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Hôtes, voyageurs, investissement : comment Airbnb veut capitaliser sur les Jeux olympiques de Paris 2024

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Plusieurs dizaines de milliers de nouveaux appartements à louer sur la plateforme en Île-de-France, 27 millions d'euros investis : découvrez comment Airbnb vise la première marche du podium de l’hébergement touristique pour les Jeux olympiques de Paris.

Paris, illustration. Paris, illustration.
Paris, illustration. © Getty - Peter Phipp

Avec plus de 500.000 voyageurs attendus dans "ses" logements et 130.000 hôtes en Île-de-France, la plateforme Airbnb avance des chiffres qui donnent le tournis pour les Jeux olympiques de Paris 2024. La ville de Paris, mais aussi ses voisines Montreuil, Aubervilliers, Saint-Ouen, affichent de nouveaux hébergements sur les cartes de l'application Airbnb. "Plusieurs dizaines de milliers de logements" ont été mis à disposition sur la plateforme par des Franciliens attirés par l'idée d'arrondir leurs fins de mois grâce aux JO nous a précisé Clément Eulry, le directeur d'Airbnb en France et en Belgique.

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C'est le cas de Tom (qui a souhaité rester anonyme) et de sa compagne. Le couple a mis son appartement du 13e arrondissement de Paris sur Airbnb, pour "profiter des JO pour mettre du beurre dans les épinards". Ils ont franchi le pas en mai 2023 et leur logement a été réservé dès les premiers jours pour l'été 2024. Un an plus tard, "c'est quasi complet pour toute la période des JO". Combien ça va lui rapporter ? "En tout, on va toucher 3.500 euros" explique Tom qui sera, lui, hébergé hors de Paris, chez des proches. Pour l'occasion, Tom a multiplié par trois - de 100 à 300 euros - le prix d'une nuit dans son appartement de 50m² (attention, il y a des règles très précises à respecter à Paris, si on veut convertir son logement en meublé de tourisme).

60.000 annonces à Paris

La multinationale américaine ne livre pas de détails sur le prix moyen des hébergements qu'elle propose en Île-de-France. On ignore également si tous les appartements à louer sur la plateforme trouveront réellement preneurs durant cette période des Jeux. Selon l'Observatoire des meublés de tourisme de Paris, le géant californien comptait, mi-mars, 60.000 annonces actives dans la capitale française.

Nous nous sommes connectés sur le site internet d'Airbnb ce mercredi 17 avril, à 100 jours du début des Jeux. Nous avons recherché un appartement pour deux personnes aux dates de la cérémonie d'ouverture, le 26 juillet et nous en avons trouvé plusieurs. Aux abords de l'hôtel de ville, les prix variaient de 150 à 300 euros la nuit. Après une flambée observée en 2023, ces tarifs sont proches de ceux pratiqués par l'hôtellerie traditionnelle. Quand les prix des transports en commun et des billets pour assister aux épreuves font réagir, la direction du groupe Airbnb en France se targue de "permettre aux Jeux de rester abordables".

Qu'en est-il des réservations hors Île-de-France, dans les autres régions qui accueilleront des épreuves des Jeux ? "Nous observons déjà une dynamique" à Marseille, Villeneuve-d'Ascq, Bordeaux, Nantes et Nice, indique le groupe.

Plan de Paris où s'affichent les offres d'hébergement d'Airbnb pour la période du 25 au 28 juillet ce mercredi 17 avril.
Plan de Paris où s'affichent les offres d'hébergement d'Airbnb pour la période du 25 au 28 juillet ce mercredi 17 avril. - Capture d'écran

27 millions d'euros investis pour les JO

Airbnb a annoncé il y a quelques jours un investissement de 27 millions d'euros pour renforcer son service client (2.400 agents formés pour répondre à la clientèle) et pour améliorer des services comme la vérification des annonces. Avec "cet investissement, le plus important jamais réalisé par la plateforme pour un événement", Airbnb promet également de muscler la couverture prévue par son assurance maison, Aircover. En cas de problème avec un hébergement, la société s'engage à aider son client à trouver un logement similaire, "ou nous le rembourserons".

La stratégie d'Airbnb est de capitaliser sur les Jeux, nous explique-t-on dans les bureaux de leur siège parisien. Il s'agit de progresser sur la mise aux normes des logements, notamment pour faciliter l'accès des personnes handicapées, d'encourager l'entraide entre "super hôtes" et propriétaires nouveaux venus, et de "démultiplier l'impact positif des Jeux" (Airbnb s'est par exemple engagé à verser 250.000 euros issus de ses recettes liées aux Jeux à un fonds dédié au tourisme social pour des familles de Seine-Saint-Denis).

