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La rénovation d'une maison divise le village de Prémian dans l'Hérault

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Un hameau de Prémian, au cœur du parc régional du Haut-Languedoc, attire toutes l'attention depuis 2015. La rénovation d'une bâtisse abandonnée depuis 50 ans est considérée comme illégale par des riverains. Ce lundi, ils se sont mobilisés. Les propriétaires disent vivre un véritable enfer.

Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent  illégale Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent  illégale
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent illégale © Radio France - Stéfane Pocher

"Depuis cinq ans, nous subissons un véritable harcèlement des voisins. Ce n'est plus possible à nos âges de se battre ainsi''. À 74 et 76 ans, Nanouche et Claude Follin sont dépités. Dans leur hameau d'une vingtaine d'habitants à la sortie de Prémian (Hérault), la tension est palpable. 

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D'ailleurs, ce lundi 10 mai, une quarantaine de riverains installés dans ce village du parc naturel du Haut-Languedoc, (mais aussi de communes voisines, accompagnés d'amis) sont venus occuper le hameau de Coumeilho pour dénoncer la construction de cette bâtisse de deux étages, haute de quasiment 11 mètres. 

Une demande de manifestation avait été déposée en sous-préfecture de Béziers de 10h à 14h pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme une construction illégale. Pour éviter tout dérapage, les gendarmes avaient d'ailleurs été dépêchés sur place.

L'origine de cette mobilisation des riverains

À l'origine de cette mobilisation, la rénovation d'une maison en ruine abandonnée depuis un demi siècle. En 2015, la famille Follin, des commerçants à la retraite, installés ici depuis quatre décennies, rachète cette immense demeure, jouxtant leur propriété et dépose alors un permis de construire pour réhabiliter cette ruine. 

"L'ancien maire y était favorable, car la rénovation valorisait ce hameau." (Claude Follin)

Le permis est d'abord instruit et validé par DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer), puis signé en 2015 par Hubert Barthes, l'ancien maire aujourd'hui à la retraite.

''Regardez la hauteur de cette construction juste en face de chez moi'' dit Patrick
''Regardez la hauteur de cette construction juste en face de chez moi'' dit Patrick © Radio France - Stéfane Pocher

''J'ai aujourd'hui une forteresse de presque 11 mètres de haut devant chez moi, dit Patrick Gilles_,_ un des plaignants_. Je n'ai plus de soleil. Ma mère se croyait emprisonnée en regardant par sa fenêtre de la cuisine. Avant, j'avais un mur quatre fois moins haut.''_

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Un projet aussitôt contesté

Un recours est aussitôt déposé par trois riverains. Ces derniers s'appuient notamment sur un non-respect du règlement de l'urbanisme. 

"Nous avons fait confiance à notre architecte. Nous ne sommes pas des experts se défend la famille Follin. Il n'a pas tenu compte de la nouvelle réglementation qui limite la hauteur d'une construction par rapport à la largeur de la rue. C'est technique. Non ?"

Une autre erreur, et pas des moindres, celle du maçon : "La hauteur de la maison est supérieure de 80 centimètres à ce que prévoit le permis de construire. Nous sommes nous aussi victime. Nous n'avons rien demandé. Cette hauteur ne nous sert à rien. Les plafonds sont déjà hauts." 

La maison de la discorde

En 2017, le tribunal administratif donne raison aux contestataires et annule le permis de construire. Mais les travaux ont bien avancé. L'ancien bâtisse a été démolie en partie. Les nouveaux propriétaires investissent 180.000 euros. Ils espéraient passer ici une fin de vie paisible.

L'ancien construction était aussi élevée dit Claude Follin
L'ancien construction était aussi élevée dit Claude Follin © Radio France - Stéfane Pocher

Dans le hameau de Courmeilho, des riverains disent être privés de luminosité. "Les propriétaires ont une vue plongeante dans nos maisons, ce n'est pas concevable. Nous n'avons plus de vie privée" dit Sophie Tarbourieh, une voisine.

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Les propriétaires se défendent

"Cette construction n'est pas illégale comme on veut bien le laisser entendre" assure Claude Follin. "Le chantier a été stoppé dès que le tribunal a rendu son jugement en 2017. Seule la terrasse a été étanchéifiée pour ne pas endommager les murs. Mais nous avons eu l'autorisation de l'expert. Les accusations portées par Sophie Tarbouriech sont un tissu de mensonges. L'ancienne maison était aussi haute. Les voisins ont la mémoire courte. Regardez". Claude Follin sort ses albums photos soigneusement conservés pour montrer sa bonne foi. 

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"Oui il y une erreur du maçon. Nous lui avons fait confiance. Mais fallait-il que la situation prenne autant d'ampleur ? Voilà 40 ans que nous sommes arrivés ici. On nous a toujours reproché de ne pas être chez nous, même après autant d'années passées ici. Nous avons voulu redonner un peu de vie à cette ruine. On en paie le prix fort."

Par ailleurs, les riverains s’inquiètent pour leur sécurité. D’après eux, aucune ceinture n'aurait été réalisée sur la bâtisse pour lui permettre de supporter le poids de ses deux étages. "Je ne vais plus dans ma cour depuis le début des travaux" ajoute Sophie Tarbouriech.

L'embarras du nouveau maire

Cette situation est bien embarrassante pour Roland Coutou, le nouveau maire de ce village de 518 âmes. "Le hameau est divisé, avec d'importantes tensions. En tant que maire (NDLR : et ancien premier adjoint), j'essaie de réguler mon action, de ne pas privilégier telle ou telle partie. Des recours ont été déposés d'un côté comme de l'autre. Ce sera long''. 

"En revanche, je n'ai pas la certitude que les propriétaires aient poursuivi les travaux après le jugement du tribunal administratif reconnaît Roland Coutou. "Nous n'avons pas de garantie par ailleurs de risque d'écroulement de la bâtisse. Des expertises sont en cours. Si tel était le cas, vous pensez bien que la zone aurait été sécurisée."

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Cette ambiance très lourde et inconfortable devrait perdurer encore des années sans l'intervention rapide d'un médiateur. Les riverains ont déposé un recours au tribunal de Béziers pour non-respect du jugement prononcé par le tribunal administratif. L'avocat de la famille Follin a, de son côté, déposé un référé contre l'architecte, la DDTM et la maçon pour non-respect du chantier. 

L'ancienne bâtisse avant sa transformation

Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent Illégale
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent Illégale © Radio France - Stéfane Pocher
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent illégale
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent illégale © Radio France - Stéfane Pocher

Transformation de la maison après les travaux réalisés en 2015

Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent Illégale
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent Illégale © Radio France - Stéfane Pocher
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent illégale
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent illégale © Radio France - Stéfane Pocher
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent
Mobilisation de riverains à Prémian contre une construction qu'ils considèrent © Radio France - Stéfane Pocher
Maison contestée Prémian
Maison contestée Prémian © Radio France - Stéfane POcher

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