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Et si la chicorée était la nouvelle boisson tendance?

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La chicorée fait-elle son retour en grâce? Une nouvelle marque vient en tout cas d'être lancée, et des agriculteurs du Nord-Pas-de-Calais se remettent à cultiver cette racine cultivée exclusivement dans la région.

La marque Cherico a été lancée en 2023 par deux entrepreneurs qui veulent faire de la chicorée une boisson tendance La marque Cherico a été lancée en 2023 par deux entrepreneurs qui veulent faire de la chicorée une boisson tendance
La marque Cherico a été lancée en 2023 par deux entrepreneurs qui veulent faire de la chicorée une boisson tendance - © Cherico

"Cherico", c'est le nom d'une nouvelle marque de chicorée bio lancée il y a quelques mois par deux entrepreneurs parisiens, loin d'être des débutants puisqu'ils ont au préalable lancé la bière Gallia qu'ils ont ensuite revendue à Heineken. Après la bière, ils ont donc décidé de se lancer dans la chicorée qu'ils tiennent pour une boisson d'avenir: elle est bonne pour la santé, sans caféine, et bien plus écologique que le café!

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La chicorée, plus écologique que le café

Guillaume Roy, l'un des co-fondateurs de Cherico rappelle que " le café est un produit parfois issu de la déforestation, qui nécessite beaucoup d'irrigation et d'intrants chimiques, dans des régions où la consommation augmente et où le changement climatique actuel a des impacts sur le rendement des récoltes."  Il estime qu'il sera nécessaire à l'avenir de réduire notre consommation de café, et la chicorée trouve là toute sa place : " Si une personne boit trois ou quatre cafés par jour, eh bien peut-être qu'en remplacer un ou deux par de la chicorée, ça serait bon pour sa santé et ce serait meilleur pour tout le monde!"

Selon les chiffres de l'Ademe, la chicorée est effectivement beaucoup plus écologique que le café, puisque l'empreinte carbone d'une tasse de café est de 10 grammes de CO2 par tasse, alors qu'elle est de 49 grammes pour une tasse de café. Et puis il faut rappeler que la chicorée est un produit 100% local! La France est le premier producteur mondial, avec 250 planteurs situés dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme.

Des agriculteurs qui avaient abandonné la culture de la chicorée y reviennent

Alors que l'on comptait il y a une trentaine d'années encore 650 planteurs de chicorée, ils ne sont plus que 250 aujourd'hui, soit un total de 2.000 hectares cultivés. Mais des agriculteurs qui avaient abandonné cette culture commencent à s'y remettre. C'est le cas d'Olivier Masse, agriculteur à Orchies, au sud de Lille. " J'avais arrêté il y a 20 ans pour une question de rentabilité. On nous payait 40€ la tonne, alors qu'aujourd'hui on est revenu à 100€. Donc la culture redevient rentable", explique Olivier Masse qui a donc semé 5 hectares de chicorée, avec une récolte attendue pour le mois d'octobre.

Olivier Masse, agriculteur à Orchies, vient de semer des graines de chicorée dont il avait arrêté la culture il y a 20 ans
Olivier Masse, agriculteur à Orchies, vient de semer des graines de chicorée dont il avait arrêté la culture il y a 20 ans © Radio France - Odile Senellart

Mais au-delà de l'argument économique, il reconnaît qu'il y a également une dimension presque sentimentale dans le fait de cultiver de nouveau de la chicorée, alors que sa parcelle se trouve à Orchies même, toute proche de l'usine de La Chicorée Leroux! Olivier Masse fait donc ce choix en connaissance de cause, puisqu'il sait que la culture de la chicorée est délicate et qu'elle exige beaucoup de travail, plus par exemple que la culture de la betterave.

L'avenir de la chicorée menacé par l'interdiction d'un herbicide?

Mais ce regain de popularité et d'intérêt pour la chicorée pourrait être stoppé net par l'interdiction du Bonalan, puisque cet herbicide sera interdit à partir du 12 mai 2024, autrement dit demain! Cet herbicide se met dans la terre avant de faire les semis. Pour pouvoir en bénéficier cette année encore, les producteurs doivent donc faire vite. A la date du 26 avril, 60% des planteurs ont déjà semé. Les 40% restants n'ont plus que quelques jours.

Yannick Delourme, responsable du service agronomique de l'Interprofession de la chicorée
Yannick Delourme, responsable du service agronomique de l'Interprofession de la chicorée © Radio France - Odile Senellart

Pour Yannick Delourme, responsable du service agronomique de l'Interprofession de la chicorée, cet herbicide est pourtant nécessaire aux agriculteurs: "Nous avons une mauvaise herbe qui se développe dans la culture de la chicorée, elle nuit à la culture puisqu'elle prend des éléments nutritifs dont la chicorée a besoin." Il y a donc une concurrence entre la chicorée et cette mauvaise herbe, avec à la clef, une baisse de rendement importante. Et puis la présence de cette mauvaise herbe va ensuite poser problème au niveau industriel. Si l'agriculteur doit enlever lui-même cette mauvaise herbe, cela revient à 300 heures de travail pour un hectare. Et si le planteur ne peut pas enlever la mauvaise herbe et qu'elle part à l'usine avec la chicorée, cela pose d'autres problèmes: "A l'usine, on déshydrate la chicorée, on enlève 75% de son eau. Cette mauvaise herbe va aussi rentrer dans les fours et elle pourrait donc provoquer un feu dans les fours, ce qui est un gros problème pour l'industriel".

La filière se bat donc pour obtenir des dérogations, le temps de trouver des alternatives aussi efficaces qui permettent à la chicorée de poursuivre son grand retour.

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