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Rétro 2018 : des centaines de migrants à la recherche d'un toit à Nantes

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L'année 2018 à Nantes a été marquée par l'arrivée de centaines de migrants, évacués tout d'abord de l'ex-école des Beaux-Arts, puis de l'université de Nantes et du square Daviais. Une question très sensible qui a opposé la mairie et l'État.

Le campement situé square Daviais à Nantes.
Le campement situé square Daviais à Nantes. © Radio France - Pascale Boucherie

De l'ancienne école des Beaux-Arts au square Daviais, en passant par l'université : de novembre 2017 à l'automne 2018, des centaines de migrants ont occupé des locaux à Nantes, avant d'être expulsés... et de trouver un nouvel abri. Une situation invivable qui a entraîné des passes d'armes entre la mairie de Nantes et la préfecture de Loire-Atlantique.

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De l'école des Beaux-Arts au campus Tertre

Le 18 novembre 2017, une centaine de personnes investissent l'ancienne école des Beaux-Arts, située dans le centre-ville de Nantes, un bâtiment vide. Venus avec des matelas, les militants réclament un logement pour les mineurs étrangers isolés, qui vivent à la rue. 

Les migrants à l'université de Nantes.
Les migrants à l'université de Nantes. © Radio France - Romain Dézèque

Mais deux jours plus tard, les policiers viennent évacuer les lieux. Les étudiants, qui aident les migrants, décident d'occuper le sous-sol de la fac de Lettres. Environ dix salles sont réquisitionnées. La maire de Nantes, Johanna Rolland, annonce le déblocage d'une dizaine de places pour recueillir ces jeunes mais c'est "très insuffisant" lui répondent les étudiants.

De son côté, la direction de la fac de Nantes interpelle les pouvoirs publics afin de trouver une solution à cette situation "inédite". Un peu plus de trois mois plus tard, 150 migrants, qui avaient également investi deux autres bâtiments du campus (Censive et le château), sont évacués.

De l'Ehpad Bréa au square Daviais

Quelques heures après, migrants et étudiants s'abritent dans un bâtiment appartenant au bailleur social Nantes Métropole Habitat, rue Maurice Sibille, entre le cours Cambronne et le quai de la Fosse. La police est sur place.

L'Ehpad Bréa est une résidence de six étages, avec 70 chambres, elle serait vide depuis des mois. Les militants, qui soutiennent les migrants, demandent à y rester quelques temps.

Finalement, les CRS quittent les lieux et un accord est trouvé avec la mairie de Nantes. Johanna Rolland annonce qu'il n'y aura pas d'expulsion avant la fin de la trêve hivernale.

Fin mai, un incendie se déclare dans le foyer Bréa. Certains migrants quittent les lieux et plantent les premières tentes square Daviais, en plein cœur du centre-ville de Nantes. Fin juin, ils sont des centaines et les conditions de vie sont dramatiques selon plusieurs associations.

Les 283 tentes sont entassées, il n'y a qu'une seule fontaine pour boire, se laver, faire ses lessives, une seule cabine de toilettes. Les poubelles débordent. Et des cas de gale ont même été détectés

Les conditions de vie square Daviais sont très précaires.
Les conditions de vie square Daviais sont très précaires. © Radio France - Camille Labrousse

Associations, maire, diocèse et Eglise protestante réclament une réunion avec la préfète. Demande rejetée car selon la préfecture, "l'enjeu n'est pas d'échanger mais d'agir comme tel est le cas depuis ces derniers mois". Elle précise que le square Daviais est "une installation illégale" qui doit être constatée devant la justice sur demande de la mairie de Nantes. 

Première évacuation du square Daviais... Mais retour quelques jours plus tard

Finalement, la municipalité refuse de saisir la justice, c'est donc la préfecture qui s'en charge. Elle assigne les migrants du square Daviais et veut obtenir leur expulsion. C'est chose faite le 18 juillet. L'avocat de Médecins du monde parle "d'évacuation sans délai". L'Etat propose alors entre 90 et 100 places d'hébergement d'urgence dans les Pays de la Loire. 

L'expulsion a bien lieu. Peu de temps après, entre 200 et 300 migrants investissent l'ancien lycée Leloup-Bouhier, toujours à Nantes. Mais là encore, ils sont expulsés, des travaux de désamiantage devaient en effet débuter dans le bâtiment.

L'évacuation se déroule dans le calme mais aucune solution n'est proposée. Beaucoup de migrants décident alors de retourner square Daviais. 

La mairie de Nantes demande l'évacuation

Rebondissement quelques semaines plus tard : la ville de Nantes et Nantes Métropole déposent une demande d'évacuation auprès du tribunal administratif. Tribunal qui doit également examiner la requête de quatre associations. Elles enjoignent l'Etat et la mairie de trouver des solutions sanitaires et d'hébergement.

Que les interlocuteurs trouvent une solution avec dans l'attente d'hébergements, la mise en place de douches et de toilettes pour améliorer les conditions sanitaires des migrants." - avocate de la Ligue des Droits de l'Homme

Le 20 septembre, les migrants sont installés dans des bus. La mairie de Nantes annonce la mise à l'abri de 560 d'entre eux, avec un accès à des douches, à des sanitaires et deux repas par jour.

Les migrants accueillis dans plusieurs villes de Loire-Atlantique

Certains sont installés, provisoirement, dans des gymnases de la ville. La mairie de Saint-Herblain annonce être prête à accueillir 62 Soudanais, Érythréens et Guinéens dans 15 appartements HLM du bailleur Harmonie Habitat. Environ 50 partent vivre à Saint-Brévin, sur la côte, dans un centre qui appartient au comité d'entreprise d'ERDF. D'autres sont également relogés à Batz-sur-mer ou Nantes sud.

Les migrants sont arrivés à bord de deux bus à Saint-Brévin.
Les migrants sont arrivés à bord de deux bus à Saint-Brévin. © Radio France - Anne Patinec

On a tous sans doute des possibilités mais encore faut-il avoir le courage politique d'y aller. Les habitants peuvent comprendre qu'on ne laisse pas des gens à la rue." - Bertrand Affilé

Mais des dizaines de migrants n'ont d'autre solution que d'occuper le hall d'accueil des Urgences du CHU de Nantes. Ils installent chaque soir des lits de fortune à même le sol pour passer la nuit au chaud. Au bout d'un mois, la Préfecture de Loire-Atlantique leur demande de quitter les lieux et dit avoir trouvé des hébergements. Des familles sont effectivement relogées dans des hôtels.

A Saint-Herblain, en ce mois de décembre, environ 150 migrants vivent dans le gymnase Jeanne-Bernard, dans des conditions là encore très précaires. Et cela dure depuis deux mois. 

Qui va payer ?

Pour la prise en charge des migrants, la Ville de Nantes dit avoir payé quatre millions d'euros. Johanna Rolland, la maire, demande à l'Etat de participer au financement. Réponse du Premier ministre fin novembre : c'est non ! Car cela "correspond à un choix libre et assumé de la municipalité".

Les discussions sont toujours en cours selon la mairie de Nantes.

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