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"Je ne peux pas baisser les bras" : le combat d'Ansoumane Diakité, étudiant guinéen à Rouen, menacé d'expulsion

À 20 ans, Ansoumane Diakité se bat pour rester à Rouen où il est arrivé à l'âge de 14 ans après avoir fui son pays. Ce Guinéen d'origine est sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français depuis le 26 décembre 2023.

Isabelle Lemetais et Ansoumane Diakité devant la bâche tendue sur la façade de l'hôtel de ville de Rouen pour s'opposer à l'expulsion du jeune homme. Isabelle Lemetais et Ansoumane Diakité devant la bâche tendue sur la façade de l'hôtel de ville de Rouen pour s'opposer à l'expulsion du jeune homme.
Isabelle Lemetais et Ansoumane Diakité devant la bâche tendue sur la façade de l'hôtel de ville de Rouen pour s'opposer à l'expulsion du jeune homme. © Radio France - Lucie Amadieu

Son sourire s'efface et ses yeux se chargent de larmes quand Ansoumane Diakité raconte ce qu'il a ressenti le 26 décembre 2023. Ce jour-là, il a reçu de la part du préfet de la Seine-Maritime une obligation de quitter le territoire français (OQTF). "J'ai pris un coup derrière la tête, je ne m'attendais pas du tout à ça. Je n'ai jamais rien fait, je n'ai jamais eu affaire aux forces de l'ordre. Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?", s'interroge le jeune homme qui se bat pour rester à Rouen.

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En 2018, Ansoumane Diakité a 14 ans quand il fuit son pays, la Guinée. Alors adolescent, il traverse plusieurs pays d'Afrique, l'Italie, la France et arrive à Rouen où il est pris en charge par une famille. Après avoir obtenu plusieurs diplômes : "son brevet des collèges avec 100/100 à l'oral de français, son baccalauréat avec mention bien, il est aujourd'hui en BTS en alternance au lycée Marcel Sembat et ses professeurs sont prêts à l'accompagner pour qu'il intègre une école d'ingénieur", énumère fièrement Isabelle Lemetais, la Rouennaise qui a recueilli, avec son mari et sa fille, Ansoumane Diakité.

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Un courrier qui bouleverse tout

À la suite de la lettre stipulant au jeune homme qu'il est désormais sous le coup d'une OQTF, le 11 janvier 2024, son contrat de travail a été suspendu. Ansoumane Diakité ne perçoit plus son salaire d'alternant en électro-technique. "J'ai pris un studio que je paie avec mon salaire. Pour l'instant, j'arrive à tenir comme ça mais ça devient compliqué."

Au-delà de l'aspect financier, c'est particulièrement difficile sur le plan psychologique, confie le jeune homme. "C'est très très dur aujourd'hui pour moi. Si je tiens encore, c'est grâce à la famille, les amis, l'entreprise qui sont quand même là. Je ne peux pas baisser les bras, c'est un combat, mais il faut y aller." Un combat dont Ansoumane Diakité a perdu une bataille : le 19 février 2024, le tribunal administratif a refusé qu'il reprenne ses activités.

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Contactée par France Bleu Normandie, la préfecture de la Seine-Maritime "ne communique pas sur le fond du dossier". "Les raisons du rejet de la demande de titre de séjour de l'intéressé figurent dans la mesure d'éloignement prise à son encontre, les arguments ont été avancés devant le juge administratif dans le cadre du contentieux."

Une pétition, une bâche... l'entourage rouennais du jeune homme se mobilise

Une nouvelle audience doit se tenir en mars ou avril 2024, cette fois-ci au sujet du recours déposé par Ansoumane Diakité contre son OQTF. Son entourage se mobilise. Une bâche a été tendue sur la façade de l'hôtel de ville de Rouen avec ces mots : "Il est intégré, responsable. Pourtant, il pourrait être expulsé. Est-ce la France que nous voulons ?" Une pétition est aussi mise en ligne. Ansoumane Diakité est soutenu par son entourage à Rouen mais pas par les membres de sa famille restée en Guinée : il ne les a prévenus de cette OQTF pour éviter de leur faire de la peine.

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