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La maison d'arrêt de Nice manque de soignants pour une meilleure prise en charge des détenus

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Alors qu'un plan sur la santé des détenus a été présenté l'an dernier par le gouvernement afin de faciliter l'accès au soin des personnes incarcérées, coup de projecteur sur la maison d'arrêt de Nice. Le nombre de personnels médicaux et paramédicaux est insuffisant au vu de la population carcérale.

Les murs de la maison d'arrêt de Nice Les murs de la maison d'arrêt de Nice
Les murs de la maison d'arrêt de Nice © Radio France - Marion Chantreau

Jean-François Désire est directeur de la maison d’arrêt de Nice depuis cinq ans. Quand on lui demande si les détenus bénéficient d'une bonne prise en charge au niveau médical, il répond : "La surpopulation carcérale est en recul depuis 2017 et c'est une bonne nouvelle. On compte 550 détenus pour 363 places au quartier homme. 40 femmes pour 39 places au quartier femmes." Car la surpopulation carcérale, c'est la principale difficulté qui pèse sur la prise en charge sanitaire des personnes incarcérées. 

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Les unités sanitaires en maison d'arrêt gèrent les urgences, le quotidien, mais il y a des carences. C'est lié au problème global de la démographie médicale, à un manque de moyens humains et matériel, et à l'attractivité du milieu carcéral. 

Jean-François Désire explique qu'à la maison d'arrêt de Nice "c_haque arrivant ou arrivante a un double entretien avec un soignant de l’unité soin somatique et avec un représentant de l’unité psychiatrique. Durant la première semaine d'incarcération, on définit un protocole de soins, il y a ensuite un suivi régulier, puis avant la sortie, pour éviter toute rupture de prise en charge."_

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Un manque d'infirmiers et de médecins 

L'organisation des soins aux détenus a été améliorée depuis 1994. Les services médicaux des prisons sont sous la tutelle des hôpitaux. C'est le CHU de Nice qui fournit du personnel médical et paramédical.  "S’agissant des personnels paramédicaux, on est en difficulté pour les infirmiers et infirmières, précise Jean-François Désire. Nous rencontrons, et le CHU de Nice rencontre des difficultés pour recruter et fidéliser au moins six infirmières". Le directeur de la maison d'arrêt reconnaît qu'il y a également, par période, un manque de médecins généralistes, de spécialistes et qu'il faut faire appel au 15. La décision est alors prise d'envoyer les pompiers, SOS Médecins ou bien d'organiser une extraction médicale. 

Eric Baudot, premier surveillant à la maison d’arrêt de Nice, secrétaire général adjoint du syndicat UFAP-UNSA explique qu' "il n'y a plus de médecins les week-ends, ce qui nous oblige à extraire plus que de raison les détenus. L'avantage est que l'on est pas loin de l'hôpital Pasteur, mais le problème c'est qu'il faut du personnel pénitentiaire pour extraire un détenu en toute sécurité. On découvre donc des postes."

Il faut dire que la logique des soins et de l'administration pénitentiaire n'est pas la même. L'administration pénitentiaire s'occupe de la sécurité, les médecins sont là pour soigner et respecter le secret médical. 

L'évolution du nombre de détenus et de soignants ne suit assurément pas la même courbe. Afin de faciliter l'accès aux soins des détenus et de rendre plus attractif l'exercice de la médecine en prison, les ministres de la Santé et de la justice ont présenté en juillet dernier une feuille de route : 28 mesures, qui permettront entre autre le développement de la télémédecine, le renforcement de la prévention au suicide, davantage de stages en milieu pénitentiaire pour les internes en médecine. 

Pierre Collaux est président du syndicat des internes en médecine à Nice et rappelle que chaque année des stages sont déjà réalisés dans les maisons d'arrêt de Nice et de Grasse, encadrés par un référent médical. "mes collègues qui ont effectué ces stages les ont appréciés. Même si l'ambiance en milieu carcéral est lourde, prendre en charge des patients avec de multiples pathologies, aggravées par les conditions de promiscuité et d'hygiène, des personnes qui ont des problèmes d'addictions, en terme de formation c'est très intéressant. Il y a aussi de la prévention, du dépistage, du suivi à réaliser." 

Les pathologies psychiatriques en augmentation

Les pathologies psychiatriques graves et diagnostiquées ont augmenté ces dernières années en maison d'arrêt. À Nice, il existe un service médico-psychologique régional (le SMPR) avec dans l'établissement un hôpital de jour équipé d'une vingtaine de places pour les patients détenus. Ils peuvent y rester, sur décision médicale, des semaines, parfois des mois, mis à l’abri de la détention, ça leur permet d’avoir un suivi renforcé si nécessaire. Ce sont au moins trois médecins psychiatres du centre hospitalier Sainte-Marie qui s'occupent de ce service.

Une attention particulière est portée sur le risque de suicide. Le docteur Vittorio Lonigro, chef de l'unité soins psychiatriques, explique que "chaque détenu qui arrive est reçu dans les 24 heures par un infirmier qui travaille en psychiatrie. On dépiste le risque suicidaire et chaque semaine on a une réunion pour détecter ces risques. Il ajoute que les conduites addictives sont prises en charge avec des traitements, on établit un plan de soins. Il y a un centre d’accueil thérapeutique à temps partiel."

Les ministères prévoient aussi d'ouvrir de nouvelles places dans des unités d'hospitalisation spécialement aménagée (UHSA) pour prendre en charge une personne dont l'état psychique nécessite une hospitalisation à temps complet. La plus proche se situe à Marseille. Le député niçois LR Eric Ciotti a écrit en mai à la ministre de la Santé un courrier lui demandant d'ouvrir une UHSA à Nice avec des lits. "En dépit du soutien du service médico-psychologique régional, le dispositif se trouve totalement saturé face à l'incarcération de personnes souffrant de troubles psychiques, il ne parvient pas à garantir un cadre thérapeutique adapté" écrit-il. 

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