En coulisses, rencontrer des élus locaux

Airbnb œuvre également en coulisses. En tant que partenaire officiel des Jeux olympiques et paralympiques, mais aussi du "relais de la flamme", le directeur du groupe en France a prévu de se rendre dans certaines villes étapes de la flamme olympique dès son départ de Marseille le 8 mai. Clément Eulry profitera de ces déplacements pour rencontrer des élus locaux. C'est une habitude du dirigeant depuis sa prise de fonctions en janvier 2024. Il s'agit "d'écouter les élus et de mieux comprendre leurs besoins locaux pour mieux les épauler", de "leur permettre de mettre un visage sur l'activité [du groupe]", pour "expliquer la réalité d'Airbnb en France".

Sur le compte Facebook de la maire de Biarritz, une photo de sa rencontre avec Clément Eulry, directeur France et Belgique du groupe (chemise claire à gauche).
Sur le compte Facebook de la maire de Biarritz, une photo de sa rencontre avec Clément Eulry, directeur France et Belgique du groupe (chemise claire à gauche). - Capture d'écran

Par exemple, Clément Eulry était au Pays basque le 7 avril où il a rencontré Maider Arosteguy, la maire de Biarritz. Dans ce secteur ultra-touristique, la communauté d'agglomération a pris des mesures pour équilibrer le marché depuis mars 2023. Pour la maire de Biarritz, interrogée par France Bleu Pays Basque après cette rencontre, "travailler sans les plateformes locatives paraît totalement utopique et notre intérêt est de trouver un partenariat gagnant-gagnant pour bien leur faire comprendre quels sont nos besoins".

Et la maire de Biarritz de préciser : "Ce qu'on veut, c'est maintenir une attractivité touristique, car la location saisonnière fait partie de la capacité d'hébergement. Mais notre problématique, c'est la question du logement locatif à l'année sur le marché. Bien sûr, les plateformes saisonnières, dont Airbnb, ne sont pas les seules coupables (...). Ce que je défends, c'est que je n'ai pas suffisamment de moyens pour contrôler, car aujourd'hui, un propriétaire peut se mettre 120 jours sur Airbnb et 120 autres jours sur une autre plateforme (NDLR, dans l'agglo Pays Basque, un propriétaire de résidence principale ne peut la louer en meublé touristique que 120 jours par an)."

"Machine à cash"

Au Pays basque, comme en Normandieen Bretagne ou sur la Côte d'Azur, la plateforme est souvent désignée comme l'une des responsables de la crise du logement. À Paris, le sénateur et adjoint en charge du logement à la mairie, Ian Brossat, dénonce régulièrement les meublés transformés en "machine à cash".

Ce ne sont pas des propriétaires comme Tom qui loue sa résidence principale qui posent problème, mais plutôt "la professionnalisation du phénomène" précise l'élu communiste. Pour les Jeux olympiques, la Ville a d'ailleurs renforcé l'équipe des 30 agents du Bureau de la protection des locaux d'habitation et ouvert une ligne téléphonique (01.42.79.50.40) pour soutenir et répondre aux locataires mis à la porte par des propriétaires attirés par l'effet d'aubaine des JO. À Oléron, Airbnb a été condamné ce mardi 16 avril à verser près d'1,4 million d'euros à la communauté de communes pour manquement à l'obligation de collecte de la taxe de séjour (la société se réserve le droit de faire appel de ce jugement). À Marseille, un collectif "anti-Airbnb" s'est monté pour dénoncer avec humour "les multi-propriétaires d'Airbnb".

Dans ce contexte, les Jeux ne sont pas la seule échéance de l'année pour Airbnb en France. Une loi sur le logement, dite "loi Airbnb", prévoit de durcir les règles pour les propriétaires de meublés de tourisme. Adoptée en première lecture par les députés en janvier, elle doit être examinée par les sénateurs en mai. Le texte, porté par une députée Renaissance bretonne et par un député socialiste des Pyrénées-Atlantiques, prévoit notamment une réduction des avantages fiscaux accordés aux propriétaires de meublés touristiques. Une proposition de loi transpartisane synonyme d’épine dans le pied d’Airbnb ? Le groupe dément, mais affirme dans le même temps que le texte ne résoudra pas les problèmes et que "le cadre réglementaire existant est déjà le plus avancé et le plus efficace au monde".

Ma France : Améliorer le logement des Français

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