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Manifestation contre l'A69 dans le Tarn : un cortège calme, entre 4.500 et 8.000 personnes sur place

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Des milliers de personnes étaient attendues dans le Tarn ce samedi pour s'opposer à l'A69 entre Toulouse et Castres. Le cortège a défilé dans le calme, selon des journalistes de Radio France. Au total, 8.000 personnes ont été comptabilisées par les organisateurs, 4.500 d'après la préfecture.

La manifestation à Saïx dans le Tarn s'est élancée vers 14 heures ce samedi La manifestation à Saïx dans le Tarn s'est élancée vers 14 heures ce samedi
La manifestation à Saïx dans le Tarn s'est élancée vers 14 heures ce samedi © Radio France - Alexandra Lagarde

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté pacifiquement ce samedi dans le Tarn contre la construction d'une autoroute entre Castres et Toulouse, à l'appel d'organisations écologistes. Les travaux de l'autoroute ont débuté le mois dernier, pour une mise en service prévue à la fin de l'année 2025.

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Les organisateurs revendiquent plus de 8.000 manifestants, la préfecture évoque 4.500 personnes dans le cortège.

Deux personnes ont été interpellées, selon le préfet du Tarn ce samedi soir, dont une pour un refus d'obtempérer. Suite à ce refus d'obtempérer, un gendarme a été blessé. Néanmoins, le préfet du Tarn "se félicite du respect des engagements pris par les organisateurs et les en remercie".

Le rétablissement de la circulation sur la RN 126 prendra plusieurs heures après quelques dégradations, assure également le préfet.

"Tout ça pour 15 minutes... bordel !" peut-on lire sur la pancarte de cet opposant à l'autoroute.
"Tout ça pour 15 minutes... bordel !" peut-on lire sur la pancarte de cet opposant à l'autoroute. © Radio France - Alexandra Lagarde

Un défilé bon enfant

Le défilé s'est déroulé dans le calme, a rapporté la journaliste de France Bleu Occitanie au cœur du cortège. Les militants étaient pacifiques. Dans un communiqué publié ce samedi soir, le préfet du Tarn "se félicite du respect des engagements pris par les organisateurs et les en remercie". Il assure qu'aucun débordement "n'est à déplorer". Il a regretté cependant "quelques inscriptions sur des panneaux de signalisation [...] dont certaines outrageant les forces de l’ordre".

Il y avait quelques dizaines d'opposants, plutôt jeunes, habillés en noir, avec masque anti-gaz lacrymogène et lunettes de plongée, selon le reporter de franceinfo sur place. Le préfet a notamment pointé du doigt la "présence de 200 individus radicaux masqués qui ont agi en marge d’une manifestation qui s’est déroulée dans de bonnes conditions". François-Xavier Lauch a indiqué que ces individus ont "dégradé la chaussée de la RN 126 par le déclenchement d’un incendie et la mise en place d’obstacles". De fait, le rétablissement de la circulation prendra encore plusieurs heures, au niveau de la déviation de Soual, selon le préfet.

Une tentative d’intrusion sur le site du groupe Pierre Fabre de Soual a été repoussée par les gendarmes mobiles sans faire usage de la force, poursuit le préfet du département. Six drones ont également été détruits par les manifestants.

Les manifestants ont longé la réserve naturelle régionale de Cambounet-sur-le-Sor et d'aller jusqu'à Soual, par la route nationale 126 avant de revenir à Saïx. Le cortège s'est arrêté sur la RN126 et les manifestants ont coupé la route avant de lancer une "course des bolides" et de caisses à savon. Un manifestant a été blessé pendant cette course, il a été pris en charge par les organisateurs.

Un mur a également été construit sur la N126 pour symboliser le mur contre lequel le projet de l'A69 va s'écraser, selon les membres des Soulèvements de la Terre, association écologiste.

