomètres, ce qui lui fait perdre du temps et de l'argent.

Des travaux qui ne commencent pas

Cette situation n'est pas nouvelle. La tête baissée pour constater l'état des dégâts, Ladislas Lefebvre est remonté : "Ça fait depuis 2011 qu'on signale le mauvais état de la route." Il est le secrétaire de l'association Les Pieds dans l'eau. Il alerte sur les risques que cela peut générer. "On a fait un arrêté préfectoral, on a fait les choses bien, mais il ne s'est rien passé."

Il y a eu quelques avancées. Pas moins de cinq études pour analyser la dégradation de la départementale ainsi que des forages. Mais ces solutions ne conviennent plus. "Les études, on en a eu à tour de bras. Ça dure trois ans, et finalement la route n'est toujours pas réparée", vitupère Ladislas Lefebvre.

Une route à partager

Car la D64 et son bon entretien sont sous la responsabilité du Département de Seine-Maritime. C'est donc à lui d'engager les travaux - et donc de les payer. Pour Dominique Rousseau, le maire de Barbouville, c'est l'aspect financier qui fait tant tarder la rénovation : "Tous les pouvoirs publics ont été mis au courant, le département et la sous-préfecture de l'Eure, mais personne ne veut mettre la main à la poche."

Le maire appelle donc les services départementaux à agir une bonne fois pour toute. "Je me bats pour qu'on ferme la route le plus vite possible et que les travaux commencent. Il faut refaire la murette, la digue et mettre un exutoire." Des discussions avec le syndicat mixte normand - à qui revient la prise en charge du muret et de la digue -  sont prévues dans la semaine.

La colère gronde

"La priorité est de mettre le hameau de Beaulieu en sécurité", avance encore Dominique Rousseau. Car les secours ont désormais un accès restreint à la presqu'île ce qui peut se révéler être dangereux pour les personnes nécessitant des soins.  Le maire demande également un dédommagement financier pour les habitants et les entreprises qui se voient contraint de payer "cinquante euros de plus par semaine" en raison des kilomètres supplémentaires effectués.

Le président du Département de la Seine-Maritime, Bertrand Bellanger, s'est rendu sur place lundi en fin d'après-midi.  Une mobilisation est prévue samedi de 14h à 16h quai Jean Moulin à Rouen.