Fermeture du pont de St-Denis-de-Pile : "Pour faire 800 mètres, on se tape 14 km de détour"

Il disparaîtra bientôt des cartes postales du pays libournais. Construit en 1941 au-dessus de la rivière l'Isle, le pont suspendu de Saint-Denis-de-Pile sera détruit d'ici à 2025 avant d'être reconstruit à l'horizon 2028. En attendant, les 3.000 véhicules qui l'empruntaient chaque jour devront faire un détour. Par un arrêté du 27 mars 2024, la préfecture de la Gironde a interdit récemment la circulation sur l'ouvrage en raison d'une fragilité structurelle. "Le mal qui le ronge, c'est la corrosion, notamment sur toutes les parties métalliques, la charpente et surtout tous les câbles qui sont particulièrement corrodés", explique Frédéric Duhart, chef de projet à la direction des infrastructures du département de la Gironde.

"C'est un crève-cœur"

"Il est magnifique ce pont! Moi, je l'ai pris en photo pour le garder en souvenir, déclare Francine, une retraitée dionysienne dont la maison offre une vue imprenable sur l'ouvrage condamné. Ça va être dommage, on va en être privés. Ça fait peur aussi. C'est vraiment gênant, j'aimais traverser le pont car il y a des promenades exceptionnelles à faire de l'autre côté. C'est dommage aussi pour les habitants qui habitent à Bonzac, ça leur fait faire un grand détour pour revenir à Saint-Denis".

De l'autre côté de l'Isle justement, sur la commune de Bonzac, Fernand habite l'une des cinq maisons du lieu-dit Les Gourdins. "La fermeture du pont nous ennuie beaucoup parce que juste pour faire 800 mètres pour aller aussi bien à la pharmacie qu'à la poste (de Saint-Denis-de-Pile), on se tape quatorze kilomètres de détour en passant par Savignac, au minimum. Et si on est obligé de passer par Guîtres, alors il faut compter quatorze aller et quatorze retour, soit le double. C'est une grosse grosse galère", confie le cheminot à la retraite.

Un pont qui s'est effondré en 1931

"C'est l'un des tout derniers ponts suspendus de la Gironde, rappelle Fabienne Fonteneau, la maire de St-Denis-de-Pile. C'est un crève-cœur de voir cet ouvrage disparaître de notre paysage." Rappelant la Le pont suspendu fait partie intégrante de l'histoire de St-Denis-de-Pile. Une histoire tragique, raconte l'élue également vice-présidente de la Communauté d'agglomération du Libournais (Cali).

"C'est un peu le Titanic. C'est un pont qui s'est effondré en 1931. A l'époque, l'ingénieur en charge des travaux avait voulu aller jusqu'au maximum de ce que pouvait supporter l'ouvrage." Des camions chargés de graviers avaient été stationnés sur son tablier. "Mais le pont a lâché en emportant des Dionysiens qui avaient participé au test. Il y a eu 13 morts dans ce drame dont on a parlé jusqu'au Japon. Alors c'est justement pour éviter la malédiction que le pont est fermé à ce jour. On va prendre notre mal en patience et s'organiser, se serrer les coudes, mais en tout état de cause, on ne peut prendre aucun risque", affirme Fabienne Fonteneau.