Dispositif de sécurité musclé

La préfecture du Tarn avait validé, ce vendredi après-midi, le parcours proposé par les organisateurs. Le préfet du Tarn, François-Xavier Lauch, avait aussi précisé ce vendredi soir que les 800 gendarmes et policiers mobilisés resteraient en retrait si la manifestation était "pacifique". Des drones et des hélicoptères ont également survolé la zone. Moins d'un mois après les violents affrontements entre gendarmes et manifestants contre les "mégabassines" à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), les autorités suivaient de près cette mobilisation. Les organisateurs ont tout pour éviter un "Sainte Soline bis". Ils l'ont répété : cette manifestation sera festive, familiale, mais déterminée.

Pour assurer la sécurité du cortège, la préfecture a décidé d'interdire la circulation aux poids lourds sur la nationale 126 sur moins de 10 kilomètres. Entre le rond-point d'En Teste (Saint-Germain-des-Près) et le rond-point d'Auchan à Castres, entre 10h et 20h. Les automobilistes ont également été encouragés à prendre des déviations, même si le passage n'était pas interdit.

Une autoroute "faite par et pour les riches"

Les organisateurs du rassemblement, les associations écologistes Les Soulèvements de la terre, Extinction rébellion, La Confédération paysanne, la Voie est libre ont tenu une conférence de presse ce samedi matin. Ils ont remercié le ministre de l'Intérieur "pour la publicité faite pour ce week-end", ont dénoncé une autoroute "faite par et pour les riches", un projet "anachronique en pleine crise climatique".

Sandrine Rousseau, députée EELV, a dit espérer "que le préfet a pris les enseignements de ce qui s'est passé à Sainte-Soline", en dénonçant sur Europe 1 "un projet qui n'a aucun sens, qui est daté des années 1980-1990".

"On demande l'arrêt de ce projet"

"Aujourd'hui, l'installation d'une ZAD, ça n'est pas l'idée, et on espère ne pas devoir en venir là", a assuré ce samedi sur franceinfo Laurence Marandola, secrétaire nationale de la Confédération paysanne. L'association soutient la manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. "C'est surtout une très mauvaise chose d'artificialiser et de détruire des centaines d'hectares de terres agricoles et naturelles. La Confédération paysanne est toujours sur la défense de notre principal outil de travail, qui est la terre".

La secrétaire nationale de la Confédération paysanne "demande l'arrêt de ce projet. Ce qui a commencé, c'est l'abattage d'arbres sur le futur tracé, mais les recours ne sont pas terminés. Pour nous, paysans, cela veut dire la destruction directe de plus de 400 hectares de terres agricoles et naturelles. C'est irréversible. Ce sont des fermes qui sont mises en péril : sur la centaine de fermes directement impactées, certaines personnes perdent quelques hectares, d'autres 20 hectares, ce qui est colossal. Ce n'est pas une autoroute qui va nourrir les voisins".

Pour Laurence Marandola, il existe d'autres solutions. Elle cite notamment les gros travaux qui "ont été menés, autour notamment d'aménagement de la nationale 126, ça nous semble la meilleure alternative. Dans tous les cas, en surfaces agricoles détruites, les alternatives sont plus intéressantes que la construction de cette autoroute".

"Un handicap économique"

Le projet d'autoroute A69 reliant Toulouse à Castres "est un problème d'équité et d'attractivité", a estimé ce samedi sur franceinfo Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental régional d'Occitanie (Ceser).

Pour Jean-Louis Chauzy, ne pas avoir d'autoroute entre les deux villes est "un handicap économique", puisqu'il s'agit "du seul bassin d'emploi qui n'est pas relié par une deux fois deux voies à la métropole régionale". "Les collectivités ont voté", rappelle le président du Ceser, "toutes les procédures sont réglées, il ne reste plus qu'à donner le premier coup de pioche". Jean-Louis Chauzy lance un appel au gouvernement : "Nous demandons à l'État de faire respecter l'État de droit."